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Janvier 2005

 

 

Revue Créations en ligne "Artothèques"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°185 - Publication : décembre 2007
article déjà publié dans la revue Créations n° 115 "Images et mots s'en mêlent" en janvier-février 2005 (Ed. PEMF)
Trois établissements : Collège André Lahaye d’Andernos (Gironde), Lycée Elie Faure de Lormont (Gironde), Lycée agricole de Rodez (Aveyron) Trois enseignants : Philippe Geneste, Carol Baggio-Thomas, Yolande Dupuy

 

 

On s'affiche année 2003/2004

 

Echanger les créations : une ouverture vers l’extérieur

  

Le premier envoi


Philippe : On connaît la rentrée et la question du premier contact avec les élèves. Se présenter est quelque peu inévitable. Mais se présenter par les petites fiches est plus que réducteur. Comment éviter cet écueil et en faire une vraie présentation de soi ?
J'ai demandé aux élèves d'apporter des magazines à découper et, par collage, ils devaient se représenter ou bien représenter une partie d'eux ou d'elles-mêmes. J'imposais le format : ne pas dépasser les dimensions du A4. J'avertissais, aussi, les élèves que ces autoportraits seraient envoyés dans des classes d'autres établissements scolaires. Et parce qu'une expérience ne vaut que dans la mesure où elle est menée entièrement, ce fut le sujet unique, de la première séance… pas de présentation du cours, pas de laïus sur l'emploi du temps, pas de présentations de rigueur.
Ensuite, tout s'enchaîne aisément. Un professeur d'arts plastiques, Dominique Brochet, avec qui je travaille régulièrement est mis au courant et il accepte d'enchaîner immédiatement sur ce premier essai d'autoportrait, pour le travailler, l'enrichir, le formaliser. En retour, je propose aux élèves d'écrire un texte sur cette seconde mouture de leur création… A la suite de quoi, quelques quinze jours après, l'autoportrait est retravaillé en arts plastiques pour y inscrire le texte.
Dès lors, il ne reste plus qu'à envoyer les productions. Une commission courrier est constituée dans une classe de cinquième et une autre dans une classe de quatrième
.

 

    
    Cette île est solitude, calme et douceur.
Etre seule, se sentir libre, seule au monde ; hors de toutes les horreurs du monde, dans une vie assurée, être calme dans la douce solitude.
Personne à qui parler ? besoin de couleur ? Le rouge de la joie ? de la beauté ? de l’amour ? Le rouge est la couleur auto-portrait, essentielle couleur.
Le bleu des profondeurs se livre alors, s’arrachant du virtuel espace de l’être : le bleu rencontre le plein jour. Est-ce un danger ?
Vivre, besoin de fiction, d’imagination, de rêve. Rêver où le virtuel n’est pas un danger mais un bien-être.

Margaux Kappes, 4e

   

Carol et Yolande reçoivent les affiches envoyées par les classes de Philippe.

 

Carol : Nous sommes dans un lycée de proche banlieue, nos élèves habitent souvent la “campagne” et certains vont rarement en ville. L'équipe pédagogique a donc proposé une visite de Bordeaux sur un après-midi. Nous sommes partis en bus et revenus par la navette fluviale. Durant la visite, les élèves devaient compléter un questionnaire historique intégrant des questions en anglais et en espagnol. Après la visite, nous avions prévu de leur faire écrire un texte sur la rue de la vache (petite rue très étroite dans le vieux Bordeaux) dans le cours de français et de leur faire réaliser une affiche sur la ville de Bordeaux (leurs impressions, les aspects plaisants de la ville,…). La proposition d'Andernos est donc arrivée à point.

Yolande : A La Roque, lycée agricole de Rodez, les projets allaient bon train : je travaillais avec l’enseignante d’Education Socioculturelle, sur l’adaptation théâtrale de légendes du Rouergue avec des BTS 1ère année; j’organisais pour mes classes une séance ciné concert en partenariat avec la cinémathèque de Toulouse et un groupe de musique électroacoustique : “les Electrons libres”. Mes deux classes de Seconde rédigeaient mensuellement le dossier du Club Lecture Magazine du lycée, et l’équipe pédagogique des Seconde 3 menait des actions pluridisciplinaires sur l’option EATC, Les Couleurs du territoire. C’est alors que le courrier d’Andernos nous parvint.

Ouverture de l’enveloppe : surprise et émerveillement devant la beauté de ces créations. De toute évidence, il fallait les exploiter en cours et offrir une réponse à Andernos !
L’opération Couleurs du territoire battait son plein, la séquence poésie approchait, ces autoportraits en seraient l’amorce. D’abord une séance de lecture d’image permit de mettre en évidence les notions de dénotation et connotation en lien avec les notions de métaphore et comparaison. Ensuite, les élèves durent choisir un autoportrait et travailler en groupe à l’écriture d’un poème (travail préparatoire de la séance écriture prévue pour l’élaboration de l’exposition Les Couleurs du territoire).
La réponse que nous fîmes au collège d’Andernos fut l’envoi de notre revue Club Lecture Magazine dans laquelle s’affichaient les créations plastiques des uns et les créations poétiques des autres. De plus, celle-ci étant sur le site Internet du lycée, ce bel échange pouvait s’exposer à un large public et dépasser les murs de nos établissements.
Cette année au LEGTA d’Avignon, je poursuis l’exploitation de ces documents avec deux classes Terminales qui travaillent sur Dada et le Surréalisme. Les créations plastiques et poétiques de ces élèves verront le jour courant novembre 2004 et devraient faire l’objet d’une exposition en mars 2005 pour le Printemps des Poètes.
Peut-être seront-ils aussi les éléments d’un heureux échange dans le cadre de “On s’affiche”.

 

Couleurs

Douceur,
Chaleur,
Protection et aventure,
Un monde à soi
Déchaîné par les couleurs
De la sensualité et du maquillage.

La gourmandise,
La bêtise,
L’habitude, les voyages
Se parent comme une peinture.

Les amitiés entre filles,
La famille,
Voile sur un monde coloré
Et imaginé,
Donnent au cœur
De la lumière,
Que du bonheur,
Dans ce monde de fureur.

Céline Gombert

   

 

Comment et pourquoi s’afficher ?


Envoyer à l’extérieur, ce ne peut pas être comme un travail scolaire. C’est la place de l’autre, de l’inconnu, de celui que l’on ne connait pas encore, qui est à travailler. La motivation est tout autre.
- échanger des créations
- pas d'obligation de correspondance car c’est de la communication et un rapport privilégié, suivi
- faire vivre l'extérieur à l'intérieur de la classe : aucun investissement n'est abouti s’il ne rencontre pas un public, un lecteur, dimension essentielle du processeur créateur
- travailler sur tout le cycle de la production scripturale (jusqu’à l’édition !)

Bilan

Tout l'avantage est dans la plasticité de la formule. Réponses mêmes tardives ou affichages de reportages suscitent, chaque fois, de nouveaux envois.
La richesse de cette opération ? “ On s'affiche ” stimule la volonté de rencontrer l'autre par ses réalisations concrètes, s’invente en se faisant et reste ouvert à tout nouveau venu dans la création-réception.

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