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SYNTHÈSE des comptes rendus de stages 1975 ouverts aux secondaires

Dans :  Techniques pédagogiques › 
Janvier 1976

SYNTHÈSE des comptes rendus de stages 1975 ouverts aux secondaires

Les stages ouverts aux secondaires en septembre 1975 ont été au nombre de neuf



LIEU

 


Total des participants

(sans les enfants)


2 D


Spécialités ou particularités

 


Soissons (02)

 

 

 

St-Vallier (06)

Essoyes ( 10)

Lons-le-Saunier (39)

Le Mans (72)

Perpignan (66)

Vichy (03)

 

Annecy (74)

Celles (79)

 


84

 

 

 

Env.90

env. 90

env. 90

80

env. 700

env. 100

 

87

env. 100

 


17

18

 

 

25

15

15

21

58

50

 

35

50

 


parmi ces 17, 7 animateurs et 3 Belges (1 )

 

 

 

 

 

 

secondaires de L.T. et CET seulement

un gr. hist-géo

un gr. langues

 

 (1 ) post-stage prévu à Bruxelles fin novembre.

 

J'insisterai dans ce rapport sur les points-clés qui ont fait l'originalité - parfois aussi les difficultés - de tel ou tel stage, afin de dégager des conclusions utiles pour l'avenir.

 

1. ORGANISATION DU STAGE, ARTICULATION PRIMAIRE-SECONDAIRE.

Deux stages ont mêlé primaires et secondaires totalement - et s'en sont bien trouvés : Le Mans et Soissons (à noter qu'à Soissons ('équipe d'animation était composée de primaires et de secondaires en nombre égal).

"Le thème de travail du stage de Soissons, annoncé partout clairement était le suivant : organisation de la classe au niveau des activités principales des enfants que nous avons en charge : imprimerie, activités artistiques, audiovisuel, recherche et information sauvages, expression profonde. Nous voulions que les copains présents vivent une situation qui se rapproche de ce que nous vivons en classe : l'organisation et la prise en charge en commun du travail. Il me semble que cela a été perçu et vécu", (C. Lapp)

Dans trois stages, les secondaires se sont presque tous retrouvés dans les mêmes groupes: vingt sur vingt quatre à Essoyes ont fait partie du même groupe de vie, dont les activités ont été fort variées et les échanges très enrichissants :

" Les participants soulignent que les techniques employées ou apprises l'ont été par l'intermédiaire du groupe de vie, ce qui leur donne toute leur valeur. Par exemple, l'idée du jeu dramatique est partie du groupe pour revenir, après réalisation par quelques-uns, au groupe" . (Essoyes).

•A Annecy, les groupes de linguistes et d'historiens-géographes ont eu une vie assez autonome et ont bien marché.

A S-Vallier, treize secondaires sur dix-huit se sont retrouvés dans le même groupe où, à partir de l'expérience de quelques-uns, ont été abordés:

- les techniques Freinet en 6e-5e et les divers problèmes que se pose un enseignant Freinet au 2 D

- les démarrages au 2 D

- la constitution d'équipes interdisciplinaires

- une approche de la poésie en 4e_3e

- la vie des groupes départementaux.

Au stage sud-ouest (Perpignan), il y eut des réunions 2 D le matin : échanges très libres, sans animateur, et, pour le reste, une grande liberté et participation active aux divers ateliers.

En ce qui concerne les ateliers, les secondaires ont toujours une certaine réticence à "mettre la main à la pâte" : il semble qu 'il faille avoir le souci, dès le départ, de les inviter à un travail concret (remarque d'un participant au st. de Celles).

 

II. L'ANIMATION

Tous les stages ont eu le souci d'associer le plus possible chaque stagiaire à l'organisation et au choix des activités.

Par exemple au Mans, dès l'accueil, les arrivants ont été invités aux diverses tâches de mise en route : affichage de documents, confection de planning, aménagement de salles... la première A.G ., après projection d'un montage sur la pédagogie Freinet, fut un débat permettant de dégager les questions à aborder, qui se sont regroupées en :

- problèmes de fond

- problèmes pratiques : vie quotidienne dans les classes

- ateliers de communication

d'où trois directions de travail pour le lendemain matin - les ateliers fonctionnant l'après-midi. Une formule analogue a été employée au démarrage du stage de Perpignan.

En ce qui concerne le rôle des animateurs, il faut distinguer me semble-t-il :

A) Les tâches, très lourdes et indispensables de précision et organisation matérielle de la rencontre qui commandent tout le reste : locaux, services, garderie et activités des enfants, ateliers (machines et fournitures) ... Travail d'équipe, et qui commence bien avant le stage. Pour tout cela, l'expérience et le sens pratique de nos camarades du primaire sont certes précieux : il ne faudrait pas, pour autant, que nous comptions trop sur eux et leur laissions induement le plus grand poids de ces tâches.

Au cours même du stage, l'initiation aux techniques et la bonne marche des ateliers exige aussi un ou des responsables prévus et fixes. C'est par exemple ce qui a manqué pour l'atelier journal à St-Vallier.

B) L'animation des diverses réunions, discussions, veillées : dans ce domaine, beaucoup plus de souplesse est possible et souhaitable : à Essoyes, et à Perpignan, tous les stagiaires avaient été invités à apporter des documents et chacun, lorsqu'il parla de son expérience se trouva de ce fait "animateur".

Deux stages ont rencontrés des problèmes particuliers.

Tout d'abord celui de Perpignan où "personne n'a vraiment pris en charge le secteur second degré - 58 stagiaires, je le rappelle - On a beau se fier à l'improvisation et à la spontanéité du sud-ouest, ça commence à devenir de la corde raide ! Conséquence : manque de matériel, de documents ... gaspillage d'énergie. Efficacité douteuse. Qu'a-t-il été prévu pour la suite ? " (J. Brunet)

A Lons-le-Saunier, les problèmes ont été tout autres. Il faut remonter à la fin avril, où le groupe du Jura, prêt à recevoir des secondaires, ne disposait que d'un unique animateur du 2D : j'ai alors lancé un appel à tous les camarades susceptibles de le seconder, dans un rayon assez large: de Mulhouse à Grenoble. Lorber accepta, mais dut repartir au bout de deux jours. Ce furent donc trois camarades de Grenoble, habitués à un travail de groupe commun, par ailleurs assez engagés - et sur une grande ville - qui rejoignirent l'équipe jurassienne. Entre Grenoblois et Jurassiens, ceux-ci tous instituteurs sauf un, travaillant en milieu rural, très dynamiques sur le plan technique - audiovisuel en particulier - mais peu formés à l'animation des groupes et guère au courants des difficultés et des besoins actuels des secondaires, l'intégration ne s'est pas faite. Deux sur trois des camarades de l'Isère (la troisième a animé un atelier math un peu squelettique) "ont pris un groupe en expression globale : il y avait des gens du premier et du second degré. Ce groupe a été très chouette, les gens se sont débloqués et ont pu utiliser leurs facultés d'analyse, d'expression, réfléchir à leur pratique, les contacts ont été très riches avec les stagiaires". Mais entre animateurs, sur l'ensemble du stage, les efforts des camarades de l'Isère pour une élucidation des problèmes et une réelle concertation se sont heurtés il une certaine crainte des camarades du Jura. Difficultés donc, mais la conclusion des uns et des autres est positive : "un certain fossé, dit Guichon (39), ce qui a été inconfortable pour tous, mais en fin de compte enrichissant. Je suis partisan de ces échanges de copains entre régions, c'est bénéfique pour le mouvement. L'idée de fixer les stages dès janvier doit être appliquée. Dans le Jura, nous avons été pris par le temps". "Ce qui a sauvé le stage, dit M. Th. Mache (38), c'est que nous avons déballé les problèmes publiquement et essayé de les analyser, de les expliquer, sans acrimonie, et je crois que nous avons tous énormément appris. C'est un des stages les plus riches que j'ai jamais vécus ... Tous les trois, on il été contents d'aller dans le Jura".

 

Ill. TRAVAUX REALISÉS ET SUJETS ABORDÉS

Cette vie en commun sur laquelle tous les comptes rendus mettent l'accent s'est elle concrétisée par des réalisations ?

Moins souvent semble-toi! qu'on ne l'espérait : c'est pourtant en pratiquant nous-mêmes ce que nous voulons faire pratiquer à nos élèves que nous pouvons vraiment nous former. Il y a eu cependant des journaux, l'un très beau, grâce à l'imprimerie, celui de Soissons, FAIMS, les autres, d'une "tenue" qui laissait parfois à désirer, mais échos vivants de la rencontre.

Il y a eu, à Essoyes, certains projets réalisés par de petites équipes (montage audiovisuel, imprimerie, diapos dessinées etc.) et présentés ensuite aux vingt stagiaires ; à ce même stage, "la présentation par les matheux et physiciens du groupe 25 d'un travail réalisé en équipe en 74-75 fit vivre tout le groupe à la découverte des mathématiques

Les groupes "débloquage de l'expression" ont bien marché dans divers stages et, comme dit Michèle Labidoire (Celles) "l'expression orale ou corporelle laisse assez peu de traces concrètes".

Je mentionnerai ici un certain nombre de sujets abordés dans les veillées, avec l'aide, souvent, d'invités venus de l’extérieur,

- des ados (non Freinet) ont présenté des films qu'ils avaient réalisés pendant les 10 % (Le Mans)

- une rencontre a eu lieu avec des syndicalistes - et n'a d'ailleurs pas été un succès (Annecy)

- un rencontre avec des parents (Annecy)

- une rencontre avec des travailleurs immigrés (Annecy, St-Vallier)

- une rencontre, très intéressante, avec un biologiste sur le problème des vaccinations (Annecy)

- une soirée avec un architecte, d'où est sortie la création d'un groupe "un espace pour l'école" avec cet architecte, dans le 79

- une soirée avec la Duchesse de Medina·Sidonia, sur la situation. en Espagne : passionnante, beaucoup d'auditeurs étaient venus de l'extérieur. (Celles)

- une veillée sur l'agrobiologie à Perpignan , une autre au Mans, cette dernière suivie de la visite d'une ferme.

L'agrobiologie a d'ailleurs été une dominante du stage de St-Vallier : un restaurateur biologique était l'un des deux "chefs" et suivait lui-même le stage ; les stagiaires ont participé activement au ravitaillement et à la cuisine (50 % avaient demandé le régime végétarien). A cette même rencontre, la santé de l'enfant, l'écologie et l'assassinat de la côte d'azur ont rait l'objet de veillées.

Au stage des enseignants du technique de Vichy, ce sont les problèmes politiques qui ont été dominants, "Quel est le but politique de notre pédagogie ?

- former l'homme ?

- former un militant ?

- former un individu critique ?

- distinction entre les revendications quantitatives pour l'école (25, 15 élèves: pourquoi ?) et la revendication qualitative d'une désaliénation culturelle. On a donc réfléchi sur l'originalité de l' ICEM dans la lutte contre l'aliénation : par ses pratiques pédagogiques, l'École Moderne répond à un triple objecti f:

1. Libération individuelle

2. Initiation il un fonctionnement démocratique

3. Sens de la coopération, goût de la communication.

Aussi il importe que partis et syndicats nous connaissent mieux et sachent le sens et la portée de la bataille que l' ICEM mène depuis un demi-siècle pour donner une dimension originale à la qualité de la vie (Karvaix).

Une commission a étudié la relation maitre-élève (attitude du prof dans sa classe, l'équipe pédagogique, attitude idéologique). Une autre a étudié l'élève de C.E.T. : analyse psycho-sociologique inspirée de Piaget (la majorité des élèves passe difficilement du concret à l'abstrait) - comportement à l'école : "le problème de l'adhésion semble être plus affectif et relationnel qu'intellectuel. Les manques affectifs, les carences familiales fréquentes sont à prendre en compte, en veillant à éviter les phénomènes de dépendance affective (transferts). L'appel aux motivations tient forcément compte de l'affectivité. Il semble indispensable de montrer aux élèves qu'ils peuvent agir et prendre des responsabilités. Mais il reste à se demander s'il est possible de réconcilier l'élève avec le travail dans le contexte socio-politique actuel".

Voici pour terminer les impressions de Broucaret : "Pour moi, ce qu'il me restera vraiment, c'est le vécu de quatre journées d'un grand brassage de mots et d'idées. Ces heures de discussion m'ont renforcé dans la certitude que notre grande diversité, nos innombrables expériences en situation, notre démarche de recherche et d'analyse constituaient vraiment un milieu privilégié ... Pourrons-nous trouver nos chemins dans la dynamique de l'ensemble du mouvement ? Est-ce la véritable naissance d'une commission CET enrichissante pour le tâtonnement expérimental de chacun d 'entre nous ? C'est au congrès de Clermont que nous pourrons en faire un premier "bilan" .

 

IV . BILAN PROVISOIRE, CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

A) Prévoir tôt lieu, date et responsables du stage est primordial : les secondaires sont trop peu nombreux, trop spécialisés et trop dispersés pour que l'organisation des stages qui leur sont ouverts reste régionale: les difficultés du Jura sont à ce titre instructives" Il est bien certain en effet que, si l'on se cannait à l'avance, si l'on peut passer un week·end de préparation ensemble, bien des choses iront mieux au moment du pré-stage et du stage lui-même.

Un détail, mais qui a son importance : demander sur les fiches d'inscription des précisions sur les désirs du stagiaire, ainsi que sur sa connaissance du mouvement, afin de faire appel à son expérience et de mieux répondre à ses besoins. Certains stages ont eu la chance d'accueillir plusieurs stagiaires du même établissement (Perpignan - Soissons : les trois Belges) : l'avenir du mouvement repose sur de telles équipes.

CI. Lapp (Soissons) remarque: " le stage a commencé un dimanche soir, les gens n’ont commencé à se sentir "bien à l'aise" que vers le mercredi et même le jeudi et la plupart étaient déçus de devoir se quitter si rapidement le samedi, au moment où tout le monde était lancé à fond. Conclusion : organiser des stages plus longs – mais en juillet (voeu unanime des animateurs : les gens sont plus disponibles à ce moment-là). A Celles aussi certains ont souhaité une rencontre plus longue : "On s'est demandé si le stage n'aurait pas dû fonctionner comme une classe, en autogestion : partir d 'une réunion de coopérative, voir les demandes des stagiaires, faire le planning de la  semaine.

B) Certains ont souhaité des animateurs plus efficaces, plus nombreux, mieux formés, d'autres ont apprécié la discrétion - et même l'absence - d'animateurs. Je donnerai la parole à M.Th. Mache (38) :

"Je suis agacée, quand des camarades, à cause d'une idéologie non-directive mal assimilée, se nient le statut d'animateur, alors qu'ils en font fonction et utilisent leur pouvoir dans ce dessein. Un animateur, c'est important, et il a réussi si après quelques jours, il permet à un groupe de se prendre en charge, de produire et d'être. Les stages, c'est tout comme la classe. Si chacun se défile au niveau du pouvoir "verbalement"  alors qu'en fait certains ont un pouvoir (expérience plus longue, compétence, pouvoir d'organiser un stage, étiquette "pédago Freinet ..... ) il y a risque de duperie, de manipulation et le transfert de la relation animateur-stagiaires à l'autre relation enseignant-enfants ne peut se faire dans le vécu. Du moins, il reste théorique et n'est même pas perçu : le problème de l'autorité dans l'institution Education Nationale n'est pas posé".

C) Le double objectif initiation-approfondissement, qui était celui de tous les stages, a gêné certains ; cette question est d'ailleurs liée à la précédente. Reste que les formules de stages peuvent être diverses, mais il y a intérêt à ce qu'elles soient, le plus explicitement possible, annoncées à l'avance. La formule stage national de spécialité jumelé à un stage régional 1er degré semble être particulièrement intéressante ; c'est celle qui a été mise en oeuvre  mais

sans exclure les stagiaires d'autres spécialités - à Annecy pour les historiens-géographes et à Celles pour les linguistes, elle a été satisfaisante.

Synthèse établie par

Geneviève LE BESNERAIS

Simone BERTON