Notre démarche
Première étape
Une fois que l’on a alerté les enfants, il y a quelque chose de passionnant à leur apprendre « Dans la nature, il y a une sorte de secret qui est caché, en attente… »
Rendre les enfants attentifs au fait que les couleurs « attendent ».
Cette banalité du paysage devient extraordinaire. Les rendre attentifs à une autre dimension du monde.
Partir sur le « motif », le terrain, dans la nature inépuisable. Et pour cela, s’équiper comme pour une expédition : chaussures, pelles, sachets poubelles, étiquettes, sacs à dos.
Marcher, regarder. Un regard qui voit les choses prosaïques, telles qu’elles sont, et aussi un regard qui devine qu’il y a autre chose à révéler.
Puis, ramasser une terre de taupinière, une autre de talus…
Deux ou trois petites pelletées, une ou deux poignées, jamais beaucoup…
Ouvrir la carte IGN au 1/25 000 où figurent les noms des lieux-dits.
Noter le numéro de la terre qu’on recueillie.
Nommer cette terre du nom de son lieu-dit.
La couleur qui jusqu’à présent était anonyme, insignifiante va devenir singulière, unique, avoir un nom. Les nuances sont innombrables. On trouve rarement deux tons pareils. L’enfant apprend ainsi le côté inépuisable de la nature qui ne se répète pas. Il vit l’excitation de cette quête, l’impression de chercher un trésor caché.
Manipuler les matériaux, touche ce qui est sale. On établit un contact physique entre l’enfant et des choses, un engagement du corps.
Le lavage : ce qui est lourd tombe au fond. Le pigment, très léger, flotte en suspension. On sépare ce qui est précieux de ce qui est lourd (comme l’or et le sable).
Le séchage : au soleil ou sur un réchaud.
Le broyage : avec un mortier et un pilon.
Le tamisage : affiner de plus en plus la matière.
Remplir les flacons, un flacon par couleur : la poudre qui brille à l’intérieur a un aspect précieux. C’est le résultat d’un travail long des enfants et de la terre. Ils découvrent le plaisir d’utiliser des instruments d’artistes professionnels, très beaux : mortier de bronze qui résonne comme une cloche, tamis en inox, et, plus tard, plaque en verre dépoli et molette pour préparer les couleurs.
La recherche peut s’arrêter là. Mais on peut aussi peindre avec les couleurs ainsi obtenues.
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