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Novembre 2005
 

Revue Créations n°119 : Projet de classe
publiée en novembre 2005

Classe de CE1 - Ecole Alsace, Lunéville (Meurthe et Moselle) - Enseignant : Antoine Cicolella

  

T’es qui, toi ?

 

Agir ensemble contre l’intolérance pour vivre dans la différence

 

Origine du projet

Un soir d’octobre 2004, nous avons rencontré El Yazid Kherbache et Jamal Saïd, membres de l’Association ALISCIA (association lunévilloise d’insertion par le sport et l’initiative artistique), pour discuter du projet de manifestation culturelle « Agir ensemble contre l’intolérance », prévue en janvier 2005.
Parallèlement, l’envie de mener un projet autour de l’éducation à la citoyenneté avec mes élèves m’intéresse. Cette rencontre allait en amener d’autres. Elle fut l’étincelle qui allait déclencher le réveil de nos consciences dans un sens constructif et positif que je ne soupçonnais pas au départ.

Bleu clandestin, El Yazid Kherbache

                                Créer des affiches…
Pour agir contre l’intolérance
Pour apprendre à respecter les autres
Pour rencontrer et travailler avec un artiste
Pour découvrir le métier d’imprimeur
Pour faire passer un message
Pour avoir une démarche créatrice
Pour mieux vivre ensemble
                      


Un sentiment d’impuissance de l’école

Envie de réagir suite à des incidents insidieux aux relents de xénophobie qui se sont déroulés dans notre école, école primaire Alsace à Lunéville, en début d’année scolaire. En effet, des paroles d’enfants ont été entendues mettant en avant les différentes origines des enfants : « Ouais, aujourd’hui, à la récréation, on va faire un match français contre musulmans ! » ou bien « Elle m’a traité de chocolat noir ou de fromage blanc ! ». Notre réaction d’éducateur fut de discuter avec toute l’école un samedi matin en grand groupe. Cette initiative fut intéressante, nous ne l’avions jamais fait auparavant.
Premièrement il nous fallait réagir sans pour autant tomber dans la morale simpliste. De plus, il était plus que nécessaire de « mettre les points sur les i » concernant ce qui est autorisé et ce qui est interdit dans une école.
Au-delà de la réaction « à chaud », un sentiment d’impuissance gagnait notre équipe.
Que faire ? Que dire ? Comment réagir ? A plus long terme, qu’est-ce qu’il est possible de faire pour trouver l’antidote au poison que représente le racisme ? Est-ce que le racisme et l’intolérance en général ne se nourrissent pas de notre ignorance et de notre peur de l’inconnu ? Et si oui, comment faire pour les combattre ?

L’éducation par la culture est un moyen d’agir contre le racisme

C’est ici que la rencontre entre l’artiste El Yazid Kerbache et ma classe de CE1, grâce à l’initiative de l’association ALISCIA, prend tout son sens.
El Yazid Kerbache a déjà travaillé avec l’association ALISCIA et avec les écoles sur d’autres projets. C’est un artiste reconnu car il expose régulièrement à Lunéville. Rencontrer un artiste et travailler avec lui c’est s’ouvrir sur l’autre, s’ouvrir sur la culture et s’ouvrir sur le monde. Avoir une démarche créatrice nous apprend à voir et faire autrement ensemble. El Yazid Kerbache me propose de travailler sur le support de l’affiche dans ma classe. Pourquoi l’affiche ?

L’affiche comme moyen de dire et de faire

L’affiche est un outil multiple pour dire sa pensée.
L’affiche est un média qui véhicule un message positif ou négatif. Elle est utilisée partout pour communiquer dans un but commercial, politique, culturel ou informatif. C’est une accroche, elle est composée d’un message écrit et visuel. A l’école, l’affiche est un outil priviligié de création mais également d’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
Voilà pourquoi El Yazid Kerbache me propose de créer des affiches contre le racisme et pourquoi j’accepte sa proposition.

 

 

Lire et écrire pour comprendre et s’informer

En novembre, nous allons visiter l’imprimerie des Bosquets à Lunéville où Monsieur Daniel Vernet nous aide à comprendre comment se fabrique une affiche. De cette visite, la classe réalise un reportage riche en images et en textes. Durant le mois de décembre, nous travaillons à l’écrit comme à l’oral en classe sur le thème de la différence et du racisme. Vite, nous partons dans l’aventure documentaire. La lecture, l’écriture et l’expression orale et écrite nous emmènent à destination de textes, d’albums, de journaux, de poésies, de chansons, de dessins, de photos, de dictionnaires pour découvrir, comprendre et apprendre.
Un livre pas comme les autres

Parmi toutes ces rencontres avec les livres, un album nous ouvre les yeux : c’est l’album «Côté cœur» de Rascal et Girel (voir bibliographie à la fin de l'article).
Une histoire d’amitié entre un garçon et une fille qui nous donne des raisons d’espérer en la jeunesse malgré le poison que représente le racisme.
Au cœur du texte de l’album, deux mots retiennent notre attention : «les mots fleurs» et «les mots caca de chien».
«Les mots fleurs» désignent des mots d’amour, d’amitié, de paix et de tolérance.
A l’inverse, «les mots caca de chien» désignent la haine, le racisme et la bêtise. Au-delà de la poésie, de l’humour et de la naïveté de ces deux expressions propres à l’auteur, la classe réalise que les mots ont un sens et une force. Le langage a le pouvoir de dire des choses profondes, de dire une pensée. Cette anecdote conduit la classe à trouver à son tour « des mots fleurs, des phrases fleurs, des mots caca de chien et des phrases caca de chien». Cette recherche de mots et de phrases nous aide tout naturellement à construire nos affiches contre le racisme. Nos messages et nos accroches sont tout trouvés (voir photos des affiches ci-jointes).

 

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