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Michel Barjol, l'ordonnance du paysage rêvé

Dans :  Pour les élèves › Techniques pédagogiques › 
Décembre 1996

 

 

Ce qui trouble est fort. Les contraintes, stimulantes. Les aberrations, incontournables. Le tout se développe dans son travail, par un aller-retour cohérent, formel, informel.
En 1980 débute la série de dessins présentés aujourd’hui. Dix ans de labeur-labour à l’encre de Chine noire sur papier blanc. Recherches sur un même thème : le paysage du Nord-Vaucluse et des Baronnies, une réflexion sur les lignes de lavandes, rangées de vignes, le quadrillage des champs de fruitiers.

C’est l’élaboration lente et réfléchie de signes qui évoquent la nature, le travail agricole dans sa solitude, ses gestes secrets. Le temps est suggéré point par point. Comme les saisons, le langage est répétitif, mais non identique.

C’est parfois la désolation d’une parcelle aride, le foisonnement végétal d’un champ irrigué, balayé par les vents, lambeaux de végétation qui résistent à la caillasse, au temps. Le temps est toujours là. Le temps qui court, le temps qu’il fait, une présence permanente dans notre temps.

Posée sur sa table de travail, une photo aérienne qui lui sert de bases d’interrogations à l’élaboration de ses dessins.

 

Ecriture musicale syncopée avec des silences. Les éclats de voix aiguës qui percent le son du moteur diesel des tracteurs. Musique campagnarde avec ses accords où toute intrusion technologique moderne paraît aberrante, comme l’est le paysage dans la création plastique contemporaine.

Par ses dualités, figuratif abstrait, musique et silence, agriculture moderne et écologie, gestes intuitifs et installations réfléchies, symétrie asymétrique des plantations, le paysage nous amène à une sobriété minimaliste.

   

Chaque composition laisse pressentir des espaces vécus, physiquement et mentalement parcourus. Des espaces, des actions qui ne se reproduisent jamais et se modifient à chaque fois que Michel Barjol les traverse.
Fils de paysans, il a été imbibé par l’essence naturelle qui fait notre culture. Entouré par une population qui fonctionne par le non-dit. Son souci, aller à l’essentiel, être maniériste en évitant tout propos anecdotique.

Une promenade dans la nature est une aventure intellectuelle, le voyage dans ses travaux, l’illusion de cette aventure, la découverte d’un espace visuel sensible.

 

Il questionne le visiteur, ne donne à voir que des traces noires et blanches qui marquent le passage de gens sérieux, appliqués, inquiets, qui connaissent le doute. Comme s’il n’y avait que le noir et le blanc pour synthétiser la brutalité de la couleur et de la lumière, et rendre dérisoire autant d’actes vitaux.

 

L’évolution de cette suite de série est une évolution en spirale avec un même noyau, le référent paysage. D’abord réflexive puis émotionnelle, la compréhension intime du sujet apparait de manière latente dans chaque période.

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