Les machines de Jean Tinguely que ce soit une des Baluba ou celles de la Fontaine Stravinski découvertes à Paris fascinent les enfants tant pour leur aspect visuel que sonore.
Je leur propose de regarder des vidéos réalisées lors d'une visite au Musée Tinguely de Bâle. On y retrouve son univers de mouvements, ses installations mécaniques , ses machineries et d'autres fontaines animées.
On lit un extrait d'une interview de Jean Tinguely qui explique comment il fabriquait déjà des "machines" lorsqu'il était enfant .
"Des machines à sons, j’ai commencé d’en construire tout gosse. Le samedi, notre jour de congé, je partais au petit matin, un sandwich dans la poche. Mon but était un coin de forêt fermé tout en haut par les arbres et traversé par un ruisseau médusant. Cà et là des fantômes de fleurs, une herbe noire et des troncs noueux. Mais surtout, une merveilleuse situation sonore, un vide intense constellé de chétifs bruits bizarres, difficilement identifiables. Et si, par inadvertance, dans une tache d’ombre, je marchais sur une branche, l’éclat d’un orage me répondait. Je voulais participer à cet environnement de sons. Alors je creusais des petits trous dans le lit du ruisseau. Avec des pinces et des bouts de fil de fer dégotés dans les décharges publiques, je confectionnais des roues, des pales, un axe, une came surmontée d’un petit marteau (souvent un vieux boulon rouillé ou une pierre emmaillotée de fil de fer), qui retombait sur une boîte de conserve, une bouteille, un morceau de verre. Les roues, évidemment, je les bricolais de grandeurs différentes; elles tournaient donc à des vitesses différentes. En outre, je les disposais à des endroits où le cours était là plus rapide, ici plus lent. Bref, je plaçais un élément sonore (roue, came, marteau), tous les deux ou trois mètres. Le soir, quand on n’y voyait goutte, je m’en allais, laissant derrière moi un orchestre de cinquante mètres de long. Et qui fonctionnait. J’ai beaucoup construit par la suite, mais jamais mieux que çà. Ce n’était pas de l’art, mais un événement. J’imaginais un spectateur innocent, un chercheur de champignons, un garde-forestier, qui seraient arrivés là et auraient découvert mon orchestre, éraillé peut-être par une petite branche venue coincer une roue. Quand je revenais, le samedi suivant, trois ou quatre éléments faisaient encore “pim”... “kling”... “pom”... ."
Jean Tinguely, "Ting Ting Tinguely", texte établi par J. N. von der Weid. Le Monde de la musique, mars 1983.
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