Raccourci vers le contenu principal de la page

200 auteurs...

Dans :  Français › Principes pédagogiques › Principes pédagogiques › 
Juin 2011

 

 ou plus, ...ou moins.... qu' importe à vrai dire l'arithmétique quand un lycée entier -et bon nombre d'autres personnes- s'est impliqué dans un projet d'écriture de longue durée.
 
Comment ça a commencé? tout à fait par hasard, une rencontre du Sud-Ouest, un copain du chantier BTJ qui, sachant que j'enseignais dans un établissement à vocation (entre autres) climatique, m'a demandé quelques témoignages d'élèves pour un futur numéro.
Que s'est-il passé? à la rentrée je parle de cette demande à des élèves asthmatiques, quelques collègues, l'administration de l'établissement ; un petit coup d'enthousiasme, un PAE, puis un autre avec intervention de multiples partenaires....
Ce que ça a donné? un reportage BT2
Qui sont donc nos 200 auteurs? D'abord, et pour tout le travail de base, une classe de 5° formée d'enfants du secteur de recrutement et d'asthmatiques, a eu l'idée de ne pas limiter l'action à ce que quelques uns pouvaient écrire sur leur maladie mais de se lancer dans une enquête de grande envergure sur les enfants asthmatiques,
à eux :
- la rédaction des questions,
- la réalisation de l'enquête, (Sur une période de stage de plusieurs enseignants, ils ont géré eux-mêmes les "convocations" et les normes de réponse de tous les climatiques de l'établissement, de la 6° à la Terminale)
 
Récapitulons déjà : la classe qui a rédigé le questionnaire, 110 (environ) climatiques qui ont répondu aux questions, parfois délicates, on approche déjà la barre des 200,  quelques adultes ont aidé en favorisant les initiatives des enfants, mais aucun n'a encore écrit.
En fin d'année a lieu un premier dépouillement par la classe, ce sera un semi-échec : les réponses ouvertes, au vocabulaire varié et souvent imagé posent à ces jeunes des problèmes insolubles de classement et synthèse . On en reste là, avec comme bilan : une montagne d'écrits d'enfants ....... qui ne vont pas finir aux oubliettes car le projet repart l’année suivante sur d’autres bases. La classe d'origine a éclaté, mais le projet BT2 est maintenant fermement ancré et le "noyau adulte" de la première heure va s'étoffer : le dépouillement, repris à zéro par une équipe réduite, révèle la richesse du matériau brut. Questions et réponses touchent des problèmes fondamentaux de l'asthme et du climatisme (au moment où ils s'inscrivent dans une réflexion d'actualité) et le nombre comme l'éventail des âges donnent du poids à l'étude en cours. Les intérêts, contacts et apports adultes se multiplient, et le plus important reste que, pour la deuxième année, les jeunes prennent la plume.
 
Sous quelle forme? tous souhaitent un projet fédérateur, on ne va pas recommencer une enquête, décision est donc prise de travailler sur une œuvre littéraire posant le problème de la crise d’asthme sous une forme symbolique : La Vénus d’Ille de MÉRIMÉE.
Trois classes de 4° participeront à l’opération, toutes trois intégrant des élèves asthmatiques et du secteur (ou pour la mienne, asthmatiques, sportifs et DEUX élèves du secteur). Lecture de la nouvelle, recherche sur l’auteur, une fois dans l’ambiance les groupes se spécialisent. Les deux classes de ma collègue se lancent dans la création de bandes dessinées, mes élèves vont réagir par écrit. Toutes le possibilités sont ouvertes, réflexion générale sur l’asthme, jugement sur la nouvelle, plongée dans la crise réelle… Outre la richesse des productions dans les trois classes (qui a posé bien des problèmes quand il a fallu envisager les contraintes de l’édition), il se produit un phénomène curieux au premier abord.
 
À aucun moment encore, nous n’avions eu de témoignages sur le vécu de la crise. Les enfants semblent incapables de s’exprimer directement à ce sujet. Mais, sous le couvert de la fiction (la lutte entre Alphonse et la statue) les textes furent relativement nombreux …. Et nous révélèrent quelques surprises:
        D’auteurs, puisqu’ils se révélèrent composés aussi bien par des asthmatiques que par des sportifs.
        De contenu car, lors de l’étape de mise en commun des travaux, les débats ont été particulièrement chauds. Les asthmatiques ne se reconnaissaient pas du tout dans les descriptions de leurs camarades, et les seuls textes qui firent l’unanimité « une crise, c’est bien ça » furent ceux des non-asthmatiques !
 
Parallèlement, nous avions continué le travail technique avec l’aide de divers partenaires, et la troisième année voit s’engager la phase finale avec trois équipes d’élèves aidées et encadrées par des adultes. L’une de jeunes (6° et 5°) se consacre au traitement des chiffres et élabore les graphiques sur les ordinateurs de l’établissement. L’autre, formée d’une dizaine d’élèves de Second Cycle, se lance dans la mise au point définitive du texte : relecture, choix, réécriture de certains passages. La dernière (encore des jeunes) travaille à l’illustration : photos, dessins, projet de couverture qu’un adulte réalisera selon leurs idées.
 
J’ai du mal à faire le compte, et si vous lisez cette BT2, pensez que, jeunes et adultes, ce n’est pas moins de 300 personnes qui y ont participé!!!
Marjolaine Billebault