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Le miroir à deux faces

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Février 2003

 


CréAtions 105-  Résonances - publié en janvier-février 2003

Ecole des Enfants du Voyage, la Neuvillette, Reims (Marne) - Classe des adolescents : intervention sur trois ans - Enseignante et directrice : Sophie Andrade - Enseignantes : Bernadette Métillon, Christine Turbet-Delof - Artistes intervenants : Didier Kowarsky, conteur - Alain Julien, photographe (pour photos sépia). Les photos couleur (numériques et en basse résolution) sont des élèves; les textes en encadré sont des Enfants du Voyage.  Propos recueillis par Corinne Marlot auprès de Didier Kowarsky et Sophie Andrade


 


Le miroir à deux faces

 

Un voyageur, renommé pour son insolence, passe dans un village africain et va trouver le sage du village. Il le salue, puis attrape une braise dans le feu et la jette dans un seau d'eau.
"A ton avis, grand sage, qui de la braise ou de l'eau a fait "pschiii !..." ?
Silence... Le sage ne répond pas. Puis il se lève, s'approche du voyageur, et soudain lui envoie une gifle magistrale.
"A ton avis, grand voyageur, qui de ta joue ou de ma main a fait "claque
!..." ?
"


DEUX HISTOIRES DE VOYAGEURS

Après un bon barbecue ils remballaient dans le 416, ils accrochaient la caravane, ils partent en voyage à Saint-Tropez, rejoindre sa famille. Après toute la famille partent ensemble à Boulogne-sur-Mer et puis ils sortent ensemble, faire un tour en ville avec ses femmes, ses gosses ; cette famille-là c’était la meilleure famille au monde des Voyageurs. Ils vont voir des chanteurs, des clowns, ils rentrent chez eux en camion, ils parlent u peu dehors après tout le monde se couche, et c’est la fin.
C’est l’histoire de trois voyageurs. Ils étaient un petit peu vieux. Ils s’appelaient Joseph, Désiré et Tino. Ils prenaient l’apéro, ils buvaient du mol et mangeaient du coulant. Ils coupaient le maro avec un coupman et la cabem cuite à la braise et les trois vieux s’entendaient très très bien ils s’aimaient beaucoup. Ils ont fait une belle braise. Ils étaient contents de la petite fête.

(mo : vin, coulant : camembert, maro : pain, coupman : couteau, cabem : poule).


Au cours de ces trois années les artistes se sont volontairement dégagés de la production à tout prix pour privilégier l'expérience vécue par chacun des protagonistes : élèves et intervenants. Ils ont œuvré sur les conditions de la rencontre par l'observation réciproque, la considération et le respect partagés au travers des histoires et des productions plastiques.
En s'observant chacun de son point de vue, élèves autant qu'artistes se sont retrouvés... dévisagés.

 “- Dans le quartier de La Neuvillette, à Reims, il y a un terrain où sont installés provisoirement une quarantaine de familles dans leurs caravanes ; d'autres familles ont leurs caravanes autour de la ville, là où on ne construit pas de maisons : près de voies rapides, d'usines et de centres commerciaux.
En général ces familles ne demeurent à Reims qu'une partie de l'année, la plupart reviennent tous les ans, d'autres sont de passage pour une courte période. Ce sont les Gens du Voyage. Certains ont une maison mais tous sont nomades. Ils se déplacent pour exercer leurs activités, ou pour des fêtes et des réunions de famille.

Dans le quartier, il y a l'Ecole des Enfants du Voyage : les enfants ont entre 2 et 17 ans, une classe de petits, une classe de moyens et une classe d'adolescents. Au cours de l'année, l'effectif peut varier entre trente et quatre-vingt. De façon imprévue des nouveaux élèves arrivent, et d'autres s'en vont.
A Reims les Gens du Voyage sont français. Entre eux, selon leurs origines et leurs particularités, ils se nomment "Voyageurs", "Manouches", "Espagnols".”

DIEU ET PUIS LE SHPOUK

Moi c’est arrivé, on était dans un camping, et mes
frères ils dormaient dans un lit, les deux ensemble :
Tony et puis Yohan. Ils dormaient et puis ça leur
toquait sur la tête. Ma mère elle l’entend pleurer
donc elle le prend dans son lit. Dix minutes après
mon frère il entend encore toquer : il pleure. Ma
mère elle le prend, tout ça – moi je dormais mais
j’ai rien eu – et puis après, deux ou trois jours
après j’ai vu une grande lumière blanche au coin
de mon lit, et au coin du lit de ma mère. Ma mère
elle a changé de camping parce que y’avait le
Shpouk et puis c’était un combat entre Dieu et
puis le Shpouk.

 
Il y a quatre ans, à l'occasion d'un festival de contes à Reims, Didier Kowarsky est venu raconter des histoires à l'Ecole des Voyageurs.
Après cette séance il est apparu que personne ne souhaitait en rester là. Peu à peu les institutions et les pouvoirs publics sollicités par Sophie se sont engagés dans le soutien à un projet d'intervention d'abord l'inspection, puis la Mairie, ensuite le Conseil Général suivi par la DRAC.
Il importe de souligner l'attention portée par tous les partenaires, depuis le Festival "Ribambelles de Contes" jusqu'au Conservatoire de Musique. La considération était aussi du côté des institutions.

 

  sommaire n° 105 Résonances  

 

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