Persistance du mythe
S'engager dans ce travail, c'était réveiller en chacun les émotions liées au récurrent rêve de vol, aussi vieux que l'humanité : c'était accéder au pouvoir de se libérer de son corps terrestre, à l'imitation de l'oiseau et comme dans le mythe d'Icare, s'évader des contraintes terrestres, du labyrinthe indéchiffrable du monde, en se dotant de la mécanique des ailes.
Ovide raconte dans « Les Métamorphoses » l'exploit de l'architecte Dédale : « Quand l'artisan a mis la dernière main à son ouvrage, il cherche à équilibrer de lui-même son corps sur ses deux ailes et il se balance au milieu des airs qu'il agite. Il donne aussi des instructions à son fils :
- « Icare », lui dit-il, « tiens-toi à mi-hauteur dans ton essor, je te le conseille ; si tu descends trop bas, l'eau alourdira tes ailes ; si tu montes trop haut, l'ardeur du soleil les brûlera. Vole entre les deux… Prends-moi pour seul guide de ta direction ».
En même temps, il lui enseigne l'art de voler et il adapte à ses épaules des ailes jusqu'alors inconnues… A la vue de ces hommes capables de traverser les airs, (on les prend) pour des dieux ». Mais Icare « tout entier au plaisir de son vol audacieux, abandonne son guide ; cédant à l'attrait du ciel, il se dirige vers des régions plus élevées. Alors le voisinage du soleil dévorant amollit la cire odorante qui fixe ses plumes ; et voilà la cire fondue ; il agite ses bras dépouillés ; privé des ailes qui lui servaient à ramer dans l'espace, il n'a plus de prise sur l'air ; sa bouche qui crie le nom de son père, est engloutie dans l'onde azurée à laquelle il a donné son nom ».
Dans Cinq semaines en ballon , roman d'anticipation, Jules Verne raconte une traversée de l'Afrique à bord du ballon le « Victoria », les innovations techniques imaginaires de ce ballon préfigurent celles du ballon mixte air chaud et gaz, utilisées actuellement pour les grands voyages en ballon, comme le tour du monde de Bertrand Piccard et Brian Jones, en 1999.
Voler de ses propres ailes
L'aéroplume, machine à voler, machine à rêver, auxiliaire de l’homme oiseau, est un dirigeable utilisant l’énergie humaine pour se mouvoir dans l’air, à l’aide de battements d’ailes.
L’inventeur, Jean Pierre David, a allié dans sa formation beaux arts et ingénierie aéronautique. Il a réussi à résoudre le problème du vol, en associant un ballon pour se sustenter et des ailes pour avancer.
Aéroplume de Jean-Pierre David.
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Avant lui d’autres essais avaient échoué, comme celui du général Resnier : « Nous devons voler et tomber, voler et tomber, jusqu’à ce que nous puissions voler sans tomber ». Un siècle avant l’exploit de Santos-Dumont, en 1801, ce général avait réussi à planer sur 300 mètres du haut des remparts d’Angoulème jusqu’au fleuve Charente, au moyen d’ailes de taffetas recouvertes de plumes.
Pour des raisons de coût, le forum n’a pu accueillir que les modèles pour enfant. Il a permis à quelques uns de se libérer de la pesanteur et d’éprouver cette sensation magique de toucher, grâce aux ailes, l’air qui semble impalpable au quotidien.
Actuellement , Jean Pierre David a aussi réalisé des modèles pour adultes. Si les modèles à rames sont réservés à l’intérieur, des modèles avec moteurs électriques permettent de parcourir le ciel lorsque le temps est clément.
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Échanges de savoirs
Rencontre école primaire IUT
- la mallette pédagogique : des étudiants des départements « Carrières sociales » et « Génie Mécanique » se sont associés pour intervenir dans des écoles primaires, proposant une initiation historique et technique à l’aérostation. Ils ont conçu à cette occasion une mallette comportant des photos retraçant les grandes lignes de l’histoire du dirigeable, ainsi que du matériel d’expérimentation pour comprendre les trois étapes du mouvement : la sustentation, la propulsion et la direction.
- A la suite de leur passage, les enseignants ont proposé à leurs élèves différents travaux d’expression. Certains retiennent les aspects techniques et fonctionnels, d’autres font davantage jouer l’imaginaire poétique lié au rêve de vol, et le dirigeable devient île.
dessins des enfants de l'école Jean Macé, Mérignac, (Gironde)
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