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Une réflexion sur la pédagogie de Nadia Belaghlem Boukherouba, membre du Chantier de pédagogie sociale.

N° 204 - Apprendre ? C'est vivre

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La pédagogie sociale, scolaire,  amicale ou familiale, peu importe l'adjectif... ce qui compte c'est la « pédagogie ».

J'ai longtemps réfléchi et tourné autour de ce mot « pédagogie ».  
Mais qu'est ce que ça veut dire ?
Comment démarrer, quel pronom utiliser, le « je », le « il »; le « nous »...
Je me suis demandé si après tout, la pédagogie n'était pas une affaire de pronoms : personnels, possessifs, démonstratifs, définis ou indéfinis...
Et si... 
Face à la page blanche, je suis retournée vers la définition et l'étymologie du mot « pédagogie ». J'ai lu : « conduire, mener, instruire, éduquer, méthode et procédé... »
Et puis cette phrase : « La petite histoire raconte que ce mot grec désignait la personne (généralement un esclave) accompagnant les enfants sur le chemin de l’école et ceci afin d’éviter de mauvaises rencontres. »
 J'y ai retrouvé un mot qui me parle beaucoup : « rencontre ».
Et si la pédagogie n'était qu'une affaire de rencontre ? La rencontre des pronoms et des auxiliaires par exemple.
Et si tout commençait par là... et se terminait par l'alchimie qui se produit autour de cette rencontre.
 
 La rencontre
Bonne ou mauvaise, elle emballe, elle provoque les pronoms qui parfois s'entrechoquent et se martèlent ; parfois se fondent et se confondent, s'opposent et s'unissent...
Il y' a celle que l'on choisit, celle que l'on évite, celle que l'on provoque, les improbables, et les évidentes... Toutes sont nourrissantes...
La vie ne commencerait-elle pas par la rencontre, belle et merveilleuse naissance, se terminant par elle, dans la triste et l'effroyable mort.
Après tout la mort de l'homme par exemple, pour prendre la pire des rencontres inévitables,  que représente-t-elle pour l'univers ? On ne sait pas. Mais en regardant de très très loin, on peut voir d'elle une minuscule graine plantée dans la terre.  
Bonne ou mauvaise, de toute façon la Rencontre est universelle et intemporelle. Elle conduit, mène, instruit, éduque, cultive, nous apprend, et nous rend différent à chaque fois.
De là s'en suit un processus de co-« naissance » essentiel aux apprentissages.
Les événements et la force de la vie nous démontrent souvent la petitesse de nos connaissances ébranlant nos certitudes en nous apprenant entre autres l'humilité, l'ouverture et la place essentielle de l'erreur en chacun de nous.
 La pédagogie, c'est aussi savoir laisser la porte de ses certitudes entrouvertes pour y laisser place au doute « consubstantiel à toute véritable intelligence » (disait un avocat général).
Une toute petite place, comme celle que l'on accorderait au « vous » au « ils », aux autres, dans la jonglerie des pronoms à l'intérieur de soi.
La pédagogie ne se soumet pas au résultat qui dépendra du respect, de la justesse, de la confiance, et d'un tout plein de choses qui nous dépasse dans le processus de la vie.
Elle, répond à des attentes communes de différentes manières en attendant la prochaine question.
Elle se cuisine avec les mots, les gestes les imitations et les mîmes et bien d'autres encore.
Elle s'articule harmonieusement ou pas autour du vital, de l'essentiel,  du nécessaire, de l'utile, de l'improbable...
C'est pour moi, une façon bien personnelle d'apprivoiser la vie et de transformer la mort au service de tous.
 
Nadia Belaghlem Boukherouba (77) , Chantier « Pédagogie sociale »