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Billet d'humeur

 

 

Dans notre système éducatif à modèle descendant où Polytechnique détermine le lycée qui lui-même détermine le collège le tout en cascade jusqu’en maternelle, il était logique de faire peser sur les épaules du primaire la responsabilité de l’échec scolaire.
Dans sa « révolution culturelle » de 36 pages, Xavier Darcos présente des programmes « recentrés sur l’essentiel », du socle commun on ne garde que les piliers chers à l’Europe, on rejette la complexité, la transversalité qui les articulaient pour privilégier l’empilement de couches simples de fondamentaux.
Que ce soit en français ou en mathématiques on augmente ainsi le nombre de savoirs opératoires, mécaniques et on retire tout ce qui était ambitieux dans les programmes de 2002.
 
Surtout pas de temps à perdre, car tout doit tenir en 24 heures !
Entre les dix heures de français, les cinq heures de mathématiques, les quatre heures de sport et l’heure et demie de langue vivante, que restera-t-il à la « culture humaniste » ? Aux sciences ? A l’éducation artistique ?
Avec des horaires spécifiques et cloisonnés, une programmation annuelle qui dénie les cycles, ce seront 24 heures compartimentées, morcelées en disciplines et sous disciplines, le tout en conformité avec des manuels dont « l’appui » est fortement conseillé. Un manuel de vocabulaire, un autre de grammaire …un manuel de calcul un autre de géométrie. Plein de petites leçons illustrées qu’il faudra bien apprendre à la maison ou avec les associations d’aide aux devoirs !
Une triste certitude : le fossé culturel se creusera davantage pour tous les enfants qui n’ont que l’école pour y accéder. L’accompagnement éducatif sera-t-il chargé de compenser le déficit ? Quant aux enfants qui resteront deux heures de plus à l’école, feront-ils le plein de « fondamentaux » pendant que les autres profiteront de l’offre familiale ou associative d’activités culturelles ?
 
Questionner, rechercher, tâtonner, comprendre, réinvestir, confronter ce n’est plus l’air du temps !
Ce sont des pratiques dangereuses, des restes de l’Héritage de 68 qu’il faut définitivement enterrer ! Comme nous le confirme notre Ministre « L’école primaire doit rester garante de l’idéal républicain : permettre à chaque enfant de devenir, par l’instruction, un citoyen libre et éclairé »
 
L’instruction voilà le mot qu’il fallait dire !
Si l’éducation rimait avec construction, compréhension, émancipation, l’instruction elle, rime avec mémorisation, récitation, rédaction. Ce choix de terminologie à l’ancienne est cohérent avec la teneur rétro des programmes en relevant particulièrement ceux d’histoire et de géographie qui se cantonnent au territoire national.
 
Et naturellement l’éducation civique se métamorphose en instruction civique et morale.
Dès le CP, on vise en premier l’obéissance, les réflexes du bon écolier : se lever quand un adulte entre dans la classe ou quand il entend la Marseillaise, les formules de politesse, le vouvoiement et les « maximes illustrées » de morale. « Coopérer à la vie de la classe », se réduit à effectuer les services de distribution et de rangement, on est loin de la coopération et de la vie de classe !
Au Cycle 3, sur le registre de la transmission, de l’injonction parfois seront étudiés aussi bien la règle de droit, que les différentes règles de politesse, de sécurité, les préventions des risques, les dangers, les refus de discrimination, que l’étude des institutions françaises et européennes. Quelques bons manuels devraient suffire !
On ne construit pas, on ne pratique pas, on ne participe pas, on décrit, on apprend, on récite pour avoir de bonnes notes.
 
C’est ça la réussite scolaire ?
 
Le 22 février 2008