Edito - Ecritures de formes, forme d’écriture
Comment proposer des situations (actions, rencontres…) où ce qui a été trop tôt séparé du regard et de la parole, va renouer avec des traces originelles des langages ? Traces et signes ont d’abord un rapport direct aux choses et au monde. Comment reconquérir la matérialité sonore et visuelle des signes, c’est ce dont témoigne ce numéro de Créations sur le thème « Ecriture de formes, forme d’écriture ». Cette reconquête, ces retrouvailles, engagent les enfants dans l’aventure du symbolique, aventure qui est tâtonnement, mise à l’épreuve du Verbe et des images, inventive, jubilatoire quand elle est vécue comme découverte, construction, échange.
Quand le regard neuf des enfants de maternelle érige une « forêt de signes », foisonnante de traces, inventive et multiforme,
quand les étudiants revisitent un « arbre calligramme »,
quand les nuages du « totem », confèrent à de courts poèmes des visages souriants, gris ou orageux,
le monde se charge d’indices, d’images qui deviennent sens, qui sont autant de prétextes à échanges, à représentations, à confrontations…
Travail sur l’habit comme signe du corps, tâtonnement sur la recherche d’une image d’identité où interviennent le miroir et la photographie, recherche pour chacun de la « lettre » qui l’habite et l’habille. «Le noir, le blanc, la lettre» inscrit concrètement l’implication du corps dans e geste de l’écriture, de la sculpture taillée à son image.
Des « mots en grappes » naissent d’une vendange de mots cueillis comme on récolte la vigne et se nourrissent du paysage, des couleurs, des formes, des odeurs, des sons et d’une rencontre avec un poète. C’est la rencontre d’un lieu, Cauduro, singulier par sa solitude sauvage, par les traces encore présentes d’un passé animé, qui mobilise formes et forces créatrices. La démarche «De la mise en mots à la mise en forme» quand à elle, est déclenchée par un balancement entre le texte et l’image, initié par des reproductions d’œuvres d’art génératrices poétiques.
Dans «Eclats de mémoire», les formes se sont tissages de fragments où tentent de s’inscrire, par bribes, un visage, une histoire singulière. Les œuvres de Coco Texèdre, d’une langue inconnue, enchevêtrée dans la matière picturale, ont déclenché à leur tour, auprès des enfants, calligraphies, traces et signes.
Par leur diversité, ces créations sont chaque fois l’expression d’une identité en quête de communication. A travers leur singularité elles aspirent à atteindre l’universel, recherchant un lien direct entre le mot et la chose, entre l’idée et la forme.
Créations
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