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Le décloisonnement dans nos classes

Dans :  Organisation de l'école › 
Février 1976

 

LE DÉCLOISONNEMENT DANS NOS CLASSES
Dans un lycée de 2 400 élèves, 140 profs, 2 profs de l'École Moderne,
flash sur un moment de la vie de nos classes.
 
 
Il y a dans nos classes des moments de vie intense qui donnent le courage d'aller de l'avant sur le chemin de la communication et du décloisonnement (malgré les difficultés, les classes chargées ... ).
Parfois surgit l'inattendu : l'échange qui secoue et enrichit. Mais à y regarder de près cela est sous-tendu par une relation pédagogique vécue par élèves et professeurs.
 
Voici l'anecdote :
Une jeune Sévillane rend visite au lycée à une classe de 4e. Pour que d'autres élèves profitent de sa présence, pourquoi ne pas regrouper avec la classe de 4e, une classe de 2d de l'autre collègue ? Pourquoi pas en effet ? Il peut y avoir émulation sur le plan de la langue entre les deux groupes.
1ère heure : Les 4e, fières d'accueillir leurs aînées posent une foule de questions sur les diapos présentées par l'étudiante espagnole. Cette première séance nous conduit à en prévoir une autre, la dernière possible. D'autant plus que les 2d manifestent le désir d'en savoir plus long sur la vie en Espagne et se préparent à cette rencontre.
2e heure : D'emblée grâce aux questions des 2d, on aborde des problèmes actuels sur la vie politique, religieuse ... Une 4e, fille de pasteur, habituellement peu expansive s'inquiète du sort des protestants en Espagne. Et de là, la discussion s'oriente vers le problème de la liberté. On est en plein dans une réflexion sérieuse et, de fil en aiguille, on en vient à parler de l'éducation reçue à l'école et des relations professeurs-élèves. C'est alors que s'établit entre grands et plus jeunes une discussion passionnée : les 2d plus entraînées au débat, interpellent les 4e et élèvent la discussion à un niveau qui fait oublier les âges différents des participants.
En analysant, nous constatons que ce débat, en apparence spontané, n'est pas le fait du hasard : depuis quelques années, nous tentons de décloisonner nos classes, afin de faire sauter le carcan rigide des structures imposées et de faire vivre au groupe, la joie de la communication. Nos élèves le savent et trouvent naturelle toute démarche qui réunit des groupes différents et font même des propositions pour renouveler les échanges. L'élément nouveau cette fois était l'âge des élèves. Mais,par expérience, nous savons maintenant que ces rencontres réservent toujours des surprises positives.
 
Voici différents brassages qui ont lieu pendant les heures de cours :
1) Entre collègues d'espagnol :
- deux classes se réunissent pour une activité commune, se montrer une création : montage.
- un groupe d'élèves (3-4) va dans la classe d une collègue pour présenter son travail (création), participer à un débat.
- des élèves de deux classes se retrouvent à des heures de travail de groupe pour réaliser un montage(en terminale il avait même été envisagé de permettre à deux classes de choisir les activités à une heure donnée avec l'un ou l'autre des deux professeurs. Cela n'a pas réussi mais l'idée peut être reprise à condition de prévoir une stricte organisation).
2) Avec d'autres collègues :
- un groupe d'élèves présente une création réalisée en section d'espagnol à l'ensemble de sa classe
- la classe d'une collègue (français par exemple) présente à nos élèves un montage ...
Dans nos lycées, où subsistent, même déguisées, les filières, cette démarche qui fait sauter les barrières, efface aussi des préjugés ségrégatifs.
Le travail bien fait prend son vrai sens lorsqu'il fait naître des échanges entre les êtres et qu'il devient levain de créations futures.
Nuria ROUCAUTE
Edith RONNEAU