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En Chantier n°18. Un thème de recherche : Pourquoi la guerre d'Algérie ?

Dans :  Techniques pédagogiques › 
Un thème de recherche :         Pourquoi la guerre d’Algérie ?
 

Rencontre avec des anciens appelés et un réfractaire de la guerre d’Algérie
le 21 janvier 2011 au lycée polyvalent Rive gauche à Toulouse
 
 
Classe de Patricia Quinsac seconde 11 – Lycée Rive Gauche – 31 Toulouse
 
           
 
Plan de l’article :

1 - Présentation.

2 - Les questions posées lors de la rencontre.

3 - Et aujourd’hui : une association contre la guerre.

4 - Quelques réactions d’élèves.

5 - Prolongements.
 
 
 
1 - Présentation :
 
Vendredi 21 janvier, nous avons organisé une rencontre avec des personnes ayant fait la guerre d’Algérie. Cette rencontre a duré deux heures. Les personnes conviées étaient quatre anciens soldats, une classe de terminale L, une réalisatrice de film et des personnes de deux radios.
Nous avons fait d’abord une présentation des anciens soldats et du programme. Il y avait Gérard Kihn, engagé à 18 ans, M. Georges Garié, instituteur qui fut sous-officier en Algérie, Robert Siméon-Cadot réfractaire et Jacques Carbonnel qui s’est joint à eux et qui a été appelé vers l’âge de 26 ans. Tous font partie de l’Association des Anciens Appelés d’Algérie contre la Guerre (4acg).
Six thèmes ont été présentés par les élèves de notre classe, sur lesquels nos invités ont su créer une discussion :
 -Pourquoi la guerre d’Algérie ?
- les Algériens dans la guerre ;
- les sentiments des soldats ;
- les réfractaires et les déserteurs ;
- le retour en France ;
- l’action de l’association.
Louise
 
 
2 - Les questions posées lors de la rencontre :
 
1        - Sur la guerre 
La guerre d’Algérie s’est déroulée de 1954 à 1962, nombreux sont ceux à se demander ce qui s’est passé, surtout les jeunes. Qu’est-ce qui a provoqué la guerre d’Algérie ?
 
Nous nous sommes posé la question : pourquoi les survivants de cette guerre la considèrent-ils comme un sujet « tabou » ?
Questions aux invités :
-         comment avez-vous vécu le début de cette guerre ?
-         quelles étaient vos pensées quand vous avez su que vous alliez combattre ?
Yasmine, Fella, Karen
 
 
     2 – Sur le vécu des soldats dans la guerre
Questions aux invités :
-         Avez-vous parlé avec votre entourage de ce que vous avez vécu en Algérie ?
-         Comment a été votre retour à la vie active ?
                                                                                                   Nassiba, Manon, Anaïs, Sophie
 
Voici un poème écrit par George Garié, un des invités. Ce texte est paru dans un recueil intitulé « La guerre d’Algérie ».
 
La colonne avançait sous un épais brouillard.
Un silence pesant courbait les silhouettes,
Au milieu des soldats, titubant, l'œil hagard,
Un fellah redoutait que la troupe s'arrête.
 
La veille, un court instant délaissant le maquis,
Il était arrivé pour embrasser sa mère
Au plus mauvais moment où paras et harkis
Bouclaient rapidement le village berbère
 
Sa présence en ces lieux était des plus étranges,
Seuls y vivaient encore des femmes et des enfants,
Aussi quelques vieillards, mais bien que ça dérange
Tous les hommes valides étaient morts ou absents.
 
Plaqué d'une main ferme le dos contre le mur,
Il regrettait très fort son envie malheureuse.
Constatant qu'aujourd'hui le lieu n'était pas sûr,
Qu'il risquait fort sa vie, sauf fuite périlleuse
 
Poursuivant leur mission d'action psychologique,
Les soldats exultaient d'avoir eu cette fois
La chance de trouver par un effet magique
Celui qui s'avérait une prise de choix.
 
La soirée se passa ainsi que d'habitude
A presser le suspect de questions et de coups.
Muet, il résistait, face à sa solitude,
Malgré tout le para en vint enfin à bout.
 
Puis au petit matin la décision fut prise :
Le jugeant encombrant, mal en point de surcroît,
Quelques rudes gaillards, dans cette brume grise
Allaient l'accompagner à la corvée de bois.
 
Une courte rafale déchira le silence ;
La face contre terre comme pour l'embrasser,
Le fellah est tombé étant le seul, je pense,
D’être de ses remords enfin débarrassé.
 
(Massif du Sidi Ali Bou Nab-Grande Kabylie - 1957)
 
Nous avons choisi de lire le poème « Corvée de bois » car c’est celui qui nous montre le plus de sentiments. Il nous fait comprendre ce qu’est la torture, il nous parle des interrogatoires et ici, l’interrogé se fait tuer à la fin.
 
3 - Et aujourd’hui : une association contre la guerre.
Nous allons parler de l'association 4acg : association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre. Cette association a été créée le 8 janvier 2004 à Albi. Quatre anciens appelés ont décidé de demander la retraite du combattant pour la réserver intégralement à des populations qui souffrent de la guerre ou à des organismes œuvrant pour la paix.
A travers cette association, les membres de la 4acg veulent montrer qu'aucun conflit ne peut se résoudre durablement par les armes, ils veulent nous faire prendre conscience de l'horreur de la guerre. Le désir de transmettre cette mémoire aux jeunes générations les a poussés dans cette démarche.
C'est pourquoi ils ont choisi de témoigner pour sensibiliser les jeunes aux dangers d'une obéissance aveugle à des ordres ou à des directives allant à l'encontre des valeurs humaines fondamentales, en se rendant dans les collèges, les lycées ...
 
Questions aux invités :
-         Pourquoi avez-vous choisi de faire cette association ?
-         Quelles sont les différentes actions réalisées par l'association ?
 
Baptiste, Ophélie, Lucas, Arnaud
 
4 - Quelques réactions d’élèves :
 
« J’ai trouvé cette rencontre passionnante car on a pu entendre plusieurs réactions face à cette guerre. On a pu voir à quel point cette guerre les a marqués à tous les quatre. Je trouve que c’est vraiment quelque chose de bien qu’ils veuillent faire partager leurs réactions avec des jeunes, cela nous montre qu’il ne faut pas suivre leur exemple. Ils l’ont dit eux-mêmes, si on se trouve dans une telle situation, il ne faut pas partir sur le champ de bataille. »
                                                                                                                                         Lucas
 
« Les invités étaient émus mais ils ont eu le courage de répondre à nos questions. J’ai trouvé cette rencontre formidable, je voulais en savoir plus sur cette guerre car je suis d’origine algérienne. Cette rencontre a été enrichissante. »
                                                                                                                                          Fella
 
« Les trois anciens appelés nous ont dit qu’au début de la guerre, ils n’étaient pas contre mais au fur et à mesure, ils ont donné raison aux résistants algériens. Cet échange nous a beaucoup apporté, autant à nous qu’à eux, pour eux expliquer cette guerre, pour nous la comprendre. »                                                     
 
                                                                                                                                        Yasmine                                      
 
« Cette rencontre… je ne sais pas comment la décrire en un mot.
Impressionnante car il y avait beaucoup de monde, dans la salle polyvalente, avec des micros, une réalisatrice, les élèves de terminale, deux radios, les camarades et leur stress devant tout le monde.
Emouvante, lorsqu’un des appelés s’est mis à pleurer mais aussi parce que ces grands-pères, il faut le dire, venaient expressément pour nous parler de choses qui les faisaient souffrir, qui avouaient devant nous ce qu’ils avaient fait : la guerre.
Troublante, car je ne cessais d’imaginer mon grand-père à leur place, assis devant 80 personnes, avouant que pour lui la torture avait fini par se banaliser (même si mon cher papi ne m’a jamais parlé de la guerre et que je n’ai jamais abordé le sujet) et je n’ai pas cessé d’imaginer ce qu’ont pu ressentir les trois soldats, de me mettre à leur place, à chacun des moments de leurs récits. Je suis repartie avec un drôle de sentiment glacé au fond du ventre (mais c’était sûrement le stress).
Je pense que l’action de la 4acg est nécessaire autant pour récolter des fonds que pour nous sensibiliser, ainsi nous ne commettrons pas les mêmes erreurs, nous sommes « prévenus ». »
                                                                                                                                  Marie
 
« J’ai bien apprécié cette rencontre avec ces messieurs qui sont très intéressants et émouvants à la fois. Ils nous expliquent ce qui s’est vraiment passé, chacun à leur tour car ils n’ont pas vécu la même chose. Chacun a une version différente selon l’âge qu’il avait et où il était à ce moment-là. »
                                                                                                                                   Karen
 
« Je trouve que cette rencontre avec les intervenants, anciens soldats ou réfractaire de la guerre d’Algérie a été très instructive pour nous. C’est vrai qu’on parle très peu de la guerre d’Algérie qui n’était pas vraiment considérée comme une guerre. Désormais nous en savons davantage. On comprend que ça a dû être très dur et qu’ils le garderont à vie. »
                                                                                                                                 Sophie
 
« La torture a été un sujet dont ils ont beaucoup parlé. Cela était très émouvant et difficile à raconter pour eux. Cependant, ils ont eu le courage de nous en parler et de raconter leurs mésaventures. Ensuite, ils ont aussi évoqué le retour en France. D’après eux, personne ne voulait les écouter, même leur famille. Ils n’ont parlé de la guerre que 50 ans après leur retour.
Pour nous, cela a été très intéressant et nous avons pu savoir la vérité sur ce qui s’est passé lors de ce qu’on appelait les « événements d’Algérie ». »
                                                                                                                                  Louise
 
 
« Cette rencontre avec ces quatre hommes remplis de courage n’a pu que nous enrichir. La leçon qu’il faut en tirer, c’est de toujours faire ce que l’on trouve juste et non ce que l’on oblige à faire. Il y a même eu un réfractaire, qui a payé cher cette décision en allant en prison. Mais ce que je retiendrai le plus, c’est la scène de torture avec les chocs électriques dans une baignoire décrite par un soldat y ayant participé. Ce qui m’a plu avant tout, c’est qu’ils assument leurs actes et qu’ils osent en parler devant des inconnus comme nous. Ils ont eux aussi su apporter des arguments sur les raisons de leurs agissements tels que l’engouement (les autres le faisaient alors eux aussi) et la vengeance. »
                                                                                                                                   Baptiste
 
 
« Les quatre intervenants ont parfaitement répondu à nos questions, c’est ce qui m’a fait plaisir (car il y avait des questions difficiles, par exemple : « Avez-vous participé à la corvée de bois ? »). Lorsqu’un des intervenants a lâché des larmes à cause d’un souvenir qu’on voudrait vite effacer de notre mémoire (si nous avions été à sa place), cela m’a fait de la peine. De plus, je trouve excellent le fait qu’ils utilisent l’argent qu’ils touchent par rapport à cette guerre de façon généreuse et pour aider les Algériens. La guerre d’Algérie a été un moment difficile pour les Français et surtout pour le peuple algérien. Ma grand-mère a été mariée à un homme qui est mort pendant cette guerre en laissant derrière lui des enfants… puis elle s’est mariée avec mon grand-père qui lui aussi y a participé. Ce que je retiens de cette rencontre est que, comme l’a dit l’un des intervenants, notamment le réfractaire, il faut savoir désobéir aux choses injustes. »
                                                                                                                                        Nassiba
5 - Prolongements :
Dans la mémoire de la guerre d’Algérie, on parle peu du point de vue algérien alors qu’il est aussi important que le point de vue français pour comprendre cette guerre.
 
 
En février 2011 paraît un récit autobiographique écrit par Gérard Kihn, l’un de nos invités. Voici ce qu’il en dit :
« J'ai écrit un témoignage sur la guerre d'Algérie qui a duré de 1954 à 1962. Comme beaucoup de jeunes gens je me suis retrouvé sous l'uniforme en Algérie d'octobre 1957 à octobre 1959.
Mon témoignage est sans complaisance et je relate les faits tels que je les ai vécus. Pour la majorité d'entre nous, ces témoignages que l'on a voulu garder enfouis au fond de notre mémoire resurgissent malgré le temps qui passe et la volonté d'oublier. Témoignages de honte, de
 

colère et d' indignation, de violences et de peurs. A vous de juger. »

 
Titre de l'ouvrage- Algérie: Le sang des autres
Auteur: Gérard Kihn
 
Editions Empreinte  
10, Bd de l'Europe
BP 9
31122 Portet sur Garonne
Site:

 

 
Vous pouvez le trouver ou le commander dans les librairies au prix de 19,50 €, ou sur le site ci-dessus.
 
Si vous avez des difficultés à le trouver, vous pouvez contacter directement l’auteur :
05 61 73 45 10
7 Allée du Cantou – 31320 Auzeville  
Courriel : kihngerard[arobase]aol.com (kihngerard[arobase]aol.com)
 
 

 

Cet article peut être prolongé par des recherches documentaires, des questions aux proches, des débats, etc. La guerre d’Algérie reste une question très sensible et il est souvent difficile pour ceux qui l‘ont vécue d’en parler. Il convient donc d’approcher ce thème avec prudence, car les passions et les blessures ne sont pas éteintes. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faut ne pas s’y intéresser…

 

 

 

 

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guerre d'algérie

C'est bien de pouvoir parler de cette guerre à laquelle j'étais opposé avant d'y être de janvier 1959 à avril 1961 sans interruption.Ma vie en a été bouleversée avant d'y participer et aussi après.Mes souvenirs sont désagréables.Je peux fournir des photos.Bon courage aux enseignants.Nous faisons l'Europe avec les Allemands dont nous avons gardé les séquelles mais nous refusons les Algériens que nous avons colonisés.

andre.maurice2[arobase]libertysurf.fr