A outils nouveaux, technique nouvelle, entraînant l’adaptation des moyens de contrôle.
Il va sans dire que ce contrôle ne saurait être le même, ni dans sa forme, ni dans ses buts, chez le petit commerçant qui n'a qu’une activité limitée et strictement spécialisée, et dans le grand magasin aux rayons multiples et divers.
Les normes de contrôle de l’Ecole traditionnelle ne sont plus valables pour notre école du travail. Les notes étaient basées sur la récitation de leçons apprises par cœur, sur les corrections de devoirs, sur le contrôle de l’explication verbale et de la lecture à haute voix. La récitation et le par cœur sont supprimés chez nous ; nous ne corrigeons plus les devoirs à l’encre rouge et la lecture à haute voix n'est qu'une portion de notre apprentissage synthétique de la langue.
Le classement était simplifié par la réduction à la fonction intellectualisée de tout le processus scolaire. Notre complexe d’intérêts est un monde, à l'usage du monde, et un tel, qui échoue lamentablement pour telle discipline, peut se révéler un ouvrier génial pour une autre spécialité.
Il nous faut donc trouver un autre moyen de contrôle.
Nous sommes en effet partisans d’un contrôle, mais pas d'un contrôle jaloux et soupçonneux, en vue d’abord d'un classement plus ou moins arbitraire. Ce contrôle-là n’est recherché que par les forts en thème, les premiers de la classe qui tirent orgueil de leurs succès, tandis que les moyens et les faibles sont de plus en plus dominés par cette tyrannie de la note qui les rejette dans un dangereux sentiment d’infériorité.
Par contre l'enfant — comme l’homme d’ailleurs — recherche la mesure et le contrôle de son effort, la notation la plus précise possible de ses progrès. Plus la besogne est complexe et importante, plus la marche est longue, plus l'enfant éprouve le besoin de se ménager des paliers entre les étapes. Ce sont ces paliers- et ces étapes que notre contrôle doit définir et mesurer.
C. FREINET
L'Ecole Moderne Française