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logo ressource btn Les écrits de Lavoisier

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Septembre 2011

L'article présente quelques unes des œuvres publiées par le savant.

 
Opuscules Physiques et Chymiques (Décembre 1773)
Ils rassemblent les travaux effectués par Lavoisier en 1772 et 1773. La publication a pour objectif d'éviter la lenteur d'impression de l'Académie des Sciences (entre 2 et 3 ans).
La première partie rassemble les textes parus concernant les travaux sur l'air fixe réalisés par différents chimistes.
La deuxième partie présente ses recherches personnelles.
L'air de l'atmosphère :
* peut se combiner avec les métaux,
* permet la combustion et la calcination,
* est un élément composé.
La Méthode de nomenclature chimique (1787)
L’idée en vient de Guyton de Morveau1 qui travaille depuis 1782 à un Dictionnaire de Chimie.

Les appellations en cours posent problème dans les échanges par leur variété, leur manque de cohérence (une même substance peut être connue sous plusieurs noms, comme des produits différents porter un même nom) et leur aspect imagé. De plus, les nouvelles recherches ont entraîné la découverte de nombreux corps, les chimistes savent qu’il en reste bien d’autres à étudier, et la multiplication des applications industrielles impose que les ouvriers identifient clairement les produits.

Guyton de Morveau propose donc une refonte suivant des principes clairs :
            Absence de périphrase,
            Dénomination à partir de racines grecques (ou latines),
            Nom conforme à la nature du produit (nom simple pour un corps simple, extension qui marque sa formation pour un produit composé).
Ses idées reçoivent un accueil froid, sauf de Lavoisier qui y voit la manière de faire partager par le langage la rigueur qui sert de fil directeur à toutes ses expériences. Il y travaille donc activement avec Guyton de Morveau, Fourcroy et Berthollet.
Lavoisier présente d’abord à l’Académie la nécessité du projet. Que Guyton  de Morveau passe ainsi au second plan s’explique tant par le fait que Lavoisier s’est approprié une idée qui correspond à ses convictions profondes que pour une raison protocolaire : Guyton de Morveau, provincial, n’est pas membre de l’Académie des Sciences de Paris.
La Méthode de Nomenclature chimique paraît donc en 1787. Un grand tableau, préparé par Fourcroy, résume en 6 colonnes et 55 cases, l’ensemble de la nouvelle nomenclature.
Malgré quelques réticences, elle sera rapidement adoptée et on peut dire qu’elle a révolutionné la chimie.
Par contre, une proposition du mathématicien Hassenfratz et du médecin Adet : représenter les corps simples par une gamme de caractères conventionnels n’a pas le même succès 
 
«M. de Morveau est en ce moment à Paris et nous profitons de cette circonstance pour travailler avec lui une nomenclature chimique. C’est peut-être ce qu’il y a de plus pressé pour l’avancement de la science.»
(Lettre à Meusnier de Mars 1787) 
«La série des faits qui constitue la science ; les idées, qui rappellent les faits;  les mots qui les expriment. ….. et comme ce sont les mots qui conservent les idées et les transmettent, il en résulte qu’il serait impossible de perfectionner la science si on n’en perfectionnait le langage, et que, quelque vrais que fussent les faits, quelque justes que fussent les idées qu’ils auraient fait naître, ils ne transmettraient que des impressions fausses, si on n’avait pas des expressions exactes pour les rendre.»

(Mémoire à l’Académie)

L’œuvre est très nouvelle dans la mesure où il s’agit :

          * D’un travail collectif mis au point dans le laboratoire de l’Arsenal 2
          * Qui reçoit d’entrée l’appui de L’Académie des Sciences et de l’ensemble du monde scientifique,
          * Qui marque le souci de la prééminence du langage pour appuyer la pensée,

 

1. Louis-Bernard Guyton de Morveau, (1737-1816) homme de loi dijonnais, crée un laboratoire et un cours de chimie. Avec ses expériences sur la
calcination des métaux, il acquiert une renommée internationale.

2. Lavoisier, Commissaire à la Régie des Poudres depuis 1775, loge et travaille dans les locaux de l’Arsenal où il a monté son laboratoire et effectue ses expériences avec un ensemble de savants

 

 
Le Traité élémentaire de chimie (1789)
  
I.                  Les objectifs et la maturation

Même si l’ouvrage est en grande partie écrit durant l’année 1788, Lavoisier y pense depuis 1780. Un premier projet, avec Bucquet, a été interrompu par le décès de ce dernier en 1781.
Lavoisier, déçu par ses études de chimie (longues et inefficaces à ses yeux) met en cause les écrits précédents : trop complexes, qui supposent assimilées des connaissances abordées seulement au cours des études, surchargés d’éléments historiques. Il se donne donc pour objectif d’établir une logique propre à la chimie (en pleine mutation) dans un ouvrage qui permettrait la formation d’un bon chimiste en deux ans.
Il reconnaît que l’œuvre sera longue à composer car il faut avant tout refaire (et plusieurs fois) toutes les expériences, avec la plus extrême précision.
Le travail autour de la Nomenclature permet de trouver un nouvel axe logique au savoir et favorise une rédaction finale en peu de temps..
 
«Tandis que je croyais ne m’occuper que de la Nomenclature, tandis que je n’avais pour objet que de perfectionner le langage de la chimie, mon ouvrage s’est transformé insensiblement entre mes mains, …».
(Œuvres t.I)
 
II.                   Le contenu et l’accueil

Le contenu n’est pourtant pas aussi clair que l’annonce son Discours Préliminaire (aller du simple au complexe). Il présente plutôt trois éclairages différents, et n’échappe pas totalement au piège de l’encyclopédisme.
Le Traité comporte trois parties :
1) les points essentiels de la nouvelle chimie
2) la composition des acides/bases et la formation des sels
3) les instruments et la méthode expérimentale

Il est illustré de 13 planches gravées par Mme Lavoisier qui montrent avec une grande précision instruments et expériences.
Il fut accueilli avec ferveur par l’Académie et le monde scientifique.

 

Fourcroy,  dans sa Notice sur la vie et les travaux de Lavoisier écrit:
«C’est un livre absolument neuf où la science est présentée sous une forme entièrement différente de ce qu’elle avait été jusque là …»

 

L’ouvrage a connu très vite de nombreuses traductions et rééditions (France bien sûr, Angleterre, États-Unis, Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Italie, Mexique) 

 
 

 3. Fourcroy (1755- 1809) chimiste et homme politique, il a fait partie du groupe de l’Arsenal

 

L’œuvre écrite de Lavoisier compte aussi :
*de nombreux
Mémoires adressés à l’Académie où il fait la synthèse de chacun de ses travaux,
*une
Correspondance très riche, plus de mille noms y sont cités :
- savants tels Condorcet, Jussieu ou Benjamin Franklin,
- hauts personnages tels le prince de Condé ou l'électeur Palatin,
- hommes d État tels Turgot ou Necker,
- fournisseurs,
- collègues et employés
de la Ferme générale,

- groupes : 170 lettres adressées à 30 sociétés ou académies scientifiques du monde entier.