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T’es qui, toi ? (suite)

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Novembre 2005

 

 

  

Agir ensemble contre le racisme à l’école avec El Yazid Kerbache

En janvier 2005, nous accueillons El Yazid Kerbache dans notre classe pour trois ateliers de création d’affiches. De l’ébauche à la finition en passant par les nombreux essais, notre démarche tâtonne. Mais nous avançons confiants. Apprendre à composer une affiche est très formateur et demande beaucoup de compétences et d’efforts aux enfants de 7 à 8 ans ! Feuilles, crayons, feutres, pinceaux et peintures sont les armes pacifiques des enfants pour dire non au racisme.

Dialogue entre Naïma et El Yazid dès le premier jour :
-«Est-ce que tu es arabe Yazid?» interroge Naïma
-«Oui. Pourquoi tu me poses cette question ? » demande El Yazid.
-«Parce que moi aussi, je suis à moitié arabe!» répond Naïma. Naïma a en effet une maman algérienne et un papa français. Ses parents sont séparés. Sa maman vit loin d’elle. Sa question, loin d’être surprenante, est naturelle et légitime. Elle s’identifie à une personne qui lui ouvre les yeux sur son identité et ses origines. Cette rencontre la rassure peut-être et lui permet de mieux comprendre et d’accepter sa vie, son histoire et son identité multiculturelle. Chacun trouve sa place sur le chemin de la tolérance.

 

 

Exposition "Bleu clandestin", El Yazid Kherbache

 

… et avec Elise FISCHER

La démarche de l’association ALISCIA illustre l’importance de se réunir pour défendre une idée. Par le sport et la culture, elle cherche à créer des passerelles entre des mondes différents qui s’ignorent parfois. Concilier ces deux domaines d’activité est un pari difficile que relève l’association. Jamal Saïd réussit à me convaincre d’organiser une rencontre entre l’école et l’écrivain-journaliste Elise Fischer.
La rencontre a lieu la même semaine que notre travail sur les affiches. Elle arrive à point nommé. De plus, ma collègue Delphine qui a un CM1 se propose de participer au débat. Nous accrochons nos affiches et improvisons un goûter-débat à la fois sérieux et convivial ! La rencontre est même filmée par la télévision locale ! Elise Fischer vient témoigner de son combat pour les droits de l’Homme et les droits de l’Enfant. Si elle n’est pas une auteur pour enfants, son vécu, ses voyages, ses livres, ses rencontres professionnelles nous sont précieux. En effet, elle raconte qu’à l’époque de l’Apartheid en Afrique du Sud, elle a rencontré des élèves qui faisaient grève pour dire non à l’école séparant les blancs et les noirs. Ceux-ci ont été frappés, emmenés par les militaires puis jetés en prison. Son témoignage bouleverse les enfants qui l’assaillent de questions. Elle raconte aussi sa rencontre avec Nelson Mandela, prisonnier politique à l’époque. Pour conclure le débat, Elise Fischer rappelle l’importance des associations qui donnent la force aux gens de s’unir pour défendre des idées. Et de citer Amnesty International : le stylo est une arme plus puissante qu’un fusil. En aparté, l’écrivain nous avouera son admiration pour les enfants « qui se sentaient concernés et impliqués par le sujet du débat ».

 

La part du maître et le rôle de l’école

Devant tant de rencontres, d’échanges et d’émotions fortes partagées, je ne peux dire qu’une chose: un tel projet a dépassé mes attentes et mes espérances. Suite à un banal et stupide incident vécu dans la cour de l’école, nous avons su réagir à notre mesure. Nous avons su enrayer pour une fois la spirale de l’impuissance banalisée au quotidien.
Action et réflexion se sont conjuguées en faveur de la tolérance et d’une meilleure compréhension des autres. Elles m’ont convaincu de continuer à agir et de poursuivre le travail en l’inscrivant dans la durée. Même si les enfants répètent ce qui se dit à la télévision, dans la rue, à la maison, dans le quartier, le racisme n’est pas une fatalité. Alors que nous commémorons le 60ème anniversaire de la libération des camps de concentration de l’Allemagne nazie, l’école a plus que jamais le devoir d’éduquer les citoyens de demain dans la tolérance et le respect afin de vaincre l’ignorance qui est le meilleur terreau de bien des fléaux. Déjà, des projets futurs se dessinent au pluriel: correspondance avec des enfants du Maroc, échanges éducatifs et culturels, jumelage entre Lunéville et Oujda.
Le racisme est un poison. L’amitié est son antidote. Le combat n’est jamais fini.
POUR FAIRE
UN MONDE ANTI-RACISTE
Mélanger les couleurs de peau et les opinions différentes.
Ajouter un kilo de respect.
Faire revenir la gentillesse.
Verser une goutte d’écoute.
Remuer ensemble les différences et la politesse.
Rajouter le respect de toutes les religions.
Mettre le tout ensemble.
Réchauffer.
Décorer avec des miettes d’égalité.
Astuce : vous pouvez mixer les couleurs pour faire un monde multicolore
Les élèves de la classe de CM1, école Alsace.

BIBLIOGRAPHIE

Peau noire, peau blanche, Yves Bichet, Ed. Gallimard Jeunesse.
Luc, Ahmed et Saint-Nicolas, Wolfgang Bittner, Ed. Nord-Sud.
Vive la France, Thierry Lenain, Ed. Nathan.
Des amis de toutes les couleurs, Dr Catherine Dolto-Tolitch, Ed. Gallimard Jeunesse.
Rouge, jaune, noire, blanche, Brigitte Mime, Ed. Pastel.
Homme de couleur, Jérôme RUILLIER, Ed. Pastel.
Côté cœur, Rascal, Ed. Pastel.
Chanter contre le racisme, Ed. Mango jeunesse, livre-CD.
Moi, raciste ?, BD, publication officielle de l’Union Européenne, Luxembourg, 1998.
Mes comptines des enfants du monde , Karine-Marie Amiot et Myriam Mollier, Ed. Fleurus.

El Yazid Kherbache

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