Envahissement
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M.G. : Vos œuvres sont-elles toujours en relation avec le thème du bestiaire ?
G.B. : Mes sculptures accumulations sont des visions prémonitoires d’un bestiaire post-historique. Ces mutants survivront, nourris de détritus, au point d’en prendre les formes, dans des anamorphoses les plus inattendues.
Mes dessins sur toile partent de la même préoccupation : des déserts ou vagues déferlantes de millions d’objets qui envahissent et débordent l’espace. Humour noir sur demain, où l’homme, sans doute balayé par sa propre folie, est absent,.
J’ai fait aussi d’autres œuvres. Certaines d’entre elles sont toujours inspirées par les déchets mais n’ont pas de rapport avec ce bestiaire. Très éclatées, vomissant des objets venus d’un au-delà de la toile, reliefs sur panneaux, offrant des analogies par rapprochement d’objets, mais pas toujours. L’ensemble de mes œuvres est plutôt guidé par l’esprit de cette citation de Marcel Duchamp : " Sauver l’objet commun de la banalité au rang de l’œuvre d’art."
Les œuvres de Buchin sont le théâtre d’un jeu de contradictions qui révèlent un artiste conscient des effets du réel qu’il produit et non pas du réel qu’il reproduirait. Hormis l’effet saisissant de cette cascade « d’objets -trouvés -non-identifiés », c’est le statut imaginaire de ces objets qui est bouleversant. Dominique Païni
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Désert futuriste
M.G. : Pouvez-vous définir votre place par rapport à l’art contemporain ?
G.B. : Cela m’est difficile mais je me sens toutefois très proche du mouvement des nouveaux réalistes et surtout de l’art singulier qui n’est pas une école en soi. L’exposition d’Aix-en-Provence « Le pluriel des Singuliers » à laquelle j’ai été invité, en est un exemple.
« Moins il y a groupe et école, plus le laboratoire s’affirme et plus les expérimentateurs s’autonomisent. Ils élaborent un savoir, des savoirs multiples, liés aux choix initiaux. » Félix-M. Castan
M.G. : Pourquoi avoir choisi le blanc ?
G.B. : Le blanc est surtout un silence, qui n’est pas la mort et qui, soudain, pourrait être compris. Si je peins mes œuvres en blanc, c’est aussi pour donner une unité à l’œuvre. Je m’en sers comme une sorte de palimpseste et donne ainsi une nouvelle signification à l’œuvre réalisée en effaçant toutes les significations antérieures.
Je retrouve dans mon travail cette citation de Kandinsky sur le blanc : « Le blanc, que l’on tient souvent pour une non-couleur, apparaît comme un symbole d’un monde, d’où toutes les couleurs, en tant que propriétés matérielles et substances, auraient disparu. Ce monde est tellement au-dessus de nous qu’aucun son ne nous en parvient. Il en vient un grand silence, qui nous apparaît, représenté matériellement comme un mur froid à l’infini, infranchissable, indestructible. C’est pourquoi le blanc agit également sur notre âme (psyché) comme un grand silence, absolu pour nous. Il résume intérieurement comme un non-son ce qui correspond sensiblement à certains silences en musique, ces silences ne font qu’interrompre momentanément le développement d’une phrase, sans en marquer l’achèvement définitif. C’est un silence qui n’est pas mort, mais plein de possibilités. Le blanc sonne comme un silence qui pourrait subitement être compris. C’est un néant qui est jeune ou, plus exactement, un néant d’avant la naissance, d’avant le commencement. »
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Boîte relief "dépollution"
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