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logo blog MADAGASCAR formation d'enseignants FRAM autour de l'Expression-Communication

Soutenir la scolarisation des enfants malgaches par la formation des enseignants FRAM aux techniques de pédagogies alternatives et au renforcement de la maîtrise de  la langue française

Quelle aventure ! Une première session de formation s’est déroulée à Alatsinainy Bakaro, petite ville au cœur de la brousse malgache, à 69 km de la capitale, de la manière suivante : avant la rentrée scolaire, un stage en présentiel sur cinq jours dans les locaux du CRP, Centre de Ressources Pédagogiques, puis un temps nécessaire de prise en main de la classe par les stagiaires, le troisième temps étant consacré aux visites des stagiaires en situation, visites effectuées conjointement avec l’équipe des Conseillers pédagogiques de la CISCO,  afin de mesurer la réalité du terrain (conditions matérielles d’exercice), comme la prise en compte d’éléments travaillés lors de la formation en présentiel.

Cette session, encadrée par trois conseillers pédagogiques de la Cisco d’Andramasina (Circonscription de l’Education Nationale), Justine RASOAMALA, Edmondine RAZAFINDRASOA, Justin RAKOTOARIMANANA et deux formateurs d’AGIR abcd, Chantal et Jean Marie  BALTHAZARD, s’est adressée à 24 enseignants FRAM du 1er degré, de niveau BEPC ou Baccalauréat, recrutés  par les Comités de parents, donc non fonctionnaires, sans formation et payés en sac de riz ou de 4 € à 12 € par mois. Ils ont l’obligation d’enseigner en deux langues, le malagasy et le français, le français écrit n’étant utilisé qu’à partir du CE. Ils comprennent et écrivent relativement bien cette langue seconde mais ont de grandes difficultés à s’exprimer oralement. Ils viennent des villages de proximité, à pied ou en vélo. Les écoles sont construites en briques, toit de chaume ou de tôle. Les salles de classe sont souvent petites, peu éclairées et les effectifs élevés, parfois plus de 50 enfants. L’enseignement  se fait sur le mode transmissif et répétitif et les stagiaires évoquent le manque de matériel, l’absentéisme des élèves liée en particulier à la faim à la période de soudure en juin.  

Un engagement vers une professionnalisation du métier d’enseignant est l’objectif principal de ce stage, au travers de deux axes : mener une réflexion sur sa pratique de classe et renforcer la maîtrise de la langue française.

EXPRESSION - COMMUNICATION

1. Une pédagogie innovante qui met les stagiaires au cœur des apprentissages.
Notre pratique de formateurs s’appuie sur les valeurs que nous défendons en tant que « pédagogues Freinet ». Nous souhaitons accompagner les stagiaires vers une démarche qui leur permette d’entrer en toute sécurité dans une pédagogie au plus près de leur vécu et de leurs besoins.  Il s’agit de les aider à se construire des savoirs sur leur pratique, en tenant compte de leur personnalité, de leur culture et de la réalité du terrain. Pour démarrer sa classe autrement nous nous appuyons sur quelques fondements "Une personne apprend à partir de ses représentations." "L’apprentissage requiert une activité de la personne qui apprend." "On n’apprend pas tout seul mais avec les autres."

Les stagiaires se montrent dynamiques et volontaires, avec cependant une maîtrise aléatoire de la langue française orale, ainsi que peu de notions de pédagogie et de connaissance de la psychologie de l’enfant. Le travail porte essentiellement sur ces aspects. A l’issue de ce premier volet de la formation, une attestation leur sera remise, valorisant leur implication.
Les activités proposées autour de l’Expression-Communication vont leur permettre de pratiquer la langue française à l’oral et à l’écrit, d’expérimenter des techniques à partir du peu de matériel qu’ils ont, c'est-à-dire quelques crayons, du papier, un tableau et des craies. Les démarches pédagogiques explorées serviront alors de base à leur enseignement au quotidien.
Nous démarrons chaque journée par les rituels (date dans les différentes écritures, gardien du temps, animateur de la journée, distributeurs…). S’en suit le « Quoi de neuf ». Ce temps de la parole favorise l’expression, l’échange entre pairs. La discussion est libre, le temps institué de 15’. Les stagiaires se saisissent timidement puis de manière plus affirmée les autres jours, de cet espace de langage. Ils apprennent à oser s’exprimer en français devant un public, à partir de leur vécu (le réveil à 5h, la perte d’une grand-mère, la période de l’exhumation « Famadihana » …)

Les séances se déroulent sur le mode de l’alternance pratico-théorique. La mise en situation se poursuit systématiquement par un questionnement sur les objectifs visés et les compétences attendues :

« Pourquoi avons- nous proposé cette activité ? »
- L’espace tableau et les affichages sont mis en avant.
- Un aller-retour permanent entre le dire-écrire-lire-écouter
- Un apport concret par des exercices structuraux à l’oral complète en travaillant de manière systématique les difficultés d’articulation, de prononciation de certains phonèmes, de conjugaison.  Les stagiaires souhaitent de la documentation sur ce type d’exercices.


1. Une personne apprend à partir de ses représentations.

Nous invitons les stagiaires à noter individuellement sur un post-it jaune, « Ce que je réussis dans ma classe » et sur  un post-it vert, « les difficultés que je rencontre, les questions que je me pose ». Pour l’exploitation des post-it, le collectif se divise en quatre groupes, de manière aléatoire. Deux ont en charges les réussites et dégagent ainsi une liste de compétences individuelles partagées ou non mais appartenant au groupe, les autres répertorient les difficultés et les questions qui serviront de points d’appuis aux thèmes de travail de la semaine, aux savoirs à construire ensemble. Un rapporteur dans chaque groupe présente aux autres le fruit de la réflexion et le tout est noté au tableau.  

A partir d’un questionnement « Quand, comment  utilisez-vous la langue française dans votre classe ? », nous invitons les stagiaires par groupes de niveau, à réfléchir et à échanger sur leurs pratiques. Le recueil des données par les rapporteurs est noté au tableau et l’analyse fait émerger des pratiques en lien avec les disciplines (français, géographie, sciences…) et les instructions officielles. Les séances s’appuient essentiellement sur les quelques manuels, avec observations d’images ou lectures  de texte, expliquées en malagasy et résumé écrit en français.
"L’apprentissage requiert une activité de la personne qui apprend." Pour aborder le concept de Libre expression par la création et la prise de conscience des savoirs connus et non connus, nous proposons le Cahier d’écrivain : Au retour de la pause déjeuner, nous proposons un temps contraint d’écriture (10mn) sur leur cahier personnel, la consigne étant d’écrire seul(e), en français ou en malagasy, « ce que tu veux ». En invitant le stagiaire à écrire librement, il s’agit de faire émerger en lui ses potentiels, de l’aider à prendre conscience de ce qu’il sait, de ce qu’il connaît, lui donner un statut d’auteur.
 
2. Approche de la méthode naturelle du Lire-Ecrire

Les objectifs visés sont de faire vivre aux stagiaires une situation collective de découverte et de compréhension d’un texte dans la coopération, de repérer et de valoriser des compétences langagières en français. Regroupés face au tableau, ils vont élucider ensemble le vocabulaire inconnu, pointer les groupes de souffle, s’approprier un code de couleurs et de formes pour construire des repères visuels qu’ils pourront exploiter par la suite, avec leurs élèves, pour arriver au final à une lecture fluide. Il s’agit de veiller à ce que tous participent.
Les apports théoriques mettent en avant les différentes fonctions du langage pour en faire un objet de curiosité et de jeu. Et nous abordons avec eux les différentes formes d’intelligence.


Préparation d’une séance d’apprentissage du français

A partir du texte étudié la veille, les stagiaires regroupés par niveau de classe, sont invités à envisager des séances d’apprentissages du français sur des notions à  travailler en orthographe pour les CP1/CP2, en grammaire pour les CE et en conjugaison pour les CM1/CM2.
Choisir  la notion, l’objectif  à atteindre, proposer des tâches capables de mobiliser l’intérêt des élèves, varier l’organisation du travail par l’alternance collectif/groupe/individuel/retour au collectif. Les échanges  se font spontanément en malagasy mais la préparation écrite et la restitution au collectif en français.
Amélioration collective d’un texte choisi
A partir des différents écrits des stagiaires, des volontaires lisent leur texte puis nous choisissons un texte que nous recopions au tableau. Les idées principales sont de dédramatiser l’acte d’écrire sans erreur, en cherchant à améliorer un premier jet d’écriture collectivement, partager des savoirs en privilégiant les interactions et les échanges, sensibiliser aux spécificités des codes orthographiques et grammaticaux, encourager les réajustements par des manipulations linguistiques d’ans laide et la coopération.
Travail sur les consignes : Atelier de mises en situations de pratiques orales. Les stagiaires se regroupent par trois. Chaque triade prépare un exercice différent qu’ils proposent ensuite au collectif : comme  « Faire agir un élève dans l’espace en établissant une succession de consignes afin qu’un élèves réalise un dessin géométrique au tableau » ou « Deviner un objet, une célébrité en formulant un certain nombre d’indices pour la classe. »
Sur le versant didactique, les stagiaires sont amenés à utiliser la forme interrogative, impérative, le langage descriptif, le langage d’évocation. Sur le versant pédagogique, ils explorent la nécessité de formuler des consignes claires et précises, partir des centres d’intérêt de l’enfant, et découvrent la lecture d’images. La réflexion se poursuit le lendemain sur la nécessité de proposer des consignes, simples et claires en utilisant un vocabulaire adéquat.


 

3. On n’apprend pas tout seul mais avec les autres. 

Un bilan oral avec les stagiaires, suivi d’un bilan entre formateurs clôt la journée. Il permet une mise en mots du vécu personnel et collectif et un retour sur les apprentissages de la journée. Il nous sert de point d’appui pour adapter le contenu de la formation au fil des jours. Un bilan écrit se fera en fin de stage.
L’emploi du temps proposé en début de journée sert alors de base à l’emploi du temps de notre semaine. Nous plaçons les différentes activités : rituels et métiers, temps de parole « Quoi de neuf » et bilan, temps d’écrivain, en pointant l’alternance des activités orales ou écrites et l’organisation du travail (individuel, groupe, collectif).
Les différentes activités vont permettre aux stagiaires de prendre conscience… que le travail en petits groupes favorise les échanges entre pairs, donc les interactions ; qu’il peut s’organiser de différentes façons (libre, niveau, homogène, hétérogène, contraint…), avec un retour au collectif ; que chacun(e) sait quelque chose ; que chaque personne se trouve valoriser au sein de la communauté, qu’elle enrichit son capital des connaissances des autres.

Le suivi individualisé des stagiaires s’est poursuivi par une observation en situation d’enseignement. Le binôme formateurs malgache et français a bien fonctionné, les attentes étant les mêmes, les analyses similaires ou complémentaires.
Nous avons pu observer en général, deux séances d’apprentissages dont une en français. Puis l’échange avec l’enseignant(e) s’est poursuivi à partir de l’analyse des séances.
Nous avons plaisir à voir de toutes petites évolutions dans les pratiques « Quoi de neuf », « Rituels », « Métiers », « Aménagement de l’espace » « Séance démarrant sur les représentations des enfants », « Fonctionnement en dyades ou en petits groupes ».  
Le bilan global de cette première session révèle une évolution notable des pratiques, dans le sens où les stagiaires ont bien compris nombre d’éléments pédagogiques travaillés avec eux, et ont développé leur capacité  à utiliser le français comme langue d’enseignement. Cependant, ils restent cantonnés dans une pratique globalement répétitive et frontale, n’associant pas encore à l’élève à la construction de ses savoirs.
Pourtant, l’essentiel semble être fait : le contact constructif avec la CISCO, la concordance des approches pédagogiques entre formateurs malgaches et français, la connaissance (même parcellaire) du terrain, des conditions d’enseignement locales, et surtout un apprivoisement réciproque avec les stagiaires. Tous ces éléments laissent augurer de sessions à venir plus riches et plus denses encore, en vue de constituer progressivement dans le vivier des stagiaires une équipe d’enseignants ressources pour leurs écoles.

Chantal Balthazard

 

Bonjour!

Bonjour! je suis une des enseignantes qui fait la formation et c'est très bien, on apprend beaucoup de méthode et merci beaucoup à tous les formateurs et surtout toute l’équipe d'AGIR. On espère vous revoir chez nous. Bye V.........

Merci à toi ET bon Projet !

Merci à toi ET bon Projet !