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" Le travail, ce n'est pas une chose qu'on explique et qu'on comprend, mais une réalité qui s'inscrit dans la vie des hommes. "

Mai 1969

" Le travail, ce n'est pas une chose qu'on explique et qu'on comprend, mais une réalité qui s'inscrit dans la vie des hommes. "
Cèlestin FREINET

« Cette idée d'éducation par le travail ne signifie pas non plus que, dans l'école nouvelle que je crois nécessaire,  la société actuelle, on se contentera de jardiner, de soigner les bêtes et les plantes, de clouer, de maçonner et de forger. C'est là la conception méprisante du travail qui laisse aux uns ta charge aride de l'effort musculaire et de l'habileté manuelle, comme à une machine à laquelle on demande seulement d'assurer, avec un minimum de sollicitude, les gestes socialement indispensables — pour réserver à d'autres les besognes nobles où la pensée reste prépondérante.
Le travail est un tout : il peut y avoir autant de bon sens, d'intelligence, d'utile et philosophique spéculation dans le cerveau de l'homme qui bâtit un mur que dans celui du savant cherchant dans son laboratoire. Seulement, chacun exerce ses fonctions selon ses tendances et ses possibilités, et, dans un état bien organisé, elles auraient toutes leur éminente noblesse.
Il s'agit justement d'atteindre à cette intégration du travail, d'éviter le mécanisme abêtissant, d'exalter la spiritualité qui guide et idéalise le geste, de restaurer la valeur générale aussi bien que la portée individuelle et sociale de ce geste, de rétablir l'interdépendance des diverses fonctions, l'identité foncière de leurs mobiles et de leurs buts, afin qu'il n'y ait plus cet arbitraire fossé, que la civilisation actuelle a poussé à l'extrême, entre l'activité physique d'une part, la vie, la pensée, l'affectivité de l'individu d'autre part.
Nous devons faire se rencontrer et se compléter la spiritualisation du travail et la matérialisation pour ainsi dire de l'effort cérébral, afin d'accéder à un nouveau processus de pensée jamais isolé de ses considérants humains, jamais poussé jusqu'à cette spéculation intellectualiste qui risque de devenir un jeu dangereux et déséquilibrant.
Le travail tel qu'il faut l'organiser à l'école ne doit pas être un adjuvant plus ou moins efficace de l'acquisition, de la formation intellectuelle et de la culture. Il devient un élément même de l'activité éducative, intégré à cette activité, et son influence ne saurait être limitée à quelque arbitraire forme matérielle.
Il y a travail toutes les fois que l'activité — physique ou intellectuelle — que ce travail suppose répond à un besoin naturel de l'individu et procure de ce fait une satisfaction qui est par elle-même une raison d'être. Dans le cas contraire, il n'y a pas travail mais besogne, tâche, qu'on accomplit seulement parce qu'on vous y oblige — et la chose n'est pas du tout comparable. »
C. FREINET
L'Education du Travail