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Billet d'humeur
En 2008, la semaine de 4 jours et demi laisse la place à la semaine de 4 jours. De 26 heures d’enseignement devant toute la classe, les enseignants passent à 24 heures, mais il leur reste toujours 27 heures de services (2 heures d’aide personnalisée pour les enfants en difficulté scolaire et toujours 1 heure pour la concertation).

Aussitôt, syndicats et militants pédagogiques ont montré leur désaccord et dénoncé le temps compressé par cette réforme.
Ainsi, je me suis exprimée dans un billet « 24 heures chrono » où je m’inquiétais (et je n’étais pas la seule…) à la fois des horaires cloisonnés, de la fin des cycles, des programmes qui allaient ressembler de plus en plus à une table des matières de manuel scolaire et du recentrage sur les fondamentaux. Plus le temps de rechercher, de questionner, de tâtonner, de réinvestir… bref la pédagogie voilée.
Nous étions tous inquiets par rapport au rythme de l’enfant, de la fatigue engrangée dans ces journées trop remplies. Les chronobiologistes nous soutenaient. Il fallait au moins revenir à la semaine de 4 jours et demi, voire réfléchir davantage à la journée, à la semaine et l’année : « Le temps de l’enfant, ça se respecte ! ».
Nous nous étions également inquiétés pour les enfants qui auraient ces deux heures supplémentaires avec l’aide personnalisée : referaient-ils ce qu’ils n’avaient pas réussi dans la journée, une seconde couche serait-elle profitable ? Ne serait-ce pas une double peine pour eux ? Ne seraient-ils pas stigmatisés par rapport à leurs camarades ? Ce travail scolaire supplémentaire, ne serait-il pas proposé pendant des temps de repos ou d’activités culturelles ou sportives (que ce soit pendant la pause méridienne ou le soir) ? Certains enseignants ont résisté, détourné cette aide personnalisée et ont même été sanctionnés.   
Nos inquiétudes sur cette semaine de quatre jours se sont révélées justifiées par les constats négatifs des différents rapports sur les rythmes scolaires.  
Après la concertation de cet été, il est décidé qu’en 2013 la semaine de 4 jours et demi sera remise en place en primaire. Comme dans l’ensemble, les enseignants et les parents apprécient le samedi matin libéré, le nouveau ministre de l’Éducation propose donc de placer cette demi-journée le mercredi matin.
L’enseignant devra effectuer 25 heures devant toute la classe dont 2 heures hors enseignement (suggestion les devoirs !) et les collectivités locales auront à leur charge 2 heures pour des activités culturelles ou d’accompagnement. Les deux heures d’aide personnalisée sont supprimées.
Les enseignants ont donc une heure de moins devant les élèves par rapport à 2007, mais une heure de plus par rapport à 2012. Et coup de tonnerre, les syndicats surfent sur cette heure supplémentaire, les communiqués indignés se succèdent, les enseignants se sentent maltraités… On a même l’impression que la semaine de 4 jours avec les 24 heures devant la classe entière est un acquis qu’il faut défendre. On oublie les rythmes, le temps compressé, les programmes qui ne suivent pas et l’aide personnalisée…
Mais où est l’intérêt de l’enfant ?
Pourtant, il y a de quoi réagir dans l’organisation que propose Vincent Peillon, par exemple les 30 minutes en fin de chaque journée réservées aux devoirs !
Soyons plus ambitieux que la défense d’un acquis qu’on n’a d’ailleurs pas toujours revendiqué !
Les consultations continuent on peut proposer, peser pour le bien-être de l’enfant et de l’enseignant.
 
Le minimum à demander :
 
– Plus de devoirs ! 
Demandons la fin des devoirs et revendiquons un temps de travail personnel (entraînements, mémorisation, recherche documentaire, lecture, écriture…) réparti sur toute la journée en lien avec les apprentissages et pas seulement concentré sur une plage du soir. L’enseignant peut ainsi organiser ces temps comme il le souhaite. Les pratiques pédagogiques qui favorisent l’entraide, les binômes dans ces temps de travail individuel peuvent ainsi être préférées. Plus besoin d’aide aux devoirs !
 
– Du temps de concertation enseignants et animateurs pour donner sens et cohérence aux activités culturelles.
Les deux heures dues pour atteindre les 27 heures de service pourraient être utilisées. Ainsi, les différents temps d’éducation (scolaire et hors scolaire) qu’ils soient organisés par les enseignants ou par les animateurs ou en coopération ne seraient pas juxtaposés, mais vraiment complémentaires.
 
– Reprendre les cycles et les mettre vraiment en pratique pour personnaliser les temps d’apprentissage et donner du temps à l’enfant sur plusieurs années. Un chapitre qu’il serait bon de mettre dans la formation qu’elle soit initiale ou continue.
 
– Arrêter la pression des évaluations et de la compétition sur le dos des enfants et des enseignants.
 
Catherine Chabrun
 

 

 

notre refus n'est pas conservateur

Madame voici un article sur une école toute proche de la mienne (je suis professeure des écoles en élémentaire dans le 20è arrondissement de Paris)... juste pour vous montrer que nous ne défendons pas l'école actuelle mais que trop d'annonces et de flou quant aux garanties demandées nous font craindre une aggravation des choses. Le détail dans cet article.

Je n'ai jamais été militante dans l'âme et partait comme vous le préconisez avec l'espoir qu'un dialogue serait possible pour obtenir les meilleures mesures possibles. Or nous avons été insultés dans toutes les réunions publiques. J'ai fait la semaine dernière celle de la mairie du 20è et la mairesse nous accusait d'archaïsme et de faire le jeu de Darcos. Dès qu'un fait était rappelé concernant l'impossibilité actuelle de proposer un périscolaire de qualité ou sur des mesures darcos à abolir de suite pour nous montrer avec force le début du changement on hurle à l'"incivilité" (impressionnant même discours et mêmes termes à la lettre près mairie du 20è où je travaille et mairie du 18è où je vis). Les grandes réunions publiques c'est pire encore et celle de ce soir les CRS nous ont empêché de rentrer alors que la salle était à moitié remplie quand les portes ouvraient. Un papa de notre école militant au parti socialiste nous a montré un mail demandant à qui pouvait de venir à cette réunion pour occuper les bonnes places et dire des gentillesses de cette réforme. Peser nous semble très très difficile voire impossible. J'espère que ces faits vous éclaireront plus sur le fait que nous sommes pour un changement mais que la mairie et le ministère ne nous entendent pas sur ce qu'il devrait être. Si vous voulez approfondir votre aperçu venez rencontrer les collègues de l'école de cet article beaucoup d'ailleurs tentent de s'inspirer de la pédagogie Freinet au quotidien.

http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2013/02/12/rythmes-scolaires-les-raisons-du-refus-d-une-ecole-parisienne_1830262_1473688.html#xtor=EPR-32280229-[NL_Titresdujour]-20130212-[titres]

Amicalement
Sophie

Le billet que vous commentez

Le billet que vous commentez date du 24 octobre et est assez loin des luttes actuelles... c'était la sortie des négociations avec les syndicats qui cassaient toute ambition sur la réflexion du temps éducatif. Hélas, je ne me trompais pas, le décret sur les rythmes accouché quelques temps plus tard, était bien maigrichon : l'aide personnalisée maintenue, l'aide aux "devoirs"... pas de réelle transformation de la semaine pour les enfants.
Et à cette époque, je croyais que l'on pouvait encore peser par le CAPE (Collectif des associations partenaires de l'école) entre autres. Mais aujourd'hui, je n'y crois plus.
Je lis la presse aussi
Amicalement