Trajicomedia de Don Cristobal y la Seňora Rosita
Mettre en scène un texte, une entreprise fédératrice d’énergie
Au départ, une classe de troisième dite “européenne”, soit une quinzaine d’élèves regroupés autour du choix de l’espagnol en option “lourde” : 5 heures hebdomadaires qui permettent de dépasser le simple cadre d’apprentissage de vocabulaire et de la syntaxe.
Cela permet de s’intéresser à la culture et à la saveur de la langue, surtout quand on est, comme Lili Casassus, leur professeur, inconditionnelle du monde hispanique et passionnée du théâtre de Lorca. Elle n’est pas la seule puisque le professeur d’Arts Plastiques partage cet intérêt pour l’Espagne et sa langue.
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L’idée germe donc de monter une pièce que F.G.Lorca écrivit aux temps héroïques du théâtre itinérant de la Baraca : Tragicomedia de Don Cristobal y la Seña Rosita ; c’est une farce poétique que Lorca qualifie de “guiñolesca” et donc, quoi de plus indiqué que de lui donner vie par le jeu des marionnettes ?
Et ces marionnettes, pourquoi ne pas les faire concevoir, fabriquer, animer par le groupe tout entier, faisant du spectacle une véritable création collective ?
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Mais la technique ne s’improvise pas et rien n’aurait été possible sans l’expérience et le talent de Raül et Marta Gomez-Lavie, professionnels argentins du spectacle, installés depuis plusieurs années à Oloron où ils ont fondé le “Théâtre Labaraque”, au nom prédestiné, et intervenant dans les divers groupes scolaires de la ville.
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L’aventure démarre donc dès le début de l’année scolaire : parallèlement au travail sur le texte en classe d’espagnol, une recherche est menée en cours d’Arts Plastiques, d’abord “ en deux dimensions ”, sur les types de personnages et le caractère de leur visage (face et profil) avant leur réalisation en trois dimensions. Pour les cinq décors (trois intérieurs, deux extérieurs), des mini maquettes en cartoline sont réalisées et les meilleurs projets retenus serviront de base de travail pour les éléments définitifs.
Quatre mois avant le spectacle, les projets sont prêts, les rôles attribués et la mise en forme peut commencer : un ancien dortoir est attribué par l’administration comme atelier de réalisation et de répétition. Tout le monde met la main à la pâte pour l’élaboration des décors en polystyrène extrudé, la confection des têtes, modelées à partir d’un oeuf de papier mâché fiché sur une tige de bois. Marta supervise plus particulièrement la confection des costumes et des perruques. La finition des visages (bouche, regard, accents colorés) se fait à la gouache en cours d’Arts Plastiques. A chaque séance de travail, des trouvailles (la “ récup’ ” fait merveille !), des idées nouvelles viennent bonifier le projet initial. Yann Lamarque, professeur de Français dans une autre classe mais hispanophone et technicien accompli, assure avec deux élèves la régie des sons et des éclairages.
Raül dirige, dans un ballet d’une extrême complexité (par moment, une quinzaine de personnages en scène), les manipulations des apprentis marionnettistes. Les intonations du dialogue, la maîtrise de la langue sont peut-être ce qu’il y a de plus ardu à mettre au point, alors qu’il faut en même temps bouger, se courber, changer d’accessoire...
Mais au final, quelle récompense avec ce spectacle total, dont la magie s’exerce sur un petit espace avec une telle efficacité !
Bernard Audouin
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costumes , décors, marionnettes, spectacle |
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