Gaïa
Conception, mise en scène et scénographie : Gilone Brun – Photographe : Marie-Noëlle Diochon – Affiche et dessins de l’affiche : Vanessa Kašcová
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"... J'aimerais partager avec les enfants l'espace de liberté qu'offre l'acte de créer."
Lourdes tentures, voiles : entrer, se glisser plutôt dans un grand cylindre obscur, une brume de lumière tombe d'en haut. Tout petits, ici, les spectateurs, quelques-uns encore dans les bras des grands, - peur, pas peur - s'arrêtent au bord du cercle magique : le petit fil rouge trace la limite dehors / dedans, aux bords de ... Colonne poudreuse de lumière pâle, temps suspendu…
Il n'y a pas de début, il n'y a pas de fin, il n'y a peut-être pas d'histoire. Et pourtant, le spectacle Gaïa est né de la lecture de L'Univers, les Dieux, les Hommes de Jean-Pierre Vernant.
J'ai été frappée par le début du texte, par tout ce qui se passe bien avant les Olympiens, par la source la plus archaïque du mythe. J'ai soudain compris ce qui liait le mythe à la création: le même terme pour parler de la naissance du monde et de l'acte de créer.
En créant, nous entrons dans ce qui est le plus vivant dans la matière, au moment même de la naissance de l'univers.
A travers les métamorphoses de la matière et des formes, à travers le ravissement de la couleur et du son, quelque chose se raconte de l'arrachement au chaos, de l'enfantement de Gaïa, du partage des éléments, de la castration d'Ouranos, jusqu'à la tentative bégayante du langage.
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Qu'est-ce qu'il y avait quand il n'y avait pas encore quelque chose, quand il n'y avait rien ?
Au début, ce qui exista en premier ce fut Béance;
les Grecs disent Chaos...
Ensuite apparut Terre.
Les Grecs disent Gaïa ...
Elle est le plancher du Monde ...
D’après Jean Pierre Vernant
- Toi, t’es-qui, toi ?
- Moi, je suis un cyclope.
- Cyclope ? Tu fumes ?
- Oui, de l’œil ! Je crache du feu…
-Et toi, t’es-qui ?
-On, qui, on, quoi, on est trois Hécatonchises.
On est très gros, on a cent bras,
On a cinquante têtes…
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En réveillant les mythes, en réveillant l'histoire qui dormait dans l'acte de créer, je cherche à retrouver ce qui lie le geste du peintre et celui du musicien aux mots et à inviter chacun, petits et grands, le temps d'un spectacle, à tisser leur propre histoire avec l'histoire des origines.
J'ai souhaité aller à la rencontre des enfants, de la rivière de leur parole, j'ai souhaité entendre d'où ça parle et y faire écho, afin de partager avec ceux qui en ont encore mémoire dans leur chair, le moment de son mystère.
Embarqué, chacun, en effet, grand ou petit, pris dans cette fable qui se passe de mots, autres que mots naissant dans le balbutiement qui les fait advenir avec la lumière, encore pris dans l'humus des sons, des gestes, des couleurs de leur mise au monde.
Ecole Françoise Dolto (classe de Grande Section),
Villeneuve-les-Maguelone (Hérault)
L’enfant a fait un dessin du spectacle.
Il est remarquable de voir comment il a su représenter très nettement la scénographie, les acteurs et les objets.
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