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Par correspondance poétique, le travail d’Annick Sterkendries pourrait évoquer l’âme d’un Fernando Pessoa. De par son rapport à l’éphémère. De par son rapport à la nature. A la célébration du vivant. A la poésie qu’elle trouve en toute matière. A la conscience du temps qui passe et emporte avec lui les constructions humaines.
Humilité de l’artiste qui, loin des fantasmes d’immortalité, s’incline devant l’inévitable éphémère. Ses créations sont abandonnées à l’usure du temps comme l’homme est condamné à passer en coup de vent. La nature reste maître de l’œuvre. Du destin de la création.
L’artiste s’incline-t-elle vraiment devant l’éphémère ?
Non, pas tout à fait. En réalité, il y a du travail, de l’acharnement même, à le défier. Pour mieux exorciser l’angoisse qu’il engendre peut-être. Figer le temps d’un instant une image, une émotion, dont la matière se décomposera tandis que l’âme de la création, elle, demeurera. Le souvenir d’un partage ou la résurgence d’une vision. Un bouclier posé sur le sable, une photographie, et l’image devient obsession. Le curieux est interpellé dans sa sensibilité, piégé, surpris. Cette porte ne le quitte plus. Cette porte a pourtant disparu du décor. Cette porte posée au milieu de nulle part et qui n’ouvre sur rien, ne dévoile que sa transparence et devient une énigme susceptible de toucher tout un chacun.
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