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Revue en ligne CréAtions n°184 "Art et Maths"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°184 - Publication : octobre 2007

Collège K. Thoueilles, Monsempron Libos (Lot-et-Garonne) - Enseignant : Hervé Nunez

 Images vertigineuses

 

Dans les précédents numéros de CréAtions, vous avez pu déjà lire des comptes-rendus de "résidences d’artistes" au Collège de Monsempron-Libos (*). Cette pratique qui existe depuis 8 ans, fait partie d’un dispositif qui permet à tous les élèves de fréquenter la production d’artistes contemporains. Ce dispositif complète la visite systématique de tous les élèves du collège aux expositions du Château Prieural (à 10 mn. à pied depuis le collège). Si l’intérêt de se rendre à des expositions semble plus évident, l’accueil d’un artiste permet de comprendre des attitudes et les pratiques spécifiques à chaque artiste.

Cet accueil, qui se renouvelle tous les ans dans l’enceinte du collège pendant une semaine, se fait sur le mode d’un contrat qui est passé avec les artistes, en ayant bien à l’esprit que ceux-ci ne viennent pas en tant que professeurs bis ou animateurs mais "en tant qu’artistes".




Un "contrat" avec l’artiste

- L’artiste dispose d’un lieu dans le collège :
- il sera «à lui» pendant la semaine de résidence,
- il pourra l’aménager à sa manière (ou le laisser en l’état),
- il pourra éventuellement y travailler,
- il sera intéressant qu’il y présente des productions ou des éléments de son travail (carnets de croquis, maquettes…). Au minimum, les élèves devront pouvoir consulter des documents qui puissent témoigner de sa pratique. Ce seront des reproductions, catalogues, press-books, séquences filmées...


- L’artiste s’engage à être à l’écoute des élèves :
- les élèves peuvent venir le voir pendant leurs heures de permanence ou aux récréations, dans le respect du travail en train de se faire et en limitant le nombre de contacts simultanés (les élèves s’inscrivent à l’avance et énoncent par écrit une ou plusieurs questions qui serviront d’entame),
- il accepte de leur parler, de répondre aux questions concernant son travail et d’être particulièrement attentif à ceux qui voudront lui montrer leur propre travail, leurs productions en cours ou lui parler de leurs idées. Il n’est pas obligatoire qu’il leur donne des pistes de travail.


- S’il l’accepte, l’artiste mènera pendant deux jours sous la responsabilité du professeur, un projet commun avec un groupe d’élèves (une quinzaine) qui eux aussi auront accepté de travailler avec lui à plein temps :
Ce projet sera défini comme :
- un projet à penser ensemble, avec les élèves, à l’avance (échanges dès le mois de novembre par Email, par courrier, par vidéo-Mel, etc.).
- un tâtonnement "sur le vif",
- une idée définie à l’avance par l’artiste et que les élèves ont accepté (échanges dès le mois de novembre par Email, par courrier, par vidéo-Mel, etc.).
L’investissement (finalisé ou non à la fin de la résidence) donnera lieu à une présentation à un public : exposition, installation, performance…, ou à un document (livre, vidéo…).


- l’artiste pourra éventuellement proposer à l’intérieur du collège, dans des lieux qu’il choisira, des "déclencheurs" ou "incitateurs":
Ce sont des dispositifs pour que les élèves soient sollicités à agir ou à réfléchir, à échanger. Ces propositions devraient prendre en compte le milieu scolaire et l’environnement du collège.
Ce dispositif est financé en grande partie par le collège (LOLF) et par la DRAC dans le cadre de l’atelier de pratiques artistiques. Le Conseil Général complète l’offre en accordant une subvention de fonctionnement à cette opération. Certaines années, d’autres partenaires sont sollicités comme le Foyer Socio-Educatif ou l’amicale laïque… C’est l’association "pôle ressources arts plastiques" du département, l’association "Pollen, artistes en résidence à Monflanquin", qui recherche l’artiste qui viendra en résidence en fonction d’une piste d’investigation que je leur propose (de plus en plus en relation avec les expositions du Château Prieural)
.

 

Un thème abstrait comme vecteur d'activité artistique



"Vertige" est devenu le thème fédérateur de l’année parce que c’était le thème du "Printemps de septembre" à Toulouse, manifestation à laquelle j’ai pris l’habitude d’amener les élèves de l’atelier pour créer ensemble, en début d’année scolaire, un patrimoine commun d’images et d’expériences qui seront la base de notre langage de l’année.
La résidence de l’artiste n’est donc pas séparée de l’activité de l’année, elle la complète.


« La première séance de travail eut lieu dans mon bureau quelques jours plus tard. Il m’a parlé d’emblée d’un prologue qui ouvrirait le film. A Tansonville, dans la chambre du narrateur, on verrait les roses sortir du papier peint, les oiseaux entrer à l’intérieur du mur et, dans le jardin, les arbres avanceraient, reculeraient, imperceptiblement, «comme une sensation de vertige au ralenti »…
Gilles Taurand, scénariste du film de Raoul Ruiz "Le temps retrouvé" à partir du roman de Marcel Proust. Tiré de « Synopsis » (été 1999).


Des productions en dehors de la résidence


En Itinéraire de découverte, 5ème

 
Elodie, 4e



Des projets individuels à l’atelier : le vertige est une expérience

Une semaine avant Noël :

 

- Toutes les vitres du hall peintes en bleu pour déstabiliser la perception du lieu par les élèves comme les élèves de l’atelier avaient été déstabilisés lors de leur leur voyage à Toulouse lorsqu’ils avaient appréhendé l’œuvre de Diana Thater "Psyché", un espace immersif.

Atelier. Les élèves recouvrent de pigment, d’eau et de sucre les vitres du hall du collège.

- Quelques lampadaires recouverts de calque rose pour donner l’impression d’étrangeté

- Une vidéo projetée sur un mur pour donner l’impression de neige qui tombe.
Cela donne l’occasion d’échanges pendant la séquence d’arts plastiques. Les élèves de l’atelier ne sont pas très contents du résultat des vitre bleues car l’effet est moins spectaculaire qu’à Toulouse.

- L’espace sidéral d’Aurélie :. sphères de différentes tailles (les plus grandes de 1m de diamètre) ; éclairages. Les élèves sont invités à visiter l’espace, un par un. Puis en sortant, ils livrent leurs impressions sur le cahier qui leur est proposé.

 

- Le trompe l’œil de Thomas : sur le mur de la salle d’arts plastiques. une rue en perspective…

- Les escaliers sans fin de Léa : prolongement de l’escalier en le dessinant sur le sol. Au départ, il s’agissait de faire des mélanges d’escaliers pour que tous disparaissent dans la profondeur de l’abîme, mais le projet s’est simplifié.


- deux élèves préparent une expo de leurs "dessins". Si leurs productions ne rentraient pas au départ dans l’idée de vertige, les derniers s’en rapprochent peu à peu, au fur et à mesure que l’année avance, au contact du travail des autres (cadrages, motifs).

 
- Les portes illusoires d’Amina et Loïc (5e): elles s’entrouvrent sur des espaces étonnants (pas forcément figuratifs) à l’identique de celles qui jalonnent les murs du collège. Leur multiplication, leurs changements d’échelles provoquent une sensation de déstabilisation et de vertige.

Des projets « libres » en classes de 3e

 - Audric veut recouvrir une salle de feuilles d'eucalyptus afin de donner une sensation de vertige par l'odeur... Il apportera les feuilles d'eucalyptus, demandera une salle au Principal de l'établissement mais sa performance ne se fera jamais malgré mes différents rappels...

 - idées de miroirs et de mise en abîme.
 
- beaucoup d'idées autour de l'art optique
 
- peu de choses autour du son, du toucjer, de la vidéo...
 
- Soumaya : je pense faire une maquette (une banquise qui se fend). Un homme aura les jambes de part et d’autre des deux parties fendues…

- Aouatif : le "jeu de l’élastique". Une personne tourne entre deux élastiques.

- Iker : je vais créer une chose qui n’a pas de fin, où l’on ne voit pas le bout comme un "trou noir"…

- Anthony : je vais faire un petit quadrillage noir et blanc pour que cela fasse mal aux yeux.

- Vincent : je vais faire une spirale avec une lumière au fond. J’ai décidé de faire ce projet car lorsqu’on regarde des choses comme cela, on est "hypnotisé" donc c’est une sorte de vertige.
 

- Paul : faire pivoter une porte.

 
Justine (3è) réalise un mannequin qu'elle voulait placer le toit du collège. interdiction pour raisons de sécurité.
elle le placera donc en faut d'un escalier... Le problème consistait à rendre l'expression de l'appréhension (et pas de la chute...).
pour tester la pertinence de l'attitude du mannequin, il a été aussi envisagé de placer ce personnage dans un endroit pas du tout propice au vertige...
 

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