Sculpture d’Ousmane Sow, Dakar.
En voyant le musée entrer dans l’école, j’étais confronté au produit artistique tel que nous le concevons aujourd’hui en Occident (commercialisé et consacré par le musée). Je revenais d’Afrique et je vivais des idées contradictoires entre la reconnaissance de l’art qui implique parfois la vénération et des sommes d’argent exorbitantes et l’art comme création toujours en marche ou chaque réalisation n’est qu’une étape dans la démarche « artistique, « le work in progress ».
La création institutionnalisée tue en quelque sorte la créativité en l’enfermant. Devant la muséologie, face à l’ordre, à la consécration désignée par le cadre, le discours, le titre, j’ai eu pour la première fois envie de riposter sur le plan artistique. Je décidais de présenter des travaux de mes élèves sur des matériaux de récupération. Ce ne serait pas de l’art consacré mais de l’art encore en chantier. De mon voyage au Sénégal me revenaient des images belles, simples comme les statues d’Ousmane Sow étalées au bord de la mer, un mur peint par un artiste à peine connu (Papisto Boy) dans un quartier pauvre de Dakar et les tableaux accumulés sur les murs des galeries tenues par des Africains.
Alors j’ai pris le temps de présenter à mes élèves l’exposition de la classe des grands. J’ai montré chaque tableau, lu chaque titre, donné des explications… puis je les ai engagés dans une production faite de traces et de graphismes sur de la matière brute (sable, ocres).
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Fresque de Papisto Bey
Sculpture d’Ousmane Sow, Dakar.
Photographies de Marie Martinez.
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