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Groupe Méthode naturelle de lire-écrire cycle 2

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En bleu les textes inventés

En rouge les choses importantes
En vert les questions
 
 
Groupe Méthode naturelle de lire-écrire Cycle 2 Animation Danièle Thorel 22.08.12
21 participants (dont 2 hommes)
 
On est réuni pour parler du texte libre et de la MNL ; on est 3 animateurs.
On commencera par discuter du texte libre, pratique emblématique de la PF.
Vous direz quelles représentations vous en avez.
On entend dire souvent que les textes libres des enfants sont pauvres : c’est faux, ils sont plein de richesses et expriment plein de choses. On lira des textes d’enfants, on les commentera, puis on se mettra nous aussi en écriture de textes libres. Après une pause, on abordera comment s’appuyer sur les textes libres pour apprendre le français.
 
Les participants : très hétérogènes, quelques débutants.
On ferait 2 groupes ( -1.démarrer 2.continuer)  ….
En tout cas nous avons tous un point commun : nous avons tous démarré un jour.
…. ou pas ? Car c’est intéressant d’écouter des pratiques différentes, avec des affinités différentes.
 
Danièle présente un travail réalisé par le groupe étude de la langue de l’ICEM (composé de 5 femmes)
« Est-ce que les textes libres sont pauvres par leur contenu et pauvres par la forme ? »
Voilà ce qu’on y a vu : beaucoup de textes parlent des animaux domestiques (texte sur mon chat CE1)
Il pose le problème de la relation enfant/animal domestique, enfant dominateur, sentiment de solitude.
« texte Dans un zoo CE2» : qu’y voyez-vous ? ça parle de l’enfermement, problématique du zoo, ambiguïté du pour et du contre le zoo, ce texte pourrait provoquer un débat à un autre moment de la semaine.
« le château magique CP » « le sapin de noël » « le petit chien » : beaucoup de transfert, de remise en question des normes, dans son imaginaire l’enfant essaie de s’y confronter, la violence comme résolution de conflits.
On retrouve dans les textes d’auteur de littérature enfantine beaucoup d’animaux aussi, et peut-être si on lisait les textes bruts, sans l’image, on les trouverait « pauvres » ?
 
Il se confronte à des situations humaines fondamentales, les grands thèmes de l’existence, comme en littérature. On peut dire que ces textes sont sur le chemin de la littérature. Les enfants font l’expérience de la littérature. C’est par le plaisir, la jubilation, que l’enfant aura envie de bien écrire.
On retrouve aussi toute une mythologie, que l’enfant se construit personnellement.
On retrouve les peurs archaïques (le noir, l’abandon…), la relation avec la famille.
A force d’écrire sur sa famille, l’enfant va mieux la connaître, son milieu de vie et mieux se connaître lui-même.
 
Il y a des textes qui sont d’une grande profondeur.
 
Dans un des derniers n° de Sciences Humaines, lire l’article sur l’imaginaire des enfants.
L’imaginaire considéré comme une fuite du réel, est considéré maintenant comme une source d’apprentissage.
 
Questions
  1. Quel était le 1er jet des textes de Danièle a lu ? comment les corrige-t-on ?
  2. A l’inverse, comment fait-on avec des textes dictés à l’adulte trop longs ?
  3. Comment est pris en compte l’adresse du texte ? comment tenir compte de la psychologie de l’enfant ?
  4. Comment faire écrire des enfants qui ne veulent pas ? ça se situe dans la durée, et dans la régularité on se confronte à d’autres types d’expression (correspondance, publication dans le journal, contrat d’un texte par semaine pour les CP, 3 écrits (texte libre, exposé, lettre au corres).
Le 1er jour Danièle leur donne un cahier de TP d’écrivain, faites un dessin qui va raconter une histoire vécue ou inventée, pensez à votre histoire, qui a déjà son histoire dans sa tête, maintenant celui qui va dire son histoire (au micro) et je vais l’écrire ; là on montre que l’oral n’est pas l’écrit, est-ce qu’il y a une fin, qui a une idée ; à la fin de cette 1ère journée, on 5-6 textes libres. Et à la fin de la semaine, on a déjà un matériau pour la lecture.
 
Chez Pascale, dans son CP-CE1, elle s’appuie sur l’expérience pratique des CE1.
C’est un rituel du lundi matin, on explique le chemin. Il y en aura un de choisi qui servira à l’apprentissage de la lecture.
 
Les multi-niveaux sont un support très riche pour la mise en route. Il faut que les textes libres soient très présents dans la classe.
 
Autre pratique possible : sous forme d’atelier, en petit groupe.
 
Commencer par le dessin, ou pas.
 
Quelquefois, on sent un basculement : l’enfant n’écrit plus pour les autres mais pour lui.
D’autres enfants s’exprimeront mieux par la peinture ou le théâtre…
Mais on doit leur faire vivre l’expérience cruciale de la littérature.
 
  1. Comment avoir le temps de corriger tous les textes des enfants de la classe ? (voir pratiques de classe)
On essaie de corriger avec l’enfant le plus possible mais on peut différer.
 
6. Qu’est-ce que le texte libre ? il n’y a pas une commande de l’adulte.
Les textes de fiction sont d’une grande profondeur, l’enfant se lâche vraiment et parle de lui.
 
Le rôle du maître c’est de provoquer le désir d’écrire, c’est le plus important, quel que soit le point de départ (dessin, oral, écrire seul ou à deux, texte collectif…)
 
 
 
Texte libre adulte et commentaires, questions …(qu’est ce que le texte nous a apporté de nouveau (quelle nouvelle audace /patrimoine de la classe), qu’est-ce que ça nous a fait, quel titre,
 
  1. « Vive les vacances » texte vécu
Les travaux, c’est sympa mais c’est du boulot
Des machines compliquées, des mesures démesurées…
Après, on découpe, on scie, on colle, on visse, on cloue.
Mais bientôt tout ça, ça sera terminé.
OUF !
Suzon
  1. « La taupe » d’Olivier ; le texte fait rire la classe ; texte vécu. Tu l’aimes bien ? Elle a un nom ? et si elle s’attaque à ton potager, tu l’aimeras toujours ? est-ce un animal nuisible ?
Dans mon jardin, il y a une taupe.
On ne la voit jamais, mais on sait qu’elle est là.
Elle monte de grosses taupinières un peu partout dans le jardin.
Mais toujours dans l’herbe, jamais dans le potager qu’elle doit doit sûrement respecter.
Je l’aime bien, la taupe de mon jardin.
Olivier
 
  1. Les extra-terrestres de Chloé ; c’est du vécu ? c’est quoi les flaques noires ? et les pierres qui rendent idiots ? ça m’a fait un peu peur , c’est angoissant : c’est un peu ma première rentrée ; c’est un changement de point de vue : là c’est le terrien qui arrive sur mars ; on peut provoquer chez les enfants le désir de changer la situation ; le texte de Chloé donne à Marion envie de continuer, et Anne de voir le dessin.
 
Le martien jaune dressa les yeureilles :
Encore une empreinte de terrien.
Il avança quatre pattes en arrière
Et s’assit tranquillement sur sa bouche pour réfléchir.
Pourtant la peur suait à grosses gouttes
De son cerveau arrière.
Cette espèce invasive maudite était donc revenue !
O ma belle planète rouge, pensa-t-il,
Que vont-ils encore faire de toi ?
Déjà, en glub dernier,
Il avait pu observer les abominables traces de leur présence.
Mais pourquoi fabriquaient-ils des choses aussi laides ?
Ça n’avait même pas de couleur.
Et puis ces énormes flaques noires menaçantes
Et leurs pierres qui rendent idiots.
Ils pensaient à tous ses copains qui s’étaient blessés
Avec leurs trucs coupants, ou brûlés avec leurs poudres.
Le pire c’est qu’il était impossible de leur parler,
Ils avaient trop peur.
Chloé
  1. Le dindon : ça mériterait un dessin, de le dire moins vite, de le rythmer, de le slamer.
Des chiffres partout, des chiffres dans tous les sens,
Des petits, des grands et soudain,
Une gamme absente et trois petits points en suspension.
La gamme s’est envolée, comme cette mélodie qui me trottait dans la tête depuis ce matin.
Cette mélodie sans nom soudain disparue,
Et je ne m’en rappelle plus.
Comment était-elle déjà ?
Je crois qu’elle me faisait me dandiner doucement sur place.
J’oublie déjà de la retrouver car je ne peux m’empêcher de penser
A un dindon qui se dandine et je cherche des sonorités semblables :
Le dindon se dandine tel un dandi à un dîner,
Il danse divinement avant de s’affaler sur un divan.
Et je repense à cette gamme absente,
Qui en fait, était sans doute,
Partie danser avec le dindon
Des textes libres sans présentation deviennent pauvres.
Il faut laisser du temps à ce moment.
Comme l’écriture des textes, il faut le faire souvent.
Danièle prenait 10 mn avant chaque récré pour les présenter.
A Mons chez les grands, les textes pouvaient être mis en scène : sur une musique, mimé, ou l’adulte offrait un texte d’auteur à l’enfant…
On veut que la classe devienne une communauté culturelle d’auteurs ; c’est ça qu’on vise : la classe, le groupe fabrique son histoire, c’est ce qui donne du sens à nos activités. « Aucun sens ne nous sera jamais donné, on doit créer notre sens » Castoriadis.
 
Les activités de texte libre sont émancipatrices.
La notion de patrimoine de classe qui se construit est très importante.
On parle beaucoup du vivre ensemble mais il faut déjà être citoyen de soi-même (Paul Le Bohec)
 
Pratiques de classe
 
Danièle Thorel (vidéo)
Met au tableau un texte d’enfant déjà entendu. (texte libre dicté à l’adulte car n’a jamais vu en début de CP un enfant qui savait écrire).
On va essayer de voir la pensée de l’enfant. On va essayer de le lire ensemble, voir de quoi il parle, ce qu’il raconte. (le texte étudié est le 4ème de l’année ; 2 sont déjà affichés, avec les remarques affichées également, que l’on retrouve dans le cahier de lecture)
On va se mettre en position de détective.
Il y a combien d’histoires dans la classe? 3 (rappel de ce qu’on a déjà vu avant)
En s’aidant des textes et des remarques on peut essayer de lire un peu ce texte là.
« un jour » - l’enfant montre et Danièle entoure.
« il »
« Il » c’est une autre façon de faire un i ? c’est quoi comme autre façon ? en scripte ? non, en attaché, non, c’est une majuscule.
« Brahim » pourquoi j’ai écrit Brahim ? parce que c’est son histoire.
« le »
« le » encore le
« son » dans quel texte on a « son » ?
« petit »
 
On nous reproche d’aller dans tous les sens, de ne pas suivre la ligne dans un 1er temps ; mais cette façon de faire permet de mémoriser, c’est plus vivant.
Et tout le texte va se lire comme ça ; en même temps, Danièle écrit les remarques à côté.
« ça commence comme jeudi et comme joue ».
Une nouvelle affiche est faite avec les remarques.
Parfois, Danièle remet les affiches au tableau, et on cherche pourquoi tous les mots ont été mis ensemble.
Les enfants savent retrouver les mots car ils connaissent bien la géographie des textes.
 
Le texte est tapé en script et en cursive.
Avec les mots outils, on remet des structures « dans l’eau, dans la maison… » ; pareil avec qui, le ,, avec.
La méthode naturelle est orthographique, elle est analogique. Elle est tout de suite dans la bonne orthographe. Les bons lecteurs ont une lecture orthographique.
Les recherches ont prouvé que les bons en orthographe sont bons en lecture, l’inverse n’est pas vrai.
L’après-midi, à 13h30, on invente des phrases avec des mots du texte qu’on connait.
Tous les soirs les parents doivent faire lire l’enfant.
Surtout c’est l’enfant qui met le doigt pas le parent. La manière de faire est expliquée, mimée aux parents lors de la réunion de rentrée.
Danièle ajoute parfois un petit document (sur le chat par exemple)
 
En avançant dans l’année, les textes sont plus longs, des remarques de sons apparaissent, sans oublier les petites structures
En comparant avec les autres méthodes, l’écriture est première
On est d’abord émetteur de message.
Tout au long de la méthode, les enfants continuent à écrire sur un bloc de papier blanc.
Les enfants s’y entraînent ; c’est pour ça que les modèles de textes sont en cursive.
En cherchant les mots dans les textes, on peut écrire.
Les enfants aiment beaucoup écrire dès le mois d’octobre, ça fait des histoires louffoques.
 
Petit à petit, ils demandent comment s’écrit un mot.
Vers janvier-décembre, Danièle leur donne un cahier de brouillon de textes, et là ils écrivent leur texte libre. Pendant les moments de travail individuel, 6 enfants inscrits travaillent en atelier avec Danièle. Les mots inconnus sont écrits sur un post-it qu’ils emportent.
On peut aussi mettre un trait pour un mot qu’on ne sait pas écrire, ou des traits pour chaque syllable.
A la fin de la semaine ils sont tous passés.
 
Après il y a la correspondance, qui est une grande motivation.
Dès le mois de janvier, ils ont un plan de travail avec un contrat.
Ils ont un petit livret de 3 pages qu’ils ont à faire à partir du texte étudié (des exercices classiques). Ça reste dans le patrimoine de classe.
Il y a 25 exemplaires dans un tiroir, chaque livret est numéroté, mais tous les enfants ne le feront pas au même moment. Dans le plan de travail, ils ont des choses à faire différenciées.
Au mois de septembre on apprend à le faire pour être autonome.
 
Attention à trop de lignage qui rajoute des contraintes aux enfants.
Danièle organise sa classe de manière à être disponible pour l’activité centrale : le texte libre.
 
  1. Est-ce qu’on laisse les enfants écrire comme ils pensent ? grand débat dans l’ICEM
 
Les chercheurs ont testé en fin de CP à Mons, les enfants écrivaient mieux, avec moins de fautes.