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Octobre 1999

 


 

CréAtions 88-  Supports multiples  - publié en septembre-octobre 1999

Ecole maternelle La Mareschale, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Enseignante : Annie Bard

 

Notre corps

 

Représentations mentales

et

créations graphiques

David (5ans) a emprunté un livre sur le corps humain à la BCD, riche en ouvrages documentaires. Il l’a apporté en classe dans le petit sac vert qui sert au transport Ecole/maison et me le montre.

Je demande donc d’exprimer oralement ce qu’ils connaissent de « l’intérieur de leur corps ». Ils sont assis sur le tapis, lèvent le doigt et parlent à tour de rôle en veillant, suivant la consigne, à ne pas redire ce qui l’a déjà été. Les réponses fusent et je note.

Il me semble important de leur faire exprimer leurs représentations, de les oraliser afin de faire émerger l’image mentale. Celle-ci est sans doute en cours d’élaboration. Ils savent beaucoup de choses, ils ont des certitudes… dont il faudra bien sûr discuter et qu’il sera nécessaire de vérifier, corriger, préciser. Ces moments me paraissent importants pour qu’ils prennent conscience du "connu".

Nous passons ensuite à l’étape dessin et les enfants tentent de représenter ce dont ils ont parlé. Et ces dessins (croquis) sont toujours étonnants, tant par leur richesse iconographique que par l’audace et la maladresse qui s’en dégagent à la fois : accumulations,, plans mélangés, perspectives tordues, grandeurs relevant de l’affectif et du fantasme.

Les enfants, sans doute parce que nous pratiquons régulièrement ce genre d’exercice, veulent mettre tout ce qu’ils savent ou ont entendu. Ils peuvent déjà représenter un os, des tuyaux, le cœur, etc. et personne n’a mis le cerveau dans les talons ! Même si le cœur est parfois placé bien trop bas. Certains m’ont dit : « Je n’ai pas eu la place pour dessiner ça… et ça… » pourtant, cela ne les a pas freinés dans leur expression parce qu’ils n’étaient pas dans la perspective d’un schéma scientifique mais en situation d’expression libre.


Dans nos classes, les enfants sont souvent sollicités, en parallèle à l’expression libre, à représenter « d’après nature » :
- les objets trouvés dans les promenades, ceux de notre mini-musée,
- les arbres, plantes, animaux selon les thèmes abordés,
- lors de visite comme celle du moulin à huile où ils emportent planche à dessiner, papier, crayons, craies, etc.

Si les enfants ont pu réaliser ces dessins sur le corps où les éléments ne semblent pas être placés au hasard, c’est sans doute parce qu’ils sont déjà porteurs d’un savoir inconscient, d’une intuition ayant pris ses sources dans des lectures, des discussions à l’école ou les parents, des remarques et observations faites en expression corporelle. Ce qui a émergé n’est donc pas totalement une terra incognita.

Pour nous qui attachons une grande importance à ces moments d’expression, ces activités nous paraissent relever de la créativité.

 

  

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