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Juin 2000
 

CréAtions n° 92 - Engagements - mai-juin 2000

Lycéen

 

 

 

 

Une autre identité

 


J’ai commencé à m’intéresser au Graffiti en1992, alors que j’habitais une petite ville à 60 km de Bordeaux. J’ai 19 ans, et je prépare un B.E.P. Vente Action Marchande. C’est mon frère, qui faisait des tags à l’infini déjà à cette époque, qui m’y a initié en me faisant découvrir la culture Hip Hop*. En 1994, j’ai déménagé à Bordeaux où je me suis fait connaitre sous le pseudonyme de “SOER”et où j’ai vraiment commencé à peindre des graffs.

Je fais actuellement partie de deux groupes de graffeurs : le groupe Choc Visuel et WR (Without Respect). Nous nous réunissons pour peindre à deux ou trois ou pour réaliser de grosses productions.


En premier lieu, notre volonté est surtout de nous faire connaitre sous une autre identité, d’être présent dans la ville, un moyen de sortir du lot, une sorte d’autopublicité.

 

 

Mais les graffiti, c’est aussi le plaisir de créer de belles formes, de mettre en valeur le lettrage de nos noms et de le faire évoluer à l’infini pour acquérir un style original et personnel. Ensuite vient la création, autour du lettrage, de décors et de personnages.

Nos inspirations viennent des autres graffeurs, de la publicité, de la peinture contemporaine (Picasso, Warhol...), de la BD, des logos, des enseignes de magasins...Certains d'entre nous pratiquent, en parallèle aux graffiti, d'autres formes d'expression : dessin, peinture acrylique, sculpture, qui parfois ont même un rapport avec le graff.

Mais contrairement à ce qu'on pourrait croire, à nos débuts, peu d'entre nous avaient des bases en dessin.

Nous n'avons pas beaucoup de rapport avec le monde artistique, c'est sûrement dû au fait que peu d'artistes utilisent le même support que nous. Certains ne voient pas dans le graffitti une forme d'art, pensant qu'il ne s'agit que d'une mode pour les jeunes.


Quant aux rapports que nous avons avec la population et les autorités, ils sont difficiles. Les médias, en associant le Graffiti à la délinquance, lui ont donné une très mauvaise image. Les gens ont peur de nous et nous comparent à des casseurs. De plus, peindre sur des murs, même des ruines, est interdit sans une autorisation du propriétaire. Et pour de nombreuses personnes, si c'est interdit, c'est forcément une souillure et forcément laid.

Les élus se servent bien sûr de cette mauvaise image pour, en arrêtant des graffeurs, rassurer la population. Mais de temps en temps ceux- ci nous proposent, ainsi que des particuliers, des ""plans payés".

* Hip Hop : mouvement né à New York au début des années 70, regroupant le Rap, la "dance", les graffiti.

                   

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