Novembre 2001
|
Qu'est-ce que la photographie pour le regard du spectateur? Ce texte, revu collectivement avant d'être annoté par les interviewés lors de la demande d'accord de publication, a été initié et coordonné par Sébastien Delas et Julien Mabille (classe de 4°C). Nature de l'image photographique
La photographie est quelque chose que l'on interprète, chacun comme on la sent, comme on la souhaite, comme on la pense. Pour certains, la photographie ne sert qu'à montrer des paysages. Pour nous, c'est un moyen d'exprimer une idée, une pensée. On pourrait dire: à chacun son idée sur ce sujet, mais peut-être faudrait-il mieux dire: à chacun selon son regard.
Pourquoi la photographie?
La photographie relève souvent d'une belle prise de vue, ou d'une symétrie comme un poteau, un caillou... bref de la maîtrise de la technique et, derrière, du ressenti pour donner à voir .
Dans l'exposition, certaines photos se réfèrent à la nature, à la "réalité" de la vie, d'autres permettent de garder des souvenirs.
Du ressenti de la photographie
On peut tout faire percevoir par la photographie. Par exemple, dans une photo en noir et blanc, on peut percevoir une tristesse, une ivresse, une détresse, presque de la folie (voir "De la danse à la transe"). Sur d'autres photographies, la couleur sert à rendre, ou à créer, la beauté d'un paysage. Ainsi, on entre mieux dans toute la réalité du paysage, de la vie. C'est le lien, le regard donc, qui permet ces effets.
Mais les réactions devant une photographie sont très variées selon les spectateurs; ce qui prouve que chacun la charge d'un contenu propre. On explique ainsi que certains vont aimer une photo que d'autres vont trouver sans intérêt. Chacun son idée sur le sujet. Pourquoi? parce que c'est chacun en fonction de ses émotions. Pourquoi parler d'émotion? Tout simplement parce que la photographie s'adresse, par excellence, à "l'intime" (impression, mémoire, sentiment, inconscient) et qu'il n'y a personne entre la photographie et le spectateur.
 Michèle Quercy, série "Au seuil de l'instant", 1999, titre : "De la danse à la transe".
Les discussions à l'issue de l'exposition, durant la visite, ont souligné ce fait: chacun interprète la photographie comme il la ressent, comme il la perçoit, comme il veut la traduire, l'accepter ou la refuser, comme il veut la rêver.
En ce sens une photo, c'est un peu un mystère, puisque ce qui est vu -donné à voir- par le photographe déclenche une autre vision du même sujet par le spectateur. Ce qui est retranscrit sur la photo est réinterprété par le spectateur, et ainsi de suite.
On peut dire la même chose différemment: devant la réalité, il y a plusieurs choix possibles et techniquement, ces choix ont une traduction: moment de la prise de vue, éclairage, angle de vue, distance pour répondre à l'intention, au ressenti du photographe.
Titre de l'exposition et interprétation du spectateur
Le titre permet de rassembler, de réunir, bref de donner une unité à la diversité des regards possibles sur un même thème. En fait, l'unité de thèmes peut élargir le contenu d'une photographie. De plus, une exposition sur un thème, comme c'est le cas, oblige le photographe à approfondir son regard pour exprimer son propos. Enfin, une exposition de groupe sur un thème apporte au spectateur un champ élargi de réflexions, d'attentions. Les regards spectateurs sont amenés, ainsi, à des découvertes. Le fait de passer d'une photographie à une autre, de se mouvoir devant les cadres, donne une respiration des idées et des émotions, si on veut bien accepter l'expression.
Cerner le mot photographie
Certains élèves ont dit que puisque la photographie renvoie à l'idée "d'écrire la lumière", c'est qu'elle porte une part de rêve. Mais n'est-ce pas la réalité arrêtée dans le temps par le déclic du photographe: cela a été pendant un instant, dans un lieu, maintenant figé hors de ce lieu sur la photographie.
La photographie peut être aussi un support d'expression, pour le photographe, bien sûr, mais aussi, pour le spectateur, ce que confirme l'atelier de création poétique qui a pris les photos comme déclencheurs.
|
Auteur :