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« Et paf ! Le Martabaff », un film d’animation (Fête du livre à Aizenay- 2012)

Dans :  Principes pédagogiques › 

 

Revue en ligne CréAtions n° 208 "Image par image"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°208- Publication : juin 2012

Classe de CM1/CM2, École de la Pénière, Aizenay (85) – Enseignant : Bertrand Mercier – avec la collaboration des élèves de MS/GS, École de la Pénière – Enseignante : Catherine Corlay

« Et paf ! Le Martabaff »,
  un film d’animation 
à la Fête du livre d'Aizenay (mars 2012)

Dans la gueule du monstre : des images animées

Dans la classe menée par Bertrand Mercier, les histoires de Claude Ponti sont littéralement dévorées, broyées, malaxées puis régurgitées sous la forme d’un film d’animation très rythmé et tout spécialement mis en scène pour l’exposition de la fête du livre: l’écran est placé dans la gueule d’un monstre de carton, le Bouffron Gouffron, sous la surveillance du Martabaff, personnages de Claude Ponti («le pire croque-planète de l'univers et le marteau qui distribue des baffes»). Les personnages hyperactifs, à la silhouette noire et opaque (ombres de papier), ont des gestes très rapides et soulignés par une musique syncopée (différentes versions de Chicken reel, thème de l'émission "Histoires sans paroles") ; l’opacité des silhouettes est compensée par un foisonnement de détails au niveau du découpage de formes qui ressortent bien et font contraste avec le fond composé d’aplats à l’encre et de tons chauds. Les images mobiles du film et les images fixes de Ponti se répondent par leur dynamisme et leur caractère séquentiel (par exemple, chez Ponti, recours à la bande dessinée sur une seule page de l'album lorsqu'il s'agit de décrire le geste particulier d'un personnage).

Les élèves et leur enseignant viennent présenter aux visiteurs leur film, le déroulement de cette aventure collective et répondre à leurs questions. Les uns décrivent directement la technique cinématographique employée, d’autres complètent en expliquant le recours à l’univers de Ponti.
 
Un croisement des personnages de Claude Ponti

« On a lu plein de livres de Claude Ponti ». Fidèles à cet auteur qui aime, par des moyens variés, mettre en résonance ses albums les uns avec les autres, les élèves adoptent une démarche similaire. L’enseignant m’explique en aparté que pour lui, c’est un choix délibéré de diversifier la lecture, de prendre plaisir à lire et à relire. Il y a dans la classe une quinzaine d'ouvrages de Claude Ponti. Au lieu de se cantonner à un seul album, les élèves portent leur attention sur « le croisement des personnages de l’univers de Ponti ». Après un temps de familiarisation, ils sont amenés à inventer deux ou trois phrases mettant en présence des personnages issus de livres différents, phrases qui servent de base à la création d’une quinzaine de scénarii pour le court métrage. Une des consignes retenues est de faire court, simple, sans paroles, (sauf quand la parole était indissociable du personnage comme pour le poussin poseur de devinettes). Ayant été familiarisés avec la technique image par image en décembre, la plupart des enfants sont conscients de la nécessité d'être modestes. À ce stade, personne ne sait ce que sera vraiment le scénario final. Une fois le premier jet posé, chacun peut lire ses propositions à la classe. La plupart des idées sont retenues d'emblée. Il apparaît que l'on s'oriente vers un film à sketches, centré sur un personnage principal de méchant, qui va interagir avec les personnages de plusieurs albums, à ses dépens, en quelque sorte un peu comme dans un épisode de "Titi et Grosminet".

Fabrication des personnages et des décors 
L’accent est porté sur les marionnettes
en deux dimensions. Les élèves trouvent leur inspiration en suivant le programme proposé par Ecole et Cinéma, en particulier à travers les films de Michel Ocelot qui utilise les ombres animées (créateur de « Princes et Princesse », « Les trois inventeurs », etc.). Les personnages sont dessinés sur du papier, décalqués et reproduits sur du papier noir puis découpés. Il s’agit de multiplier les possibilités de mouvements au moyen d’attaches-parisiennes.
Les fonds qui servent de décor sont le fruit du travail d’une classe de maternelle voisine, celle de Catherine Corlay. En échange, les élèves de maternelle bénéficient d’ateliers d’animation où, par deux, ils réalisent « l’animation » de leur prénom. Ces ateliers se déroulent en autonomie. Deux élèves de CM parrainent deux petits, les initiant à toutes les étapes présidant à l'écriture animée de leur prénom, à savoir la modification des images successives, à l'aide du tableau, de craies ou de feutres et de lettres aimantées, la prise de vue, la lecture régulière du plan.
Cette animation est ensuite employée pour créer le générique du court métrage.
(Voir en bas de page)

La technique d’animation :
image par image

Il est important de noter que la classe de Bertrand Mercier participe très régulièrement à des « ateliers d’animation libres ». Cette année, les élèves ont déjà réalisé des petits films d’animation d’objets ou encore manipulé des dispositifs comme le thaumatrope entre autre chose pour prendre conscience du phénomène de la persistance rétinienne, ou encore le logiciel en ligne "Pivot" qui permet d'animer des pantins articulés virtuels.
La prise de vue à l’école est réalisée grâce à une webcam placée au-dessus d'une table lumineuse associée à deux logiciels d'animation selon le système informatique utilisé : Istop Motion ou bien Stop Motion pro. L'enseignant a pu bénéficier de crédits pour les acquérir, afin de pérenniser la pratique du cinéma d’animation avec ses élèves. Pour ce court métrage, deux espaces de tournage sont mis à la disposition des élèves qui travaillent par petits groupes. Les fonds en couleurs sont posés sur la source lumineuse et accueillent les marionnettes posées à plat.

Les attaches-parisiennes permettent de faire prendre aux personnages des postures multiples et compatibles avec l’action décrite. Ces attaches seront par la suite rendues invisibles par l’enseignant qui en est responsable, à l’aide de retouches d’images au moment du montage des séquences. Ceci ne peut être fait en classe faute de temps. Ce camouflage est effectué sur les images elles-mêmes du film et non sur les marionnettes.

Si chaque élève a pu créer son personnage, chaque personnage peut être animé par plusieurs élèves, selon les besoins de l’animation. Le tournage a duré un mois et s’achève quelques jours seulement avant la fête du livre d’Aizenay. Le film dure environ cinq minutes à raison de douze images par seconde. En tout, entre la découverte de la technique, la lecture des albums, l'écriture, l'élaboration des marionnettes et le tournage, le projet a duré de décembre à mars.

Le montage du film
Pour le tournage, l'enseignant utilise iMovie. Il laisse volontairement dans le générique les petites imperfections comme une main photographiée par inadvertance, et cela ne nuit en rien à la facture et à la spontanéité du résultat qui force l’admiration des spectateurs.
 

Bilan de l'enseignant
"Les enfants d'aujourd'hui sont souvent gavés d'images tout en ignorant généralement tout de leur élaboration. La création d'un film d'animation les familiarise avec la lecture d'image, leur manipulation, les techniques de retouche, les effets spéciaux élémentaires. Au-delà des bénéfices évidents en termes d'expression créative qu'apporte un projet de ce type, il permet aux élèves, futurs citoyens, du moins peut-on l'espérer, d'être un peu éclairés sur la genèse des images qu'ils consomment par ailleurs. Un autre aspect qui me tient à coeur, est le caractère éminemment coopératif d'un projet de ce type, chaque modeste plan se retrouvant magnifié par l'ensemble des autres avec lesquels il est monté. C'est le troisième projet de ce type que je mène et chaque fois, c'est la même surprise au moment de la première projection du montage final, la même satisfaction des élèves devant le résultat collectif de l'ensemble des efforts individuels. Il faut encore évoquer le travail de lecture en réseau en amont, indispensable à l'appropriation de l'oeuvre par les élèves, les créations plastiques et techniques, dont les retombées vont bien au-delà du projet lui-même."

 

Le film « Et paf ! Le Martabaff »

 

 L'animation des prénoms en maternelle

 

 

Les films réalisés dans le cadre de l'atelier "animation libre"

 

   
témoignages sommaire
"Image par image"

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