Avril 1945
■ Fidèles à notre ligne de conduite, nous n'attaquerons pas ici la discussion théorique de l'éducation que nous voulons réaliser. Non pas qu'elle soit inutile ; loin de là. Et nous y avons consacré des livres, que nous espérons publier bientôt, qui éclaireront les bonnes volontés et les aideront à marcher avec plus de décision et de confiance dans la Voie où nous nous sommes engagés.
Mais il faut parer au plus pressé : le papier est rare, le temps ou la patience des lecteurs mesurés ; une école a bien fait définitivement faillite, et pourtant, si l'on veut vivre, si l'on veut se relever et restaurer la France accablée, il faudra bien trouver mieux, découvrir les vraies lignes de force à mettre en valeur, bâtir sur des bases nouvelles adaptées à nos besoins l'école qui mobilisera enfin, à 100 %, toutes les jeunes énergies, qui stimulera les enthousiasmes, qui épanouira les génies, qui formera enfin, comme il se doit l'homme et le citoyen.
Pour cela, nous l'avons dit, mais on ne le répétera jamais assez, la théorie ne saurait suffire. Lorsqu'on trace les grandes voies qui sillonnent le pays dont elles sont les vivifiantes artères, on ne discute pas à perte de vue, à tous les échelons, des tracés et des profils. Les plans sont établis, les projets mis à pied d'œuvre en profitant de toutes les techniques qui peuvent en faciliter et en parfaire la réalisation. Et tout le monde se met au travail.
Il en est ainsi pour notre école. La période d'étude des plans et des projets semble à peu près terminée. Les éducateurs sont unanimes sur la valeur des tracés et la qualité des méthodes de travail à utiliser. Il faut maintenant réaliser.
Mais il nous faut faire aussi comme les grands entrepreneurs : nous n'allons pas attaquer les travaux avec un outil rudimentaire. il nous faut d'abord mettre en place et le matériel mécanique et le matériel humain spécialisé. Quand cette mise en place sera achevée l'œuvre sera très vite réalisée.
Cette mise en place, pour nous, c'est :
— Un plan général d'équipement scolaire, réparti sur 5 ou 10 ans par exemple et comportant :
- la construction-des locaux nécessaires au travail nouveau ;
- la modernisation du matériel : meubles, outils de travail, livres, etc...
— Un plan général de formation des maîtres .pour les rendre efficients dans le travail nouveau :
- formation des jeunes maîtres ;
- rééducation dans des cours ou des stages des éducateurs en exercice.
— La réadaptation de la structure même de l'Ecole.
Une large part de la besogne ainsi tracée dépasse nos possibilités. C'est l'Etat lui-même, ce sont les collectivités qui doivent prévoir largement les dépenses et commencer hardiment les travaux.
C'est justement le rôle, dira-t-on, de la Commission de Réforme de l'Enseignement présidée par notre ami le Prof. Langevin, Oui. Mais nous craignons que cette commission ne voie pas suffisamment le problème dans toute sa complexité sociale, qu'elle se cantonne trop dans les points de vue professionnels et pédagogiques, sans une suffisante intégration de ses projets aux grandes entreprises de restauration de la France. Pour mieux exprimer notre pensée, il nous semble que cette commission, trop exclusivement composée d'intellectuels, ne voit que le côté intellectuel de la réforme sans en considérer les assises profondes qui sont ce que nous avons appelé le matérialisme pédagogique. Et la preuve en serait qu'on n'a point pensé à appeler à cette commission un représentant de cette coopérative de l'Enseignement Laïc dont tous les éducateurs s'accordent aujourd'hui à vanter les réalisations. Nous ne sommes certes pas assez intellectuels ; nous sommes trop primaires ; nous ne savons pas être d'accord avec tout le monde parce que nous n'avons cessé d'affirmer hautement ce que nous croyons juste.
Eh bien! Cette action qu'on ne nous a pas donné l'occasion de mener au sein de la Commission, nous la mènerons encore une fois de l'extérieur: nous mettons en garde nos camarades contre le verbalisme, même lorsqu'il est un verbalisme d'éducation nouvelle, et nous les appelons à réclamer partout les réformes pratiques, financières, économiques et sociales sans lesquelles les paroles les plus généreuses restent des paroles et sont, -de ce fait, presque des mensonges.
Nous détaillerons, dans un prochain n" notre Plan de restauration éducative dont nous venons seulement de tracer un rapide schéma.
NOTRE REVUE
Pratiquement, notre revue pédagogique est l'instrument essentiel de notre travail commun. Dans l'impossibilité où nous sommes de nous réunir plus d'une fois l'an, nous sommes contraints d'avoir recours presque exclusivement à la correspondance et aux publications.
De ce fait notre revue est essentiellement différente des autres revues pédagogiques. L'Educateur n'est point un journal scolaire. Il ne vous apporte pas, toutes les semaines ou tous les quinze jours, les directives de travail pour les semaines qui viennent. Car notre travail, dans nos classes, ne vient pas de Paris ; il monte de la vie des enfants eux-mêmes, il est l'expression du milieu, La route est tracée, mais les pierres du ballast, ni les bois, ne sont importés de Paris ; ils sont pris sur place, et c'est ce qui donne à notre tronçon de route un aspect malgré tout original, parmi les frondaisons et les verdures que nous avons su ménager et respecter.
Nous ne vous apportons donc pas, au jour le jour, la matière trop mâchée de votre préparation de classe, mais nous vous aidons à acquérir et à vous procurer le matériel, à organiser le travail de vos élèves de telle sorte que, sans fatigue supplémentaire, avec un rendement accru, vous puissiez faire votre classe dans la joie et l'enthousiasme.
La formule de notre revue c'est celle de l'école rénovée. Se joindront à nous tous ceux qui comprennent enfin ce que leur apportent nos réalisations et qui préfèrent l'activité vivante à l'amollissante et à la désespérante routine.
Et cette revue L'Educateur n'est point rédigée par des collaborateurs spéciaux, si bien choisis et si bien rémunérés seraient-ils. Notre revue est un instrument de travail commun ; chacun y participe selon ses aptitudes et ses possibilités. Là aussi, comme dans notre école, c'est d'en bas, c'est des éducateurs eux-mêmes, c'est de leurs besoins, de leurs difficultés, de leurs recherches et de leurs réalisations que s'élève ce bouquet de bonnes volontés qu'est l'Educateur.
Nous voudrions justement, dès octobre, faire de cette revue un véritable instrument de travail, distribué toutes les semaines si possible et apportant aux éducateurs indications techniques et technologiques, tour de mains, réalisations, comptes-rendus d'expériences et de réalisations individuelles ou par équipes, documents aussi, et notamment ces fiches dont nous reprendrons sans tarder la publication parce qu'elles sont caractéristiques du matériel moderne dont nous devons meubler notre école.
Faites donc campagne pour l'Educateur, trouvez-lui des abonnés en masse. Ce n'est que si nous sommes nombreux que nous pouvons réaliser pratiquement à une grande échelle. Il n'y a pas de raison que nous ne puissions grouper en octobre, autour de notre revue, les dizaines de milliers d'éducateurs qui assureront son succès.
Nous avons demandé Educateur ou Educateur Prolétarien.
Les camarades qui plaident avec le plus de chaleur pour l'Educateur Prolétarien le font en souvenir d'un passé qui leur reste cher. L'E. P. c'est comme notre drapeau des temps héroïques, et on n'abandonne jamais volontiers un drapeau.
Hélas ! Les événements de ces dernières années nous ont appris à nous séparer ainsi, parfois bien brutalement des objets, des travaux, des meubles, des maisons, des lieux qui nous étaient chers. Nous étions riches pourtant lorsque nous restait cette flamme intérieure qui illumine nos vies et nous permet d'aller toujours de l'avant, vers l'avenir.
Reconnaissons-le : l'Educateur Prolétarien est ainsi le symbole d'un passé que ¡nous ne renions pas, certes, mais que nous croyons aujourd'hui dépassé. Nous avons travaillé à quelques-uns, au temps où le danger éloignait de nous les timides et les conformistes. Aujourd'hui nos méthodes, nos techniques ont la prétention d'atteindre, d'influencer et de mobiliser la grande masse des éducateurs. Nous n'allons pas agiter inutilement devant eux un drapeau particulariste, même s'il nous est cher. L'Educateur remplacera définitivement l'Educateur Prolétarien. Nous n'avons pas besoin de ce drapeau d'ailleurs pour nous retrouver, nous reconnaître et nous réunir, n'est-ce pas, tous les compagnons de la C.E.L., tous les bons ouvriers de la C.E.L. ?
■ Notre collaboration avec les autres Mouvements Pédagogiques
Nous ne l'avons jamais marchandée et la marchanderons encore moins à l'avenir. Nous pensons notamment aux deux courants essentiels : L'Action pédagogique des Syndicats, d'une part. Notre œuvre est née au sein des syndicats ; les meilleurs de nos adhérents ont, ou ont eu des postes de responsables de syndicats ; toutes nos réunions, conférences et expositions ont toujours été organisées en accord avec les syndicats et bien souvent par leur commission pédagogique. Il n'est donc pas même question de parler de collaboration avec les syndicats. C'est d'intégration qu'il faudrait parler.
Nous sommes un groupe de travail, qui n'est pas lié organiquement à l'activité syndicale mais qui vit avec elle et par elle, comme ces coopératives qui sont légalement indépendantes mais ne subsistent que dans la sympathique atmosphère des organisations syndicales.
Cette intégration — non formelle — nous tâcherons de la rendre la plus totale possible.
L'autre mouvement qui nous touche de très près c’est le Groupe Français d'Education Nouvelle, qui nous double pour ainsi dire sur un plan un peu plus intellectuel.
Des groupes d'éducation nouvelle se constituent dans le département. Nous encourageons et nous aidons à leur naissance. Ils sont aussi bien de chez nous que du G.F.E.N.
Et cela nous pousse à envisager justement une meilleure coordination de nos efforts d'éducation nouvelle. Diverses organisations existent en France, travaillant chacune sur un plan spécial qui répond à des tendances que nous ne saurions méconnaître. Chacune de ces tendances doit se développer et s'épanouir au maximum. Il y a vraiment du travail pour tous. Mais au lieu de nous concurrencer plus ou moins, n'avons- nous pas tout avantage à coordonner nos efforts ?
L'idée que nous avons lancée d'une Union pédagogique organisant et dirigeant cette coordination est maintenant acceptée par tous. Nous allons la rendre effective dans les mois qui viennent.
La Gerbe et Enfantines
Et maintenant, encore quelques projets — ce ne sont jamais les projets qui manquent chez nous, mais on nous rendra cette justice que nous savons parfois les mener à bien.
Il ne s'agit d'ailleurs pas de projets nouveaux. Notre collection Enfantines sera naturellement continuée. Elle comporte pour l'instant plus de cent brochures qui vont être remises en vente en octobre et qui constituent un témoignage unique au monde. L'enquête que nous menons actuellement : Notre époque vue et jugée par les enfants nous donnera la matière des premiers opuscules à paraître, et qui ne manqueront pas d'émouvante originalité.
Devons-nous ressusciter La Gerbe ? Tout le monde le désire, car chacun garde le souvenir de ce que fût notre Gerbe au cours des années qui ont précédé la guerre. Il suffirait d'une amélioration technique, notamment au point de vue illustration, pour faire de cette Gerbe le vrai journal d'enfants qu'attendent parents et éducateurs. Nous avons suffisamment de bases solides dans des milliers d'écoles pour réussir aujourd'hui.
II faut des fonds. Par l'importance de vos souscriptions en cours, nous saurons déjà si vous voulez que le C.E.L. entreprenne de grandes choses. Si oui, nous entreprendrons sans tarder des pourparlers avec toutes les organisations s'intéressant à la question du journal d'enfants afin de sortir sans retard un journal d'enfants digne de notre idéal.
Qu'en pensez-vous ?
Nous devons arrêter ici cette conversation avec nos adhérents, conversation qui n'est point monologue mais qui est l'expression des préoccupations dominantes des éducateurs de notre groupe, telles qu'elles se manifestent dans les milliers de lettres que nous recevons.
En effet, Freinet n'est ni le directeur d'une revue, ni le président ou le secrétaire général d'une association. Il n'a aucun titre, il est Freinet ; celui qui est au milieu de vous, avec vous, avec vos soucis, vos préoccupations, votre idéal, et qui dit ce que vous pensez, qui réalise ce que vous voulez réaliser. Sa force, c'est la cohésion qu'il a su réaliser et la conscience que vous avez que lorsqu'il parle, lorsqu'il écrit, lorsqu'il réalise, c'est chacun d'entre vous, et vous tous, qui écrivez, qui parlez et réalisez.
Même si cela ne plaît pas à tout le monde...
C. FREINET.
P.-S. — Dès octobre les équipes de travail fonctionneront normalement. Nous procédons d'ores et déjà au regroupement des bonnes volontés.
LA C.E.L. ET LES OEUVRES----------------
-------------- POST-SCOLAIRES-----------
Inutile de dire que la C.E.L. s'intéresse à toutes les formes d'éducation et tout particulièrement au mouvement des A.J. dont elle souhaite une reprise puissante et au Mouvement des Francs et Franches Camarades qui démarre sérieusement un peu partout, avec ses instituteurs détachés et ses stages. Les camarades qui s'intéressent aux F.F.C. sont priés de demander tous renseignements à notre camarade P. VIGUEUR, 80, rue Chaussée d'Autun, Paris (IXe).
DES NOUVELLES DE NOTRE-------------- j
FAMILLE C.E.L.--------------------------------- •
■ALGERIE. — Le Groupe Algérien d'Education Nouvelle a enfin redécouvert la C.E.L., mais aucun des principaux dirigeants n'a encore repris le contact avec notre centre. C'est regrettable. Il ne s'agit pas actuellement de bouderie formaliste mais de travail. Nous attendons mieux de nos camarades algériens.
Par contre le Groupe Constantinois démarre merveilleusement avec notre ami Sebbah. Plusieurs journaux d'enfants nous parviennent et les échanges sont organisés.
NIEVRE. Tristes nouvelles de la Nièvre : nos amis Save et Gaugey, deux de nos plus dévoués adhérents ont été tués.
CALVADOS. — Nous commençons à avoir des nouvelles de ce département qui est sans nul doute un des plus éprouvés. M. et Mme Levesque J.P., malades, ont dû prendre leur retraite. C'est notre camarade Pontais, de Dives-sur-Mer, qui nous donne de leurs nouvelles. Notre ami Chaussat, de Le Molay, fabricant du Jacaramain, est vivant mais son installation a été sinistrée et il ne sait pas quand il pourra reprendre la livraison de son matériel. Nous informerons les camarades dès que pourra être livré à nouveau le Jacaramain.
CORRESPONDANCES--------------------- —
INTERSCOLAIRES-----------------------------
Nous avons établi à ce jour environ cent correspondances. Des équipes de six ont été établies. Les bénéficiaires du service nous disent déjà leur satisfaction.
D'autres demandes de correspondances nous arrivent tous les jours. Nous les satisferons dès que possible.
Remplissez et retournez à Freinet, Préfecture de Gaj), avec enveloppe timbrée, le questionnaire ci-dessous :
Nom de l'instituteur ................................
Adresse .....................................................
Degré de la classe ....................................
Garçons . . Filles ... Géminées …
Notre d'élèves ..........................................
Votre région est-elle économiquement excédentaire f
Préférences pour la région, la ville ou l'école
(Prière de joindre une enveloppe timbrée à votre réponse.)
POUR LE DEMARRAGE----------------------
DE LA C.E.L.-------------------------------------
Notre appel a été entendu et les souscriptions commencent à nous parvenir, retardées il est vrai par les lenteurs du service postal. On nous fait remarquer que nous avons eu tort d'indiquer des actions de 25 francs parce qu'on verse quatre actions qui font 100 francs et on a conscience d'avoir fait un effort. Et l'on sait ce que valent 100 francs aujourd'hui.
Nous nous permettons d'insister. Légalement, les actions sont encore de 25 francs comme il y a quinze ans quand nous fondions la C.E.L.
Si l'on veut que la Coopé ait des possibilités, c'est par centaines de francs qu'il faut souscrire. C'est en somme pour vous que vous souscrivez. La C.E. L. vous donnera dans la mesure où vous lui aurez donné.
Si vous voulez :
— du bon matériel en octobre,
— l'édition nouvelle des brochures et livres indispensables,
— une revue pédagogique vraiment utile, copieuse et nourrie,
— un journal d'enfants digne de votre idéal,
— une organisation impeccable denos services, donnez-nous les fonds nécessaires. Faites souscrire autour de vous. Le moment est favorable et nous pouvons faire de grandes choses.
LE NARDIGRAPHE------------------------- —
Il ne nous est pas possible actuellement de livrer ni imprimerie ni mimographe.
Le seul appareil polygraphique actuellement en vente dans le commerce est le Nardigraphe, appareil de reproduction par vitre magique.
Cet appareil donne des résultats parfaits lorsqu'il est bien manœuvré et permet la reproduction à un nombre indéfini des textes manuscrits ou dactylographiés et surtout des dessins. Il peut être utilisé pour le tirage d'un journal scolaire. Mais la manœuvre ne peut être assurée par des enfants. Elle nécessite un soin particulier qui fait que nous ne recommandons l'emploi de cet appareil qu'aux camarades habiles.
Prix : 1.500 francs environ, absolument prêt à fonctionner.
REMISE EN MARCHE DE LA---------------
COOPERATIVE -----------------------------
DE L'ENSEIGNEMENT LAÏC ---------------
Etant donné la proximité des vacances et les difficultés jusqu'à ce jour de toutes opérations commerciales, par suite aussi de l'entassement du matériel restant, nous avons dû surseoir à toutes livraisons.
Mais nous assurons d'ores et déjà nos adhérents que nous pourrons leur livrer en octobre prochain :
a) Sûrement : toutes éditions de la C.E.L., fichiers compris,
b) Très probablement : tout le matériel d'imprimerie à l'Ecole et accessoires (sauf retard pour quelques pièces).
Les camarades peuvent nous passer des commandes qui seront servies dans l'ordre d'arrivée. Pour les prix, compter environ le triple.
Il nous sera peut-être difficile de livrer ides caractères d'imprimerie, à moins que nous puissions fournir du vieux plomb. Anciens imprimeurs, recueillez donc soigneusement les vieux plombs. Nous vous donnerons en temps voulu toutes explications pour l'expédition.
GROUPE D'EDUCATION NOUVELLE D'EURE-ET-LOIR —
Il s'est également reconstitué et a repris son activité.
Nous demandons à tous nos camarades de constituer leurs groupes départementaux et d'entrer en relations tout à la fois avec le G.F.E.N. et avec la C.E.L.
NOS CONFERENCES-------------------------
Le Comité National Universitaire de la Maison de la Pensée Française et le groupe syndical de l'Ecole Nouvelle avaient organisé, à Lyon, le 24 avril dernier, une grande journée pédagogique qui a obtenu le plus total succès.
Cette journée, placée sous la présidence de M. le Recteur et de M. l'Inspecteur d'Académie, - et pour laquelle une journée spéciale de congé avait été accordée, avait réuni 2.000 auditeurs — tout le personnel du Rhône sans doute.
La nouveauté : c'est. l'enthousiasme, la curiosité, le désir de sortir du marasme où les tiennent des conditions de travail regrettables, qui animaient cette foule d'éducateurs prêts à réaliser quelque chose de neuf et de grand pour peu qu'on les y aide.
Notre ami Roger, du Nord, a parlé le matin et Freinet l'après-midi. Ils ont eu tous deux un total succès. Mme Defaisse a fait aussi une conférence très appréciée sur l'EcoIe maternelle.
A la sortie, notre stand a été envahi, nos éditions (l'Ecole Moderne Française venait de sortir) enlevées. Nous avons fait des projets, reçu des offres de collaboration et d'appui.
Bravo, camarades lyonnais ! Vous nous encouragez.
Nous recommandons, dans tous les départements, la tenue de journées semblables qui relèvent le tonus de notre enseignement et nous aident à aller de l'avant...
GROUPE'D'EDUCATION NOUVELLE
Le Groupe d'Education Nouvelle de l'Allier s'est reconstitué le mercredi 21 mars, à Vichy.
Trois cent cinquante institutrices et instituteurs de la circonscription de Gannat et Vichy avaient répondu à l'appel de Mme Freydeire, qui fut l'animatrice dévouée du Groupe avant 1939 et de M. Poiritud, inspecteur primaire.
Murât, qui fut avec Chery, Bertoix Guet, Mlle Bénit, etc., un des promoteurs du Mouvement d'Education Nouvelle dans l'Allier, fit l'historique du Groupe. Il demande d'associer nos pensées à la mémoire de notre camarade Beauregard, secrétaire du Groupe, Mort pour la France.
Mme Freydeire, dans une causerie riche d'enseignement, montre les bienfaits des méthodes d'éducation nouvelle.
Michon donna quelques renseignements pratiques afin que la visite d'une exposition faite à l'Ecole Paul-Bert, soit le plus profitable.
Le Bureau provisoire a été ainsi constitué :
Président : Mme Freydeire, inspectrice primaire de Gannat ;
Vice-Président : M. Pointud, inspecteur primaire de Vichy ;
Secrétaire : Michon, Ecole Paul-Bert, à Vichy ;
Secrétaire adjoint : Murât, C.C. Saint- Germain-des-Fossés :
Membres : Mlle Bénit, Les Bauchereaux ; Mme Burdinat, Vichy ; Mme Charret, Mayet-d'Ecole ; Mme Bonnet, Brout-Vernet ; Mme Bardet, Le Donjon ; Mme Saule, Lapalisse ; M. Guet, à Saint-Eloy d'Allier ; M. Bertoix, prisonnier; M. Job, à Brugheas; M. Dru- rie, à, Biozat ; M. Barbarat, à Lalizolle i M. Sancelme, Vichy ; M. Guillaumin Marcel, Vichy.
Dès que les moyens de communication le permettront, une assemblée générale départementale aura lieu afin de reconstituer le bureau. En attendant il serait utile de constituer des bureaux provisoires par circonscription.
Le Groupe d'Education Nouvelle.
LE PROBLEME DE L'ENFANCE —
DELINQUANTE---------------------------------
OU DE L'ENFANCE EN DANGER —
Il a pris une acuité vitale du fait de l'exil de plusieurs millions de parents. Le nombre des enfants placés sous la tutelle de l'Assistance Publique était de 10.000 en 1930, de 21.000 en 1938, de 35.000 en 1942, de 210.000 actuellement. Progression effrayante et catastrophique.
Il faut réagir d'urgence. Il n’y a qu'un moyen : l'ouverture de nombreux centres d'accueil, fonctionnant selon nos méthodes et dans lesquels les enfants trouveront le milieu moral de travail et d'activité qui les régénérera.
A l'usage des autorités et des éducateurs qui s'intéressent à ces centres d'accueil, je suis en train d'écrire des Conseils spéciaux, résultat de mon expérience en la matière et que je serai en mesure de communiquer, dactylographiés sinon imprimés, à ceux qui m'en feront la demande.
C. F.
« Enfin, on va pouvoir recommencer à arriver dans sa classe le matin avec le sourire, certain de ne s'y morfondre jamais et d'y rencontrer des enfants joyeux et enthousiastes- Comme les Écoles de France deviendraient toutes accueillantes si tous les maîtres employaient nos techniques.»
FRADEL, Doyen (Allier).
Auteur :