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De l'espace et du temps à préserver en classe

Dans :  Techniques pédagogiques › organisation de la classe › 

S'il y a bien une chose qui me parait fondamental pour les enfants dans une vie de classe , c'est de leur laisser des interstices, les plus grands possible, de temps et d'espace qui leur appartiennent vraiment. Je m'explique.

Nous sommes confrontés en tant qu'enseignants à des impératifs d'adultes appelés "instructions officielles", "programmes", "évaluations" , "injonctions", "inspection" et autres gros mots, qui nous poussent vers une pratique qui peut facilement conduire tout à l'opposé du respect de la personne de l'enfant : on peut facilement les plonger dans un bain de labeur ne laissant aucune place à l'imprévu, à l'initiative personnelle, à la légèreté, à l'imagination vraie, à une certaine liberté.

Il y a pour moi nécessité de faire contre-poids à cette pression extérieure (institutionnelle, parentale, etc.) et intérieure (angoisse, stress, besoin de tout contrôler chez l'enseignant) et de laisser du temps à ce qui vient. En témoigne l'exemple ci-dessous.

Mardi 10 novembre.

15h30 : Nous débattons d'un sujet d'actualité, lu la veille à la maison, sur l'extinction des tigres sur terre. Les enfants sont très présents, on retrouve les éléments expliquant cette extinction et je leur propose de réfléchir à ce qui pourrait se faire pour lutter contre celle-ci.

Et puis, soudainement, mon clown intérieur fait toc-toc et me souffle : "Et si tu glissais une idée, celle de mener une manifestation avec affiches et banderoles contre le trafic d'animaux, pour leur protection". J'écarte toute réaction du style "Mais, est-ce au programme ?" ou "Mais ce n'était pas prévu !" ou alors "Que vont-ils apprendre ?", et je lance l'idée. Les élèves me regardent un peu étonnés et je sens qu'un désir commence à monter, cette idée un peu saugrenue commence à leur plaire.

C'est là où ce que j'écrivais sur les temps à préserver arrive. Il y a tous les jours 45 minutes consacrés à ces projets qui naissent et qui ont un espace de réalisation possible.C'est le temps du Travail personnel.
Et à 15h50 hier, j'ai apprécié l'existence de ce temps-là, inscrit dans l'emploi du temps.

Le Travail personnel débute, et les deux-tiers des enfants, par deux, vont se mettre à élaborer de grandes affiches consacrées à la protection de la nature, un vrai projet d'écriture pour être lu, avec graphisme soigné, orthographe parfaite, expression au service d'un projet, celui d'une manifestation dans l'école (et dans le quartier ?). Les autres feront leurs projets habituels : préparation d'exposés, écriture de texte libre, fiches lecture, etc.

Je sens là une classe en vie et envie. C'est pour ça que je fais ce métier, avec ces moments de grâce, rares mais possibles.

PS : Evidemment, l'idéal aurait été que l'idée que j'ai eue soit venue des enfants eux-mêmes. A travailler...

Rares sont ceux qui ont une

Rares sont ceux qui ont une telle idée spontannément, c'est à nous, justement dans ces moments-là de leur montrer comment suivre "les p'tites idées folles" qui font parfois germer les autres.
Mes élèves n'ont jamais eu l'idée la première fois de dire la date, seuls, de s'asseoir pour s'écouter...
ça s'apprend ça aussi... il reste l'année pour écouter leurs propres idées.