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En Chantier n°2, Contes

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Contes

Durant l’année 2005, au collège d’Andernos-les-Bains en Gironde, la classe de 4ème A a écrit et édité un recueil de contes, inspirés du conte berrichon Le Serpent au diamant. C’est un conte populaire dont ils ont lu ou écouté plusieurs versions ; Ils en ont retenu des éléments, personnages, expressions, étapes, rythmes et les ont utilisés à leur manière, les mêlant à leur propre imagination... Voici deux de ces contes.



Le secret de la Forêt Perdue
Par Margaux Kappes
 
            Il y a de cela quelques années, deux jeunes filles Mélissa et Clara se promenaient dans la Forêt Perdue sur l’île d’Yeu. Les deux adolescentes toutes heureuses se baladaient sans faire attention dans quelle direction elles s’avançaient. Au bout de deux heures de marche, les filles s’arrêtèrent sur des rochers pour faire une petite pause. Mélissa se pencha pour ramasser une boucle d’oreille qui était par terre, en partie recouverte par la poussière du chemin. Elle crut l’avoir vue, l’attrapa mais se rendit compte qu’il ne s’agissait pas d’une boucle d’oreille mais d’un petit diamant. Étonnée, elle le dit à son amie qui, à son tour, s’agenouilla pour regarder s’il y en avait d’autres. Stupéfaite, un mètre plus loin, elle en trouva un autre d’une taille légèrement supérieure. Puis elles en trouvèrent trois, quatre autres. Et elles avaient bien raison. Tous les cinq mètres, un nouveau diamant apparaissait et chaque fois plus gros.
            Au bout de quelques minutes, les demoiselles commencèrent à s’interroger sur la provenance de ces bijoux… Elles n’eurent pas le temps d’échanger leurs avis qu’un bruit de glissement les interrompit. Les deux amies firent deux trois pas jusqu’au moment où un serpent vint se glisser à leurs pieds. Puis plusieurs arrivèrent en l’espace de dix secondes. Mélissa et Clara prirent peur. Elles s’apprêtaient à s’enfuir quand, en se retournant, elles s’aperçurent qu’elles étaient encerclées de ces bêtes visqueuses. Après un instant qui leur sembla une éternité, tous les serpents s’en allèrent en poussant des sifflements très aigus. Il fallut laisser s’écouler quelques minutes aux filles pour qu’elles se remettent de cette grande frayeur. C’est à ce moment-là que Clara dit à son amie :
- Ne penses-tu pas que c’était un avertissement ?
- Un avertissement ? Pourquoi ?
- Ben, c’est bizarre, on n’avait pas de problème et depuis que l’on a trouvé ces diamants…
- Oui, tu as sûrement raison. On n’a qu’à les reposer, chuchota Mélissa.
- Non, on va les apporter à la reine et on exécutera ses ordres.
C’est sur cette décision qu’elles rebroussèrent chemin pour atteindre le château.
 
            Arrivées au château, la reine les accepta immédiatement. Dès que Clara et Mélissa montrèrent les diamants à la reine, son visage se figea et aussitôt elle leur dit :
- Mes chères petites filles, vous rendez-vous compte de l’importance de ces joyaux ? Ces diamants appartiennent aux serpents de la Forêt Perdue. C’est comme une drogue, dès que les diamants s’éloignent d’eux, ils deviennent méchants et remontent par milliers dans les rues de la ville pour se nourrir. Alors c’est un ordre, vous avez deux heures pour les reposer où vous les avez trouvés. Faites attention, votre chemin sera semé d’embûches.
 
Le premier obstacle rencontré fut un trou recouvert de feuilles dans lequel Clara manqua de s’effondrer ; le deuxième fut une pluie de cailloux tombant du ciel ; puis de jolies marguerites carnivores leur infligeant d’horribles morsures. Mais tout ceci n’était encore que bien peu de chose.
 
Lorsqu’elles arrivèrent à l’endroit où elles avaient découvert les diamants, Mélissa posa le premier, Clara le second et ainsi de suite… Au moment où le dernier diamant fut posé, une centaine de serpents arrivèrent. Tout d’abord ils les encerclèrent comme la première fois, puis ils leur montèrent sur le corps. Sur chacune des filles se trouvaient une vingtaine de serpents se baladant sur leurs bras, leurs jambes ou encore leur visage. Le glissement de leurs corps froids, le sifflement des langues, le crissement des peaux visqueuses s’enroulant les unes sur les autres pétrifièrent les deux filles. Tournant le regard, le corps toujours rigide, les filles se trouvèrent nez à nez avec un immense serpent.
- Nous n’avons pas mangé depuis longtemps. Notre clémence ne durera que peu de temps. Alors dépêchez-vous avant que mes amis n’arrivent. Nous serons sans pitié.
 
Clara et Mélissa, délivrées de leur paralysie s’enfuirent en courant comme deux furies, se promettant, mais il étai déjà trop tard de ne plus ramasser de jolies choses à terre.
            Certains conteurs disent qu’elles ne rentrèrent jamais chez elles et qu’on les entend hurler, le soir, à la veille des tempêtes. D’autres racontent qu’elles apparaissent aux promeneurs téméraires qu’elles épouvantent. Tous s’accordent pour dire qu’elles sont devenues les gardiennes de la Forêt Perdue.
 
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Le diamant du chercheur d’or
Par Romain Rauturier
 
            Il y a fort longtemps, un pauvre chercheur d’or habitait une triste cabane au bord d’une large rivière. Il avait l’habitude de se rendre tous les matins sur une petite plage de sable blanc, où, à genoux, il tamisait désespérément le fond sablonneux de la rivière à la recherche de quelques pépites.
 
            Un jour, comme d’habitude, alors qu’il se livrait au tamisage, il aperçut un fort rayon lumineux qui semblait provenir du fond lointain de la rivière. S’avançant dans les eaux limpides, le chercheur d’or crut apercevoir une gigantesque pieuvre, dont les énormes tentacules enlaçaient un joyau scintillant. La pieuvre se contorsionna dans tous les sens, éclaboussant le pauvre chercheur d’or effrayé qui recula rapidement jusqu’à la berge. De là, il contempla le magnifique spectacle du terrible combat que la pieuvre livrait à une chose invisible. Lorsque cette immonde lutte fut finie, le calme revint et, du bord de la rivière, le chercheur put voir niché au creux de la bête apaisée, un énorme diamant de la taille d’une pastèque, qui luisait de mille éclats.
 
            Hypnotisé par la violence d’un tel spectacle, le malheureux eut à peine le temps de voir sortir de l’eau l’énorme monstre aux tentacules géantes qui disparut avec la pierre précieuse en replongeant dans les eaux limpides de la rivière. Celle-ci redevint d’un calme étonnant, le chercheur d’or désorienté abandonna aussitôt son travail et fila vers sa cabane.
A partir de ce jour, il n’eut plus qu’une seule idée en tête : s’emparer du diamant. Plus rien ne le préoccupa, il passa ses jours et ses nuits à réfléchir aux moyens de subtiliser l’incroyable pierre précieuse à son incroyable propriétaire. Mais cette capture paraissait fort risquée, et le chercheur d’or ne savait ni où ni comment vaincre le monstre tentaculaire. Mais peu importait, ni la peur, ni la taille de la mission ne le feraient reculer. Il voulait ce diamant à tout prix.
 
            Il commença par retourner sur la petite plage d’où il avait pu observer l’incroyable phénomène. Il inspecta les environs, s’enfonça dans l’eau claire de la rivière mais le sol se dérobait sous ses pieds. Il y avait à cet endroit un trou d’une profondeur incroyable alors que la rivière partout ailleurs n’était qu’un filet d’eau.
            Tous les jours, le chercheur revint près du trou d’eau pour observer inlassablement les profondeurs. Mais rien n’advint. L’automne passa, puis l’hiver, et enfin le printemps fut de retour. Le chercheur d’or n’avait jamais renoncé à la surveillance, ni le froid, ni la neige, ni les tempêtes ne l’avaient découragé. C’est vers le milieu du printemps que ses efforts furent récompensés. La rivière, toujours très calme, s’agita violemment. Le chercheur d’or qui la scrutait, fut de nouveau ébloui par le rayon lumineux du diamant.
 
            Durant tous ces longs mois de patience et d’attente vaine, il avait mis au point un système ingénieux pour subtiliser à la monstrueuse pieuvre son trésor. Les événements se déroulèrent comme la première fois : la pieuvre livra une étrange bataille à une chose toujours aussi invisible puis, la bataille achevée, l’étrange bête tentaculaire sortie de l’eau s’endormit avec son diamant. C’est à cet instant que le chercheur d’or utilisa sa machine, une espèce de pince télescopique faite de bois et de ficelles, pour arracher le diamant du ventre de la bête. Le chercheur fut surpris de ne pas subir de riposte de la part du monstre. Malgré sa peur, il regarda vers le fond de la rivière et put constater qu’en enlevant le diamant, il avait aussi ôté la vie de l’animal. Il retourna aussi vite que possible vers sa cabane et mit le diamant dans la cachette qu’il avait préparée. Il guetta toute la nuit puis le jour suivant. Enfin il réalisa qu’il possédait une énorme fortune et se demanda ce qu’il allait bien pouvoir faire d’une telle pierre. Personne au monde n’avait dû voir un tel joyau, personne n’en connaîtrait la valeur !!!Le chercheur d’or était déjà épuisé par la quête de cette pierre et voilà maintenant qu’il pouvait ni manger, ni dormir tant ce diamant prenait de place dans sa vie. Alors il décida de se débarrasser de ce joyau finalement trop encombrant.
 
            Il partit faire don de sa fortune au plus pauvre mais au plus sage des habitants de son pays : un vieil ermite qui vivait dans les bois. Jamais personne n’osait s’approcher de sa cabane, car celui-ci possédait des pouvoirs magiques plutôt maléfiques. Le chercheur d’or réussit pourtant sans difficultés à trouver le vieil homme quoi le reçut en souriant. Sans avoir besoin de parler, le chercheur d’or entendit l’ermite lui raconter sa propre histoire : le vieil homme savait que le chercheur d’or lui portait le joyau, et il lui expliqua alors que ce diamant n’était pas une simple pierre précieuse, mais qu’il possédait le pouvoir de rendre immortel celui qui le possédait. La surprise du chercheur était à son comble. Le diamant était magique et son pouvoir était si fort que, lui, le pauvre chercheur, était devenu immortel ?
Mais l’ermite rajouta : « Tu ne seras immortel que si tu le mérites et seulement si tu réussis à rendre le diamant à sa gardienne ». L’ermite poursuivit son discours et dévoila au chercheur d’or ses craintes de laisser tomber entre des mains de vauriens une pierre concentrant autant de pouvoir. Enfin, il insista auprès du chercheur d’or sur l’importance de remettre le joyau à sa place.
            Le chercheur repartit avec sa trouvaille vers la rivière, bien décidé à suivre les conseils du sage.
 
            Certes il n’avait pas trouvé la fortune mais il avait mieux : l’immortalité !! Il décida dès le lendemain de reprendre la surveillance de la rivière afin de rendre le diamant. Le soir, de retour dans sa cabane, le chercheur d’or réfléchit et trouva difficile d’être éternellement pauvre. Alors il prit la décision, avant de restituer la pierre, d’en prélever quelques fragments pour assurer sa fortune.
            Au bout d’un an, du fond du gouffre une nouvelle pieuvre apparut. Le chercheur d’or lui jeta alors le diamant. A cet instant précis, la rivière s’ouvrit sous ses pieds et le malheureux fut définitivement englouti.
 
            Quand les gens du village apprirent la nouvelle, ils se moquèrent du manque de jugeote du chercheur. Amis, ils se demandèrent si, eux-mêmes, n’auraient pas fait la même chose. C’est pourquoi, depuis cette histoire, un proverbe dit : « A qui vole pierre, sol se dérobe », plus connu de nos jours sous la forme : « on en peut avoir le beurre et l’argent du beurre ».
 
 

Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
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