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Bien pensance de la «gauche anti-pédagogiste»?...

Un article du blog "Profencampagne"

Pour la milliardième fois, mais je le réaffirme ici, les méthodes pédagogiques ne sont pas responsables des échecs de notre système éducatif !

Ces pédagogues qui, bien avant les apparitions médiatiques des Jean-Paul Brighelli, Natacha Polony, Marc le Bris et autres Rachel Boutonnet, ont alerté sur les difficultés croissantes de nos élèves en proposant des pistes, des solutions ! Je pose donc les questions suivantes :

- Pourquoi les méthodes pédagogiques dénoncées en France obtiendraient-elles tant de résultats positifs, et reconnus, dans les pays nordiques ou au Québec, entre autres, pour échouer chez nous ?" Monsieur Darcos avait fait naître un espoir en se rendant en personne dans des écoles finlandaises dont il n'a jamais été question de demander un copier-coller... Espoir vite déçu...

 - Pourquoi Philippe Meirieu, ce « Grand Satan », est-il invité dans le monde entier par les plus grandes universités ?

- Pourquoi le magazine très influent Marianne ne dit-il jamais que, sur les 150 000 jeunes qui sortent du système éducatif sans aucun diplôme, ce n'est en aucun cas de la faute des pédagogues puisque les méthodes pédagogiques mises en cause ne sont que très rarement appliquées en France ? J'exhorte Madame Polony (ex Marianne, aujourd'hui au Figaro, chroniqueuse à On n'est pas couché) et autres journalistes de Marianne à visiter des salles de classe en écoles primaires. Qu'elle aille observer ! Elle s'apercevra qu'on enseigne en France, pas toujours mais encore trop souvent, comme on enseignait il y a 50 ans. En revanche, le public et ce qui entoure ce public a changé... Beaucoup !

- Pourquoi les Polony / Brighelli / Le Bris / Lafforgue / Boutonnet se gardent-ils de dire que 80% des 150 000 jeunes qui sortent du système sans diplômes appartiennent aux classes sociales les plus défavorisées ? Et qu'il y a sans doute une relation de causeà effet !
- Pourquoi Marianne ne dit-il jamais que les méthodes pédagogiques fonctionnent lorsqu'elles sont - trop peu - appliquées, comme par exemple au Collège expérimental Clisthène de Bordeaux ?

- Pourquoi Marianne parle-t-il faussement de « positions bien pensantes de la gauche pédagogiste » ? (Marianne numéro 586, éditorial page 52). Faussement puisque beaucoup d'enseignants absolument pas de gauche sont aussi d'excellents pédagogues ! Faussement, car depuis quelques années, la soi-disant bien pensance a changé de bord et est revenue du coté du Lagarde et Michard, triste opuscule qui a dégoûté des générations d'élèves de la littérature... (J'ai failli en être, sauvé par des parents qui m'offraient autre chose à lire, d'autres outils de découverte, d'autres projets, d'autres plaisirs d'apprendre, de connaissances, de soif de savoir...).

- Pourquoi ne pas organiser un débat entre Natacha Polony (si possible sans ses « béquilles » habituelles que sont les Brighelli/Le Bris) et Philippe Meirieu ?

- Pourquoi lorsqu'il est face à ce même Philippe Meirieu, Monsieur Brighelli (dont les méthodes ont dû, je suppose, envoyer des milliers d'élèves vers les sommets...) est-il beaucoup plus « miel » qu'il ne l'est sur son blog par exemple, où de très nombreux propos sont des caricatures, voire pires ?

Une bien pensance dogmatique !

Les « passéistes » Le Bris, Boutonnet et Brighelli, entre autres, rêvent de classes silencieuses, où chaque élève serait la reproduction clonée de son voisin, alors que dès 1966, Villard dans L'expression écrite à l'école primaire affirmait déjà : « Il n'est pas vrai que le silence et l'immobilité soient les conditions de l'attention, ce sont les conditions du sommeil ». Où chaque élève serait le perroquet docilement dressé dont ils feront un citoyen prisonnier d'une bien-pensance dogmatique. Où l'enseignant n'aurait plus à mouiller sa chemise, car la pédagogie demande des efforts quotidiens et patients, une directivité bien plus grande que le cours magistral !

La France de 2012, et si l'on n'y prend pas garde, sera celle du silence... et de la facilité ! Je souhaite bien du plaisir à Madame Polony lorsqu'elle expérimentera ses « méthodes » dans le 9-3 (mais elle n'y enseignera jamais), ce quartier sujet d'un reportage remarquable de Frédéric Ploquin et Eric Hadj dans le même numéro de Marianne, ce quartier où les méthodes PEDAGOGIQUES de nos collègues ont fait et font encore des miracles quotidiens ! A quand un reportage dans ces établissements-là ? Cela gênerait Marianne de constater que la PEDAGOGIE, ça fonctionne ?

Honte à ceux qui mentiront en les dénigrant ! Honte à ceux qui les dénigrent déjà !

Une bien pensance rétrograde ! Marianne, un magazine parfois très dogmatique...

Enfin quelle tristesse de lire, toujours dans Marianne, autant de poncifs véhiculés par la bien-pensance rétrograde et mensongère fondée sur un esprit de revanche (Contre quoi ? Contre qui ?), fondée sur des conclusions qui sont fausses, fondée sur des constats déjà dénoncés par les pédagogues mais orientés en fonction de ce que l'on veut faire admettre, fondée sur un élitisme dangereux et qui tourne le dos à ce qui fait l'honneur de notre métier : ne laisser personne sur le bord du chemin. Or ce n'est pas telle ou telle pédagogie qui laisse 150 000 jeunes sur le carreau ! C'est une éducation coupée du réel, coupée du monde qui l'entoure, et que des Natacha Polony vont, volontairement, éloigner plus encore !

« Entre les murs », Palme d'or au Festival de Cannes 2008 fut évidemment  éreinté par Marianne et Madame Polony...

Il faut bien respecter le dogme...

Christophe Chartreux