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Écrire un journal en classe enfantine

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Juin 2011
 
Le Journal de la classe est écrit chaque fois qu'un fait exceptionnel marque la journée. Il est l'occasion de reparler du vécu de la journée, de choisir un événement, de l'exprimer, de l'écrire, puis de le communiquer aux autres, à vous en 1'occurence. Les enfants prennent ainsi conscience du fait que l'écrit a une utilité. L'affichage du menu a le même objectif : vous informer tout en montrant aux enfants que l'écrit a un sens. Alors lisez-le, reparlez-en avec eux, vous contribuerez ainsi à cette action sur la lecture."
 
Vous venez de lire la page d'introduction de notre journal, destinée aux parents.
.........................                                                              CLA UDINE ANSELME ...........
La naissance de notre journal est né de la concordance de plusieurs événements m'ayant marquée cette année-là :
- la revendication de certains parents que leurs enfants connaissent leur alphabet à la Toussaint en grande section de maternelle (heureusement très minoritaire, mais non moins violente et convaincue de son bon droit en matière d'apprentissage de la lecture !),
- un stage de circonscription sur la lecture au cours duquel j'ai pu assister à plein d'approches diverses sur la lecture dans des classes maternelles ou des CP, et notamment à une séance "journal"; les enfants racontaient le fait marquant de la journée, puis les journaux affiches s'entassaient les uns sur les autres, ne sortaient pas de la classe. Support et acte intéressants, mais acte gratuit, pour qui ? Pour quoi ?
L'aspect communication gommé, il ne reste du journal qu'un exercice de plus comme l'école sait tant en produire !
Je reviens donc en classe avec quelques idées sur la question :
- la lecture, ce n'est pas du B-A BA...mais je le savais déjà.
- la lecture comme outil de communication, ça doit pouvoir se faire en maternelle.
- il faut un journal vite rédigé, vite lu, facilement transportable.
- je vais tenter d'établir un type de relations avec les parents qui leur permette d'avoir un autre regard sur le rôle de l'école dans l'apprentissage de la lecture. De plus, il y a une demande : "mon fils, ma fille, ne me raconte rien..."
Chaque jour ou presque, on se regroupe autour du tableau après la récré de l'après-midi.
C'est le rituel : on sort une feuille "ordinateur", on la fixe dans le sens de la longueur, on prend les stylos feutres, noir pour la date, bleu pour le texte, rouge pour les majuscules et la ponctuation (les fameux repères), et on commence :
- la date : c'est l'occasion de regarder tous ensemble nos calendriers, de faire des remarques diverses (l'anniversaire d'un tel, on a changé d'année, pas d'école demain etc...). Les grands font seuls ce travail le matin, alors là ils animent, et moi j'écris.
Au fait,
-   "comment on écrit aujourd 'hui ? "
On choisit : en accroché, en décroché, en lettres de la machine à écrire... Puis vient l'entretien. Souvent, on a envie de raconter ce qu'on vient de vivre en récré :
"on a joué au loup" ou ce qui a touché un enfant :"je suis tombé"
La règle du jeu, c'est de raconter l'événement marquant, exceptionnel. Marquant pour la classe. Ce qui a marqué un enfant est exprimé, écouté, voire écrit sur le cahier individuel si le besoin s'en fait sentir.
Pris au hasard, voici quelques textes. En principe, on se limite à une ou deux phrases.
"Aujourd'hui, c'est mardi-gras. On a fait des masques et des gaufres."
"Noël, c'est dans 17 jours. Des enfants ont téléphoné eu père-Noël."
 "Une bête a piqué Gaëlle."
"On est allé chercher des fleurs, des branches et des escargots au bois."
 "Un maître va venir samedi matin."
"On est rentré dans la classe à cause, de la pluie et du vent."
"On a fabriqué des maisons pour les oiseaux." ....... etc...
 
On choisit, j'écris.
C'est l'occasion de parler de la phrase, des majuscules, des points. On met ces repères en rouge.
Beaucoup de remarques spontanées fusent ensuite de tous les côtés :
"Ça, c'est dans mon nom",
ou bien "là, ça commence comme papa",
 - "là et là, c'est pareil"...
On n'exploite pas, je laisse dire, c'est tout pour l'instant. Mais on pourrait envisager de garder une mémoire de tout ça et de le retravailler plus tard. Des enfants volontaires illustrent ensuite la page qui sera affichée dans l'entrée, à côté du menu du goûter et d'autres écrits ou affiches diverses.
Le jour suivant, la page est remplacée par une autre et collée dans un grand cahier (spécial maternelle).
Celui-ci est emporté à la maison au même titre que les cassettes, les revues ou les livres de la bibliothèque de la classe.
Quelquefois, on le relit. Tous ensemble au en petit groupe ; il est rangé dans le coin lecture. J'ai été surprise de constater la bonne mémoire des enfants tous âges confondus à ce sujet.
Cette pratique du journal rencontre un réel succès. Elle a le mérite d'être opérationnelle immédiatement, sans mettre en jeu de lourdeurs technique au matérielle. Bien sûr, le produit fini n'est pas un produit esthétique, il a surtout valeur de communication. De plus, en maternelle, il est difficile de produire du différé sur les événements vécus. Certains ont déjà du mal à appréhender la journée entière lors de l'entretien... Alors pensez !
Chaque fois que j'ai cherché à produire un journal à la fois beau et élaboré en maternelle, sa réalisation a reposé essentiellement sur moi et j'ai eu l'impression que son intérêt se perdait au fil des jours.
N'empêche que celui-là, on s'applique à l'écrire, à l'illustrer, mais on s'en tient là.
Quelquefois, on colle des photos et on raconte en écrivant la légende (notre visite aux corres. par exemple), on leur prête le journal pour qu'ils voient les photos et j'emporte moi aussi le journal quand je pars en stage pour le monter à "d'autres maîtres et d'autres maîtresses".
L'intérêt est que ça bouge, ça vive et qu'on en parle.
Les parents jouent le jeu eux aussi en arrivant à 16h20, quelques commentaires par-ci par-là, des demandes de précisions aux enfants ou à moi, la dame qui ne travaille avec nous que le matin apprend souvent de choses par le journal affiché...