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Tic-tic au collège: Un artiste dans le collège

Décembre 2000

 

Un artiste dans le collège

Dès mon arrivée au collège il y quatre ans, j’ai voulu que ces artistes communiquent avec les élèves du collège. J’ai donc entrepris, d'abord dans le cadre de l’atelier  (voir CréAtions N°92) une démarche dans ce sens: organisant des visites dans les ateliers, créant une relation privilégiée avec un artiste.
Emmanuel Aragon a été résident à « Pollen* » et c’est lui que l’association m’a proposé, en accord avec la DRAC* qui finance les interventions.
Après avoir pris connaissance du travail qu’il avait réalisé dans une école primaire, nous avons décidé de sa venue au collège sur le temps de l’atelier (deux heures), une dizaine de fois dans l’année.
 

Pollen*: association qui organise les résidences d'artistes.
DRAC*: Direction régionale de l'action culturelle.

 

Tatônnement

Cette première année n’a pas été très concluante car ni Emmanuel ni moi n’arrivions à nous situer l’un par rapport à l’autre : il avait tendance à jouer le rôle d’un professeur bis et cela ne nous convenait pas.
Mais comment faire autrement ?  Comment un artiste eut-il trouver sa place au collège?
Au début, les visites étaient régulières, seulement espacées de quelques semaines, avec comme objet l’aide à la réalisation ou à la discussion sur le travail en cours. Mais après quelques mois, Emmanuel a entrepris une relation beaucoup plus personnelle avec les élèves, à partir d’une correspondance vidéo: les élèves se filmant au collège (enfermés sans le prof dans la réserve de la salle d'arts plastiques), l’artiste à Bordeaux.
Peu à peu s’est instaurée avec l’artiste une complicité que je suis presque arrivé à jalouser car les élèves lui parlaient sans que je puisse intervenir ou même être admis dans le coin de l'enregistrement. Emmanuel leur répondait deux à trois semaines plus tard (ou à plus long terme), en les « convoquant » d’abord tous ensemble devant la télévision puis un par un, dans un rapport privilégié qui suscitait vraiment l’intérêt des élèves. Et ce n’est que beaucoup plus tard qu’Emmanuel venait nous rendre visite… Et sa visite était d’autant plus attendue.
 

Extrait de la correspondance vidéo

Thibault: J'aimerais bien que tu répondes à une question. J'espère que tu vas bien, déjà. La question, c'est comment, une solution, comment on pourrait mieux s'entendre entre nous? Parce que y'en a un qui arrête le projet, l'autre ui continue, t'as entendu Sébastien.... Simon n'a jamais arrêté, personnellement, j'aime bien le truc qu'on a fait avec Simon, mais Sébastien n'est pas content, tatati, tatata, Simon n'est pas content, des fois, moi aussi, je suis pas content.

(même jour)

Thibault: J'aimerais bien te poser la question, comment on pourrait partir du but du jeu parce que nous on est un peu paniqués, on va un peu dans tous les sens et puis voilà;

Simon: Aujourd'hui on a parlé du projet, nous avons fait de la vidéo. Moi je trouve qu'on a bien avancé.

Thibault: Nous on avance très peu dans notre projet. Je le sens mal. J'aimerais bien que tu nous dises comment être original, nous donner plein d'idées sur ce que tu penses.

Sébastien: J'ai le regret de te dire qu'on a arrêté le projet et Qu'on continue sur la même histoire, ce sera un livre.

(autre jour)

Avec Thibault nous faisons une vidéo: par exemple nous prenons un évier, on met de l'encre et on verse n'importe quelle encre dessus, donc ça va attacher au lieu de couler dans les tuyaux et tout, ça va s'arrêter sur la peinture blanche et dès qu'on va mettre un peu d'eau ça va se mettre à couler hyper vite. Donc ça fait des figures étonnantes, des choses hyper jolies, même que lorsqu'on met de violet très foncé on dirait du noir, et que l'on met des gouttes d'eau par-dessus toujours au même endroit, ça va faire un petit jet d'eau , l'impact du jet d'eau, ça va faire comme une météorité. Et quand l'encre va s'évaporer, ça va faire comme si cétait la queue de la comète, donc plein de choses comme ça, et voilà, j'ai bien avancé sur ça.

Les artistes ont collaboré avec une professeur d’Histoire et Géographie dans une production collective avec une classe de sixième : ceux-ci ont voulu transformer la salle de Classe en « salle de billard ».

 

Une « Résidence d’artiste »
dans le collège
 
Malgré l’intérêt de cette nouvelle orientation, nous avons décidé pour la deuxième année de changer la manière de penser la relation d’Emmanuel avec le collège.
D’abord, par souci de moins d’élitisme, je voulais que tout le collège soit concerné par le travail d’Emmanuel et non plus seulement l’atelier.
Ensuite, nous avons pensé qu’il devait venir beaucoup plus en tant qu’artiste, avec sa démarche, avec son travail. Nous avons pensé que sa manière d'être devait intervenir beaucoup plus.
Après avoir soumis notre projet à La Principale, nous avons donc inventé à Libos (peut-être que cela existe ailleurs) l’idée de «résidence d’artiste en collège».
Ainsi est né le l’opération Tic-Tic*.

 

Tic-Tic*:

l'appellation Tic-Tic a été donnée par les artistes qui voulaiet au départ que leur collaboration au collège ait pour cadre la création de très courtes vidoés juxtaposant des séquences de gestes brefs, à peine perceptibles, à la limite de l'expressif, comme peuvent l'être les tics.

 
 

Un contrat

- un artiste présent dans l’établissement pendant une semaine,
- un lieu à lui pour qu’il puisse y déposer son matériel, y travailler, éventuellement s’y retirer ou y recevoir la visite libre des élèves.
- 4 types d’investissements ont été demandés à l’artiste :
1/ réaliser une production dans l’établissement pendant la durée de la résidence et la donner à voir,
2/ proposer des déclencheurs pour attiser la curiosité et la participation des élèves pendant les récréations,
3/ rechercher des collaborations avec des enseignants,
4/ être à l’écoute des élèves qui désireraient exposer ou produire quelque chose.

Dans l’atelier des artistes,
beaucoup d’élèves sont passés,
questionnant ou faisant
des remarques
sur ce monde en construction et en ébullition,
un monde si différent
de leur univers quotidien.

Emmanuel a souhaité réaliser sa résidence avec un autre artiste Samuel Buckmann.
Je n’y voyais que des avantages (deux artistes pour le prix d’un, si je puis me permettre ce genre de réflexion) ; les artistes, quant à eux, avaient depuis longtemps le désir de trouver un lieu pour produire ensemble, lieu que le collège leur offrait pendant une semaine.
 
Des élèves de troisième ont installé sur les murs des couloirs du collège les anamorphoses qu’ils avaient réalisées en classe.
 

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