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À part la loi de 1956 qui interdit les devoirs écrits à la maison, qu'est-ce qui vous motive pour ne pas en donner ?

 

Catherine : À part la loi de 1956 qui interdit les devoirs écrits à la maison, qu'est-ce qui vous motive pour ne pas en donner ?

 
Nadine : C'est bien la classe qui est l'espace le plus égalitaire, le plus riche pour travailler. C'est en classe que tous les enfants ont accès à divers documents de travail, à divers outils et à diverses aides dans un climat riche en relations et coopératif. C'est bien aussi parce qu'après une longue journée de travail, en rentrant à la maison, les enfants et les parents n'ont pas non plus à se retrouver « prisonniers » de l'école. Ils ont bien d'autres choses à faire...
 
Mélanie : Avec la durée et l'intensité de la journée d'école, les enfants travaillent bien assez.
 
François : Directeur d’école, enseignant depuis maintenant 30 ans, je reste convaincu depuis le début de ma carrière que les devoirs restent une aberration de notre École. Une de plus me direz-vous ! Comme les évaluations notées, les punitions… et autres bonnes traditions séculaires d’une École de « faux travail ».
Autant j’ai pu me séparer de certaines de ces traditions au fur et à mesure de ma carrière notamment grâce au travail coopératif mené au sein du mouvement Freinet auquel j’appartiens, autant je me suis toujours senti coincé par ces fameux devoirs à la maison. Il a fallu que je trouve un compromis… avec les parents. Et même lorsque j’ai travaillé dans une école Freinet, cet aspect est resté présent et il nous a fallu là aussi trouver des compromis avec les familles après nombre de conciliabules.
J’ai alors compris que les parents avaient besoin d’un lien avec l’école (ce que nous faisons bien sûr), mais un lien concernant le travail de leur enfant. Mais c’est une tradition difficile malheureusement à contourner aujourd’hui
 
Bruno : Déjà, le fait de ne pas être là pour expliquer face aux difficultés. De savoir que cela risque de prendre du temps pour certains élèves sans aucun soutien... D'un autre côté, de petits exercices écrits simples et courts pourraient permettre un entrainement, mais on entrerait dans une pratique détournée. On ne sait jamais si tel exercice qui parait simple l'est vraiment pour tel élève.
Plus il y a de travail à la maison, moins il y a de travail en classe. Je connais rapidement les élèves à qui les parents donnent des travaux écrits au fait qu'ils compensent en classe et ne se consacrent qu'aux relations (et bavardages). Je préfère que le travail se fasse au bon moment… Les journées sont assez longues comme cela
Et puis, il y a d'autres choses à faire : je demande de la lecture, de la recherche sur la base du volontariat pour les exposés), de la mémorisation et surtout de petits entrainements sur des opérations simples ou des conjugaisons..
Je ne crois pas à l'efficacité du travail à la maison, sauf dans des cas particuliers. Par exemple : un enfant qui n'arriverait pas à travailler en classe et a besoin d'être seul… mais alors cela deviendrait un cercle vicieux.
Le temps de classe risquerait de se passer à corriger le travail à la maison ce qui n'est pas le but de l'école. 
Mais il est vrai que pour les parents, c'est souvent le seul moyen qu'ils perçoivent pour accompagner la scolarité de leur enfant. Quand le travail demandé ne correspond pas à leur vision du travail scolaire, souvent les exercices écrits, ils sont perdus et souvent frustrés.