Construction de sculptures en paille et en terre : bilan

Bilan
 

Une impression exprimée par les enfants : «C'était trop bien cette semaine sans aller à l'école!». Je ressens également une certaine fierté de mes élèves quant à leurs réalisations. De nombreuses personnes s'arrêtent pour demander ce que l'on fait. Les enfants prennent plaisir à leur faire visiter le chantier. De mon côté, je suis très contente du bon déroulement de cette semaine très particulière. Cela n'est possible qu'avec le concours et grâce à la bonne volonté de tous : Jane, les élèves, les parents ainsi que toutes les personnes venues pour nous aider. Tout le monde participe avec plaisir. Les enfants sont ravis. Les sculptures sont magnifiques.
	Un projet pédagogique global L’objectif de tout mon travail, notamment de cette classe à P.A.C., est que les enfants apprennent à mener à bien un projet, à coopérer, à laisser une trace de leur travail dans le village, à montrer à tous, usagers de l’école ou non, ce qu'ils sont capables de faire. Je souhaite que les enfants prennent conscience que le travail à l’école n’est pas qu’intellectuel et qu’il peut aussi être physique. Je veux aussi leur donner confiance en eux, leur redonner l'estime d'eux-mêmes. Certains, peu à l’aise dans les apprentissages dits « classiques » - lire, écrire, compter- se sont révélés en tant que chefs de chantier, notamment dans la gestion des conflits, d'autres par leurs idées plastiques et tous par leur participation physique au projet.
	Travailler la terre en « en grand » Travailler une boule de terre pour en faire une maquette reste facile à réaliser physiquement, même s'il est difficile de faire en sorte que le mur de sa construction ne s'écroule pas. Mais travailler la terre, la déplacer avec de vrais outils d'adulte comme une pelle, une brouette, devoir y mettre les mains et les pieds pour en obtenir une sculpture grandeur nature, c'en est une autre. Physiquement c'est plus dur : ils sont tous fatigués le soir d'autant qu'ils ont quarante minutes de marche à faire le matin ainsi que le soir. De plus, les enfants se confrontent aux contraintes du travail de l'enduit : il faut mettre autant de sable que de terre, sinon l'enduit ne colle pas à la paille; il faut enduire le mélange en partant du bas de la sculpture, en remontant et en aplatissant assez fort avec sa paume de main.
Travailler avec un artiste Peu d'enfants ont déjà eu l'occasion de rencontrer un artiste, de discuter et d'échanger avec lui, encore moins de travailler avec lui. Ici, grâce à la présence de Jane, ils développent de nouveaux gestes, apprennent à mélanger des matières (terre/paille/eau/sable) et à construire avec l'aide d'une personne compétente. Cela dit, à aucun moment, ils ne sont intimidés par Jane : sa tenue vestimentaire, sa simplicité de paroles, sa façon d'être les mettent à l'aise tout de suite. Ils sont juste très impressionnés de voir qu'une femme « normale » peut faire seule des sculptures aussi grandes.

Accueillir l'imprévu et trouver ensemble des solutions

Dès la fin du chantier, les enfants sont directement confrontés à la question du respect du travail des autres. En effet, après cette semaine de dur labeur, les sculptures subissent des détériorations : enduit cassé par de gros coups de pied, empreintes abîmées, etc. Ces dégradations les affectent beaucoup.
Nous retournons un mercredi matin sur place pour réparer les dégâts avec l’aide de Jane. Une dizaine d’enfants est au rendez-vous. C’est l'occasion d’aborder en classe certaines questions comme:
- la fragilité de son propre travail,
- le nécessaire respect vis-à-vis du travail d'autrui,
- la mise en relation entre une réalisation et un public d'usagers ou présenter son travail pour le faire accepter.
Les enfants décident alors de créer des panneaux informatifs : ils fabriquent des pancartes en bois d’un format de 50 x 30 cm, sur lesquelles ils écrivent, à l'aide d'un pyrograveur, le nom de leur sculpture, leurs prénoms, leur âge et les consignes d’utilisation. Ecrire des textes de présentation conduit certains à réfléchir au sens de leur travail, à la notion du Beau, à ce qu’est l’art. Pour tous, suite aux dégradations, il est important d’indiquer au public qu’il ne faut en aucun cas monter, s'asseoir, taper sur les sculptures.

"Le matin, c'était difficile car l'eau était froide mais j'ai ressenti de la fierté quand ça a été fini" Candice.

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