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Une correspondance entre jeunes enfants de 4 à 8 ans

Dans :  Principes pédagogiques › 

ATELIER DU MERCREDI 24 AOUT 2011 

Françoise Dor & Virginie Gaiatto

Présentation d'une pratique

 

1. Présentation des deux classes qui correspondent :
- Françoise a une classe de 2ème et 3ème maternelles (moyenne et grande sections) à Waremme près de Liège. Elle a 19 enfants. Dans sa classe, les enfants travaillent en ateliers libres et coopératifs avec des moments collectifs.

- Virginie a une classe de 5/8 (GS/CP/CE1) dans une école qui pratique la pédagogie Freinet à Bruxelles. Elle a 24 enfants.

Des enfants de Françoise qui le veulent bien ont parfois deux correspondants.
La différence d’âge n’est pas un problème.

2. Présentation de notre correspondance :

- Organisation pratique
Première lettre collective envoyée par la classe de Virginie.
Lettre collective envoyée par la classe de Françoise.
Première rencontre lors de laquelle les enfants choisissent leur correspondant.
Suite à cette première rencontre, la correspondance individuelle peut commencer.
La classe de Virginie répond à la lettre collective pendant que la classe de Françoise réalise les lettres individuelles. Et ainsi de suite durant toute l’année.
La classe est mobilisée toute l’année soit par une lettre collective soit par une lettre individuelle.

- Les rencontres
Il est important de se rencontrer rapidement, surtout pour les petits.
Les deux premières rencontres se passent dans les classes. C’est l’occasion de rendre concret le contenu des lettres et de vivre un peu le quotidien des correspondants.
C’est la classe de Virginie qui se déplace en premier car ils sont plus grands.
Le matin, les enfants travaillent ensemble dans les ateliers que les enfants de Françoise ont l’habitude de pratiquer. Il y a une quarantaine d’enfants en activité. Ce n’est donc pas rien à gérer, mais la moitié de la classe maîtrise aussi ce qui s’y passe. Il ne faut donc pas chercher des activités exceptionnelles où seule l’enseignante gère tout. Durant ce temps de travail, les enfants se rencontrent.
Après le repas et un temps de récréation, les enfants se choisissent et les couples ou les trios sont photographiés. Un enfant qui ne veut pas de correspondant n’est pas obligé. Il peut en avoir plus tard dans le courant de l’année.
Après il y a une petite activité collective qui là encore est souvent une activité qui a déjà été faite avec la classe qui reçoit. Ils ont aimé cette activité et désirent la partager avec les correspondants.

La deuxième rencontre à lieu à Bruxelles. Elle se déroule de la même façon que la première.

La troisième journée se passe à l’extérieur. La sortie dépend des envies des enfants (piscine, aquarium, animation autour d’un livre, visite de Bruxelles…).

La classe de Françoise présente chaque année un spectacle. Il arrive que la classe de Virginie se rende à Waremme pour assister à la répétition générale.

- Contenu des envois

Le contenu des lettres individuelles : - réponses aux questions du correspondant ;
- situation personnelle ou de la classe ;
- tout ce que l’enfant souhaite dire à son correspondant.
Les deux classes s’envoient aussi des journaux, des textes, des cadeaux (une peinture, un livre réalisé par l’enfant…).
Par rapport à l’envoi, il faut tenir compte de la manière de le faire parvenir. Cela influence le format. Françoise et Virginie s’arrangent pour se transmettre les lettres en se voyant ou par l’intermédiaire d’un tiers.

Les lettres sont réalisées en plusieurs fois en fonction de l’attention des enfants.
Il faut se mettre d’accord sur le contenu, mais aussi sur son aspect.

Comment envisager une correspondance entre jeunes enfants de langues différentes ?
Chacun peut écrire dans sa langue.
Il est possible de réaliser à la fois les lettres collectives et individuelles, mais il ne faut peut-être pas vouloir en faire trop et se centrer sur le visuel avec peu de texte pour que ce soit plus gérable. Lorsque les deux enseignants ont envie, il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas. Ils adapteront leur projet au fur et à mesure des éventuelles difficultés rencontrées.

Il est important de rester dans le plaisir de correspondre. Les enfants doivent avoir envie d’envoyer des lettres et de les recevoir. Dès que le travail de lecture ou d’écriture devient trop fastidieux pour l’enfant, Virginie prend le relais et écrit ou lit pour l’enfant. Les lettres collectives sont affichées. Elles peuvent servir de référent, mais elles sont trop longues pour être mises dans la farde de textes. Par contre, un texte d’un journal des correspondants a déjà été mis dans la farde.

3. Que nous apporte cette correspondance ?

- La correspondance est un moyen de communication et d’expression.
Elle donne du sens à l’écriture et à la lecture.

- Découverte d’un autre milieu et meilleure connaissance du sien.
Nos enfants sont jeunes. Les enfants sont libres d’avoir ou non un correspondant.
Ils découvrent un autre milieu et ils mettent des mots sur le leur. Lorsque le groupe décide d’expliquer un fonctionnement de classe, ils ne font plus que vivre ce fonctionnement, ils doivent prendre du recul et mettre des mots sur ce vécu et ainsi en prendre conscience. Lorsqu’ils reçoivent une information des correspondants, ils comparent avec leur propre vécu. Ce n’est pas parce que ce n’est pas comme nous que ce n’est pas bon. C’est différent. Dans la façon de réaliser les lettres collectives (chez Françoise, l’enfant qui a dit quelque chose est noté, dans la classe de Virginie, on parle quasiment tout le temps au nom de toute la classe).
La correspondance est vraiment un moyen de faire le point sur ce qui est vécu en classe. Nous le faisons pour les correspondants, mais en réalité, cela nous sert tout autant si pas plus.

Ouvertures aux autres et à un autre milieu :

- être confronté aux autres et à un autre milieu aide à grandir et à élargir leur horizon.
Par exemple, manger le pique-nique offert par son correspondant n’est pas si facile que cela.

- Chaque enfant existe à travers ses lettres. Il n’a pas de réputation devant son correspondant.
Même si les enfants sont jeunes, il est important d’avoir une correspondance personnelle. C’est alors davantage le lieu de parler de ce qui est personnel. En cela, les lettres collectives et individuelles se complètent vraiment bien.

- La correspondance demande aux enfants de réaliser du travail de qualité. L’exigence demandée est plus facilement acceptée par les enfants. Il est normal d’envoyer une lettre soignée avec une belle écriture pour pouvoir être lu.
Les enfants s’appliquent spontanément. Ils acceptent aussi de recommencer si le résultat n’est pas satisfaisant.

- Permet de refaire des activités pour les correspondants. On partage avec les correspondants et on s’approprie la technique.

- Pour l’enseignant, c’est aussi un moyen d’avoir un contact avec quelqu’un qui partage et défend un même projet.

4. Pourquoi cette correspondance fonctionne-t-elle ?

- Un rythme soutenu dans les échanges. Des envois réguliers et des rencontres. Les enfants n’attendent pas des nouvelles de leurs correspondants sans rien faire. Ils travaillent aussi sur un envoi. La correspondance fait vraiment partie de la vie de la classe. Ce n’est pas une activité qui vient en plus lorsque nous avons le temps.

- Les deux classes y consacrent la même énergie et la même importance. Il est essentiel que les attentes soient claires entre les deux enseignants dès le départ. Avant de se lancer dans la correspondance, il faut dire ses attentes.

- Notre correspondance est fortement axée sur la créativité. C’est plus qu’une lettre qui est envoyée. Le fait que la tranche d’âge soit grande et que des enfants soient lecteurs et d’autres non oblige que les lettres puissent être « lues » aussi par les plus jeunes. Il y a donc les mots, mais aussi les productions artistiques.
Tous les enfants peuvent y trouver du plaisir étant donné que tout peut être envoyé.
Ce qui permet à chacun de s’y retrouver. Que ce soit au moment de les réaliser qu’au moment des les recevoir.