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Les ateliers sonores de Chapeau Percé

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Mars 2006

 

machines sonores


Jouer ensemble : apprendre à écouter et à s’écouter

 

CM2, Ecole Vercors de Sassenage-2003 (Isère)

 

Le tambour cabassa

« Au départ, je voulais être luthier. Finalement j’ai passé un CAP de menuiserie. J’aime beaucoup le bois. J’ai acquis la maîtrise des outils. Ce goût du travail manuel et artistique me vient de l’enfance. D’abord sous l’influence de mon père, qui avait le sens de la récupération bien avant l’heure et qui utilisait des matériaux voués à la décharge pour en faire des jouets, des ustensiles, du mobilier jusqu’à la construction d’une cabane de campagne où nous allions passer nos vacances. Mais il me vient aussi de mon passage en CM2 dans la classe de Michel Pelissier, qui enseignait dans l’esprit de Célestin Freinet, à Vénérieux. De cette expérience, qui m’a donné à l’époque un nouveau souffle sur le plan scolaire, j’ai conservé également le goût du travail en groupe et la conviction que l’imagination pouvait servir à quelque chose. Dans les ateliers de fabrication que j’anime, les enfants travaillent le plus souvent en binômes, ce qui leur permet de se découvrir, de s’aider, d’expérimenter ensemble, de partager aussi bien les difficultés que les réussites. J’ai remarqué que grâce à cette organisation, les enfants se montraient, ensuite, lors des moments de jeux musicaux collectifs, plus disponibles les uns vis-à-vis des autres. Il se passe la même chose avec les adultes.
En fait, j’ai toujours évolué au milieu d’enfants. Fils d’une famille nombreuse et de parents très engagés dans le milieu socioculturel, j’ai fait très tôt du baby-sitting, j’ai été moniteur de MJC puis éducateur remplaçant pendant quelques années et éducateur technique. Pour moi, aujourd’hui, la musique et les ateliers que j’anime, c’est un peu un engagement politique ; Je suis convaincu du fait qu’avec la musique, on peut comprendre et respecter les choses et être à l’écoute des autres. Ainsi, on peut nourrir une culture citoyenne. Les enfants, conduits par le jeu, sont amenés à jouer ensemble, ils apprennent à se placer dans la musique. Pour cela, ils sont obligés d’attendre et d’agir en respectant des règles pour exprimer leur propre sensibilité. Les enfants jouent à deux, à trois, en groupe, et se regardent, s’observent, s’écoutent… Ils s’échangent des rythmes… Ils apprennent à diriger l’orchestre. Au fond, j’ai l’espoir de provoquer des déclics dans la création et peut-être de donner à certains le goût de jouer d’un instrument et à tous de se faire plaisir. »

Les enfants jouent du doum doum qu’ils ont fabriqué - Classe unique de Cordéac (Isère).


«Chanter aux enfants » plutôt que « chanter pour les enfants»

« Les chansons que j’écris ne sont pas pour les enfants mais s’adressent plutôt à l’enfant qui est en chacun de nous. Elles s’adressent à tous. Le spectacle que nous avons monté cette année avec mes deux fils s’adresse plutôt aux adolescents, mais avec la même nuance. Il s’intitule : « Du fil des notes au tempo des mots, on a tous un peu gardé notre sac d’ados ». Mes chansons parlent des choses vraies, de la vie, de la nature, de l’amour, de la culture, du travail, de la guerre, du racisme, de la sexualité, etc. Quel que soit l’âge du public, les choses à dire sont les mêmes, seule la façon change. Je ne chante que mes propres chansons. J’ai trop de choses à chanter ; et cela a commencé au moment de la guerre du Vietnam qui a marqué mon adolescence. C’est en écrivant mes textes que j’ai aussi pris possession de ma langue. J’aime tourner autour des mots, jouer avec la langue et éveiller une curiosité chez l’auditeur. L’écriture m’est apparue après mon passage dans la classe de Michel Pelissier, car on y écrivait beaucoup (journal imprimé, poésies, etc.). C’est avec lui que j’ai saisi la valeur des mots et l’importance de dire les choses en portant mon attention sur la forme. »

Le claxophone

 

 

Atelier d’exploration avec jeunes enfants.


«Ateliers comptines» et «ateliers de création de chansons»

 

« Dans les ateliers comptines, avec les plus jeunes, on ré-harmonise des chansons déjà connues du patrimoine. Les paroles sont sues des enfants par le biais de la mémoire collective ou de la tradition orale et on peut alors plus facilement porter son attention sur les sonorités et s’amuser à transformer la mélodie, le rythme.
Avec les enfants de l’école élémentaire, le plus souvent, on crée des paroles et des musiques, à partir des idées de chacun. J’utilise l’enregistrement en permanence et les choix sont validés par le groupe. Chaque enfant propose son idée que j’enregistre pour que l’on puisse ensuite travailler sur des propositions concrètes. L’idée de départ doit plaire à tout le monde pour que chacun puisse s’investir. Il s’agit le plus souvent d’une phrase d’un enfant pour laquelle chacun propose ensuite une mélodie qu’il chante devant le groupe et qui est enregistrée. C’est une sacrée expérience pour les enfants. Parfois, il leur faut surmonter leurs peurs, leur timidité. Et le fait que chacun soit respecté et écouté les aide beaucoup.

Centre de La Louve d’Aubagne-1994 (Bouches-du-Rhône)

Dessin d’enfant sur les machines sonores

L’accent est mis ensuite sur la métrique, la cohérence narrative, car la production doit être communicable. Les enfants s’initient à la rigueur musicale. Je leur donne des pistes, je donne aussi mon avis. En général, il reste toujours une trace enregistrée du travail effectué. Travailler avec un enregistrement permet aux enfants de prendre conscience de la nécessité de respecter l’espace sonore collectif. Le moindre petit bruit peut gêner l’écoute. Avoir une trace du travail les aide aussi à se remémorer les étapes de la création. Ils prennent conscience de ce qu’est une chanson (Luc a trois albums déjà commercialisés). Je travaille aussi dans des organismes de formation des travailleurs sociaux (éducateurs de jeunes enfants, réinsertion, etc.). Et j’adopte une démarche équivalente avec les adultes (Institut méditerranéen de formation de Marseille ; Institut des moniteurs éducateurs de La Ravoire en Savoie ; et l’Institut de formation de travailleurs sociaux d’Echirolles en Isère). »
Monsieur Bigoudi, s’envole à Paris
Pour voir si il pleut
Sur la tour Effel avec une échelle
Il monte jusqu’aux cieux.

CE2, Ecole des Bastions, 1991
(La Mure d’Isère, Isère)

Demain je serai un dauphin
Et je nagerai avec les poissons
Je serai plus beau que la Mer
Et bien plus joli qu’une petite étoile.

CE1, Ecole Saint-Joseph, 2002
(La Mure d’Isère, Isère)

C’est l’histoire d’un arbre vivant
Qui mange les petits animaux
Il fait semblant de dormir tout le temps
Pour mieux les mettre dans son frigo.

Classes élémentaires de Trièves-Ecoles, 1993 (Isère)


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