Atelier de peinture libre et classe coopérative: expression d'une synergie
L’organisation coopérative de la classe sollicite et développe tout un réseau de communication entre les différents acteurs. Ce réseau, permet la circulation et l’échange des connaissances et des savoirs dont la teneur dépend de l’organisation et des enjeux de la situation . Ce travail propose une illustration de la pratique coopérative dans le cadre d’un atelier de peinture libre d’octobre à janvier.
Le cadre général
Un des fondements de la classe coopérative concerne l’accueil qui est fait à la parole de chaque enfant.
Cet accueil se formalise au sein des institutions de la classe que sont les moments du “ quoi de neuf ” et du “ conseil de coopérative ”. Les moments de présentation de travaux ainsi que l’organisation de la classe autour de projets fédérateurs contribuent à la mise en place de situations d’échange entre les élèves.
Cependant, il est du ressort du maître d’organiser la classe dans le temps et dans l’espace pour que ces échanges puissent être opérants en terme d’apprentissage et contribuer à une meilleure expression des qualités et de la singularité de chacun.
Espace et temps
Dès le début de l’année un espace est dévolu à l’atelier “ peinture libre ”. Il s’agit d’un panneau en contre-plaqué incliné couvrant tout un pan de mur et installé pendant les vacances d’été, par la municipalité, à ma demande.
Ce plan de travail vertical peut accueillir 5 élèves.
Au démarrage de l’atelier, je propose différents outils, laissés librement à la disposition des élèves : pinceaux, brosses, rouleaux, éponges de tailles et formes différentes, bouchons, peignes, clous, plumes, brosses à dent… Peu à peu, au fil du temps, les enfants enrichiront l’atelier : tissus, formes/pochoirs, gabarits, pailles, ficelles, etc.
Pour ce qui est de la matériau, nous utilisons uniquement la peinture dans les trois couleurs primaires ainsi que le noir et le blanc.
Une seule consigne est donnée: ne pas mélanger les couleurs dans les pots mais sur les palettes. Si la couleur obtenue doit être conservée on la “ fabrique ” alors en quantité dans un nouveau pot.
Pour ce qui est du temps l’atelier est doublement inscrit:
- d’abord au niveau collectif, puisque dans l’emploi du temps de la journée un temps est réservé tous les matins de 8h20 à 9h aux ateliers libres et dans l’emploi du temps hebdomadaire, le vendredi après midi, la classe s’organise en ateliers d’arts plastiques dont celui de “ peinture libre ”.
- ensuite, au niveau personnel, puisque chaque enfant inscrit sa participation à l’atelier, d’abord sur un tableau, puis, l’année avançant, sur son plan de travail (travail libre, travail personnalisé et responsabilités).
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La part du maître
L’observation des productions des enfants montre qu’il y a influence mutuelle et diffusion de propositions selon une logique de “ séries” qui se croisent, s’enrichissent et évoluent au fil du temps. Cette “progression” s’inscrit directement dans le temps de l’élève, au gré de ses découvertes.
Cependant l’enrichissement de ce milieu est “ outillée ” par le maître et ce, de différentes manières :
- par l’inventaire et le classement : je constitue les “séries” en regroupant et en affichant au coin “peinture” les productions proches.
- par la diffusion aux autres: une fois par mois, nous procédons à l’analyse critique de toutes les productions plastiques de la classe et nous en tirons des “régularités” et dégageons des pistes pour aller plus loin.
- par l’apport culturel : les ateliers "arts plastiques" du vendredi après-midi permettent à la fois de mettre en parallèle les productions des enfants avec celles des artistes, et de proposer de nouvelles pistes sous forme de découverte de parcours d’artistes ou d’apport de techniques plastiques.
Il faut dire, à ce niveau, qu’au fur et à mesure que l’année avance, il y a de plus en plus d’interactions, et ce, dans les deux sens, entre les propositions de l’atelier de peinture libre et celles des ateliers fondés sur les apports culturels. Par exemple, une production de l’atelier de peinture libre va nous conduire vers un artiste ou vers une technique particulière qui sera alors explorée. A l’inverse, une proposition de technique (opération plastique, outil, matière) faîte par un élève ou par le maître (liée à un projet) comme la découverte d’œuvres vont, à leur tour, nourrir l’atelier de peinture libre.
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La qualité et la quantité de diffusion d’idées, de connaissances et de savoir à l’intérieur de la classe témoigne de la dynamique de fonctionnement de la classe coopérative.
L’atelier de peinture libre permet la mise en œuvre, très simplement, de cette dynamique, en renforçant l’établissement et le fonctionnement au quotidien de réseaux de communication.
Une des valeurs de l’atelier de peinture libre est de permettre aux enfants de prendre la mesure “ en acte ” de l’échange. En ce sens, cet échange se concrétise par des productions plastiques, visibles par tous, au delà de tout discours. |
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Analyse des productions
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La pratique de cet atelier avec les enfants m’a enseigné que c’est sans doute dans la simplicité basique de la communication: “ faire ensemble dans la proximité ” que l’expression personnelle trouve son enrichissement.
Je ne peux alors m’empêcher de convoquer notre ami Jean Foucambert à qui je donne le mot de la fin: “C’est (bien) ensemble qu’on apprend tout seul”.
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sommaire n° 111 - L'atelier de peinture
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