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Des expos dans une doc

Dans :  Principes pédagogiques › Techniques pédagogiques › 
Juillet 1983
 
POURQUOI DES EXPOS ?
 
Le C.D.I., vu son nom, se veut bien sûr distributeur d'informations et fournisseur de documentations. Mais très vite, il s'est découvert une fonction tout aussi importante : celle d'animation. La doc, la bibli ont pris de plus en plus d'importance au fur et à mesure que s'amenuisaient le nombre des autres lieux de vie du lycée. Lieux de vie, c'est-à-dire lieux où les participants se sentent à l'aise, peuvent évoluer en étant eux-mêmes, avec un minimum de contraintes, où ils peuvent entrer en contacts avec des sphères différentes. L'exposition y est apparue comme un moyen d'animation parmi d'autres.
 
Moyen d'animation tout d'abord lié à la fonction documentation : l'exposition en elle-même n'est-elle pas une sorte de document, qu'on peut utiliser à diverses fins ? En outre, elle se fonde sur la présentation de documents qui prennent une autre dimension dans son cadre.
 
Cependant l'exposition, élaborée en dehors de préoccupations scolaires, permet d'aborder des domaines peu accessibles aux élèves (surtout au lycée où l'horizon est borné par les programmes). A la limite, elle introduit une rupture : ce n'est pas un cours, ce n'est pas un club du foyer, les thèmes traités sont inhabituels, elle bouleverse le lieu et !es habitudes de travail. “C'est autre chose, c'est nouveau, c'est différent” nous disent les visiteurs et c'est sans doute pour cela qu'elle obtient autant de succès chaque fois.
Tout aussi important est son aspect valorisant pour le C.D.I. lui-même et pour ceux qui l'ont organisée. Sans compter qu'ayant participé à des expsotions pendant leur temps scolaire, les élèves n'hésiteront pas à en visiter d'autres au hasard de leurs parcours non scolaires.
 
 
QUELLES EXPOS ?
 
Il existe des expositions toutes faites que certains organismes, comme le C.R.D.P., nous proposent. Elles ont l'appréciable avantage d'être déjà prêtes et présentent des thèmes fort intéressants. Mais...
Mais elles sont figées, on ne peut y mettre sa patte, il est difficile de les transformer, la présentation répond aux canons des manifestations officielles et paraît souvent rébarbative aux visiteurs ; en outre, n'étant le produit d'aucun travail dans le lycée même, elles ne répondent pas aux intérêts réels des élèves.
 
Nous en avons installé deux pendant ces dix ans, mais nous les avons pour l'instant abandonnées au profit d'expositions nées du lycée. Celles-ci ne font pas que passer : elles naissent, vivent du lycée, par le lycée et se prolongent dans le lycée. Ce qui n'a pas empêché certaines d'entre elles de se promener dans des établissements voisins.
 
Ces expositions issues de travaux de classe (la Commune), ont bien ont été proposées par des élèves donc c'était l'intérêt premier à l'époque (le bouquet japonais, les volcans, la guerre et les armes, la bande dessinée, des poèmes) ; d'autres ont correspondu au violon d'Ingres de certains adultes (photos, peintures) ; pour certaines, c'est nous qui avons saisi les occasions (poésies, Transylvanie) ; quelques autres ont constitué le prolongement de ce que j'appelle “un essai d'expression libre au C.D.I.” (dessins, poésies).
 
 
COMMENT NAISSENT-ELLES ?
 
Au début, notre part est très importante. Lors des discussions diverses que nous avons avec les élèves et les adultes du lycée, nous saisissons au vol l'expression d'un intérêt qui nous semble prometteur d'exposition et nous incitons la personne à la concrétiser ; le mot “expo” peut effrayer et notre tâche alors est de le démystifier. Parfois nous proposons nous-mêmes cette activité à quelqu'un que cela valorisera ; d'autres fois, ce sont des individus eux-mêmes qui nous apportent leurs envies.
 
La gestation, c'est-à-dire le travail de l'individu ou des individus intéressés, se fait en dehors de nous ; cependant nous restons en éveil pour répondre aux demandes d'aide ou de réconfort, pour mettre en relation avec d'autres si besoin est, pour simplement rappeler qu'ils doivent aboutir.
 
Une fois le travail préparatoire terminé, nous établissons ensemble le plan généraI de l'exposition sur papier puis nous l'installons à l'endroit prévu. A ce moment-là, notre tâche est importante sur le plan matériel ; mais nous intervenons aussi, à la demande, pour choisir les emplacements ou la disposition des documents.
 
 
QU'EN FAISONS-NOUS ?
 
Parallèlement à l'installation, nous les bi-doc (la bibliothécaire et la documentaliste) organisons la publicité:  affiches dans les endroits stratégiques (en général, nous trouvons toujours des volontaires qui les réalisent), feuilles-annonce dans les casiers des professeurs et les cahiers de classes. Nous préparons un planning pour accueillir les visites de classes, planning que les professeurs intéressés viennent remplir au C.D.I. Ces visites de classes, qui s'intègrent dans le cours des professeurs, n'empêchent nullement les visites individuelles à tout moment pendant la durée de l'exposition. Les professeurs utilisent ainsi l'exposition comme ils le désirent (et parfois hélas, de façon plutôt traditionnelle).
 
Pour permettre une visite de l'exposition sans guide donc sans commentaires oraux (que ce soient les organisateurs ou nous-mêmes, personne ne peut rester en permanence à la disposition des visiteurs), nous tenons à ce que les organisateurs explicitent leurs documents par des panneaux ou affichettes. D'autre part, ces expositions se veulent la plupart du temps ouvertes : n'importe qui peut ajouter à tout moment un élément nouveau et personnel.
 
Leur succès entraîne souvent une prolongation de leur séjour au C.D.I. La plupart laisse des traces sous forme de dossiers (le travail féminin) ou de dons (bande dessinée) ; certaines (poésies, peintures) ont influencé nettement les productions d'expression libre affichées à la documentation. D'une façon générale, elles ont introduit des habitudes de faire : souvent des élèves ou des professeurs nous apportent des travaux à afficher qui constituent des mini-expositions (la vivisection, Guernica, utopies urbanistes...).
Marie-Claire TRAVERSE 33360 LA TRESNE