Par Claude Beaunis le 17/12/09 - 10:53
Dans : Sciences et Techno ›
« Déchets ou vestiges ? », balade entre passé et futur
Avec 2 classes de 5ème du collège Simone Veil 2005-2006 à Châtillon d’Azergues Enseignante : Annie Dhénin
L’Azergues est une petite rivière tranquille et sans problème ; née près du Morvan, elle se jette dans la Saône à 20 km au nord de Lyon.Tranquille ? Sauf en période de crue « centenaire », où elle envahit les prés… et les rues du village. Mais voilà, ces crues importantes se multiplient : deux en trente ans ! Ce qui donne à réfléchir ! Sans problème ? Mais pourquoi trouve-t-on sur ses berges tranquilles tant d’objets…déplacés ?
Alors, on se pose des questions : que sera notre vallée dans 1000 ans ? Et que laisserons-nous à nos successeurs ?
Février 2006
Nous allons nous interroger sur « nos » vestiges » : on va donc d’abord se mettre dans la peau d’un archéologue ; et on commence par aller au Musée, voir ce qui reste de nos ancêtres.
Journée découverte au musée gallo-romain à Lyon-Fourvière.
« Pendant la matinée, avec notre guide, nous avons d’abord commencé à regarder le plan d’un quartier de la ville de Lugdunum ; puis nous avons vu plusieurs objets intéressants : des brosses à cheveux, des pinces à épiler, des jeu, des bagues, des clés… Caroline
L’animatrice nous posait des questions, on essayait d’y répondre. Pierre Olivier
Notre accompagnatrice nous a bien expliqué à quoi servaient les objets, et de combien ça datait. Caroline
Elle nous a expliqué le rôle et le fonctionnement des objets. Jonathan
Nos deux classes se sont divisées en trois groupes. Elise
Atelier archéologie
D’abord, nous sommes allés voir le théâtre : la guide nous a expliqué comment les archéologues font des fouilles. Aurélie
Ensuite, nous sommes entrés dans les réserves du musée. Agathe
Notre groupe a été partagé en trois : dans mon groupe, on avait une boîte avec à l’intérieur des os d’animaux : on devait les identifier et les présenter aux autres groupes. Aurélie
Atelier poterie et tessons
Nous avons fait des lampes à huile en argile, avec des sceaux (j’ai fait une scène de gladiateurs) Emmanuel
Atelier mosaïque
L’après-midi, nous avons discuté et travaillé sur la mosaïque : on a d’abord regardé de très belles, très grandes mosaïques et ce qu’elles représentaient. Puis nous sommes allés sur une mosaïque où l’on avait le droit de marcher, la guide nous a donné du papier calque, des crayons, pour représenter un motif sous nos pieds ! Nous avons pu reconstituer notre modèle avec tesselles (malheureusement fabriqués à notre époque !) Caroline
Nous avons profité de cette sortie pour observer depuis l’esplanade de la Fourvière, le tracé des deux fleuves et repérer grâce à un document, leur parcours ancien à l’époque gallo-romaine (le cours de l’Azergues a lui aussi varié, un fouilleur de l’an 3000 devra peut-être en tenir compte).
Mars 2006
A la recherche des vestiges du XXème siècle au bord de l’Azergues
Après-midi au bord de la rivière, à la découverte de matériaux laissés par les eaux, sur les berges et dans les bancs de galets : pierres roulées, mortiers anciens, résidus des fonderies de cuivre ; objets en tous genres, jetés ou emportés par les crues…Quelle récolte ! Quelques « vestiges » trop dégoûtants ou encombrants, ont été débarrassés. Les autres après nettoyage vont faire l’objet d’une très sérieuse analyse au collège.
Avril 2006
Etude archéologique
On étudie les objets récupérés sur des fiches reprises des fiches de chantiers archéologiques : observation des matériaux, de l’origine, de l’état de dégradation, interprétation. Puis en technologie, on les trie, selon leur probable durée de vie, selon l’évolution des matériaux, en milieu humide ou non.
Notre vallée dans mille ans
Ensuite on a essayé d’imaginer dans quelles conditions vivront nos successeurs ! On s’est donc penchés (prudemment !) sur les phénomènes climatiques actuels (réchauffement du climat, couche d’ozone, sécheresse, rayonnement solaire…) et les apports technologiques de notre époque (traitement des déchets nucléaires, clonage, OGM) pour mieux imaginer leurs conséquences à long terme.
La projection n’est pas très optimiste et le souci d’un développement durable s’impose !
En l’an 3 000
Le climat
Il est extrêmement chaud, toute l’année. L’air contient beaucoup de dioxyde de carbone si bien que j’ai du mal à respirer. La rivière Azergues est quasiment vide. Daniel
Soleil omniprésent de 4h à 18h. L’ombre est rare, la végétation n’est pas dense. Je remarque des cactus. Cela rappelle le climat méditerranéen en l’an 2000. Marion
Le paysage
Les collines sont couvertes d’une herbe sèche balayée par un vent continu. Aucun arbre ne pousse sur ces collines en dehors de petits arbustes. Laurène.
L’habitat
Ce sont principalement de grandes tours. Il reste très peu d’espaces verts. Daniel
Chaque immeuble fait environ une centaine d’étages avec plus de 300 appartements. Marine
Pas d’accord :
Les maisons sont plutôt basses, elles ne possèdent pas d’étage. Leurs toits sont en verre (cellules photovoltaïques) pour capter les rayons du soleil afin de créer de l’électricité pour se chauffer la nuit et chauffer l’eau. Les fenêtres sont petites pour se protéger du soleil en journée. Leurs murs sont épais pour garder le frais à l’intérieur. Laurène.
Ce sont des maisons enterrées à cause de la chaleur. L’eau de pluie est récupérée pour la douche, les WC, les lave-vaisselle. Le chauffage provient de la terre (magma) ou des rayons du soleil. Maxime.
En raison de la pollution et des fortes chaleurs, les terriens ont érigé d’énormes dômes de verre. On en compte trois pour couvrir toute la région. Rémy.
Les modes de déplacement
Vu les conditions climatiques, les habitants se déplacent avec des voitures utilisant l’énergie solaire. Ces voitures sont équipées de ventilateurs, d’humidificateurs et de brumisateurs. Elles sont conçues pour être écologiques et non polluantes. Les habitants sont très soucieux de la nature. Marion.
Mai 2006
Récup’ : production plastique à partir d’objets abandonnés
Pauvres vestiges ! Un groupe d’élèves a travaillé sur l’assemblage de divers objets collectés, avec le professeur d’Arts plastiques, pour créer un totem et un panneau mural : une façon de leur rendre un peu de dignité ? ou bien une manière d’alerter sur la relation de l’homme à ses déchets ?
Des « fiches muséales »
Pauvres archéologues du futur ! En nous mettant « à leur place », nous avons essayé de rédiger des « fiches musée » commentant quelques objets bien choisis : comment imagineront-ils notre époque à travers leur propre vécu ?Pas facile ! Mais instructif !
Début juin 2006
L’exposition
Elle présentait cinq panneaux, une vitrine, deux créations plastiques… et quelques cartons.
Un panneau explique pourquoi nos successeurs dans mille ans n’auront peut-être plus de traces écrites ou d’images de notre époque, parce que le papier et les supports numériques seront détruits, effacés, illisibles ou tombés en miettes.
D’autres panneaux proposent un portrait de la Terre, des groupes humains et des archéologues en l’an 3000.Sur une grille et trois tables sont exposés ces déchets que nous avons pu rapporter ; les plus encombrants sont simplement présents par une photo.
Dans un carton, les déchets qui auront disparu dans quelques années. Dans d’autres, ceux qui joncheront encore nos rives beaujolaises dans 1000 ans !
Dans notre vitrine (de l’an 3000 !), comme dans un musée archéologique, quelques déchets collectés sur les berges de l’Azergues, devenus « respectables vestiges », font l’objet d’une fiche de doctes commentaires !
Exemples:
Télescope ou pièce de circuit d’aspiration
Cet objet est peut-être le morceau d’un appareil, genre télescope. Sur ce morceau ont été gravées les lettres NF, peut-être les initiales de son inventeur. Ces initiales ont été trouvées sur de nombreux objets. Ce créateur devait être très ingénieux. Par contre, les deux autres lettres gravées au-dessus (PP) ne nous évoquent rien.Une autre hypothèse est avancée : cet objet pourrait être un élément faisant partie d’un circuit d’aspiration installé dans les immeubles et utilisé par des particuliers, allant directement dans les déchetteries.
Un smoby ?
Il est possible que cet objet ait servi à recevoir des images grâce à la télécommunication. Il est fait d’une matière très légère dont nous ne connaissons plus le nom. Cet objet a été retrouvé enfoui à côté du lit d’une ancienne rivière asséchée.Grâce à des écritures en moyen français, nous savons que cet objet portait le nom de smoby. Un petit trou allongé servait vraisemblablement à lire des contenus multimédias inexistants aujourd’hui. Il se trouve en dessous du probable écran. Le bouton d’allumage nous montre que le Smoby fonctionnait sûrement avec une énergie polluante.
Objet cérémoniel
Porcelaine blanche teintée de marron en surface. Surface bombée avec un sillon au milieu. L’objet suggère fortement la représentation du gland d’un pénis. Il appartenait probablement à une statue qui honorait la sexualité masculine lors de cérémonies religieuses.(note : jusqu’à cette découverte, on croyait ces formes de culte disparues depuis plusieurs milliers d’années) Daniel, William, Romain
Cylindre
Cylindre métallique blanc émaillé. Une poignée. Cet objet en fer très rouillé devait avoir un fond. On suppose qu’il permettait de récupérer les cendres des personnes incinérées, à l’issue de la cérémonie. Mais il pourrait avoir servi de casserole pour chauffer les repas. Benjamin, Kevin, Pierre-Olivier
Récipient
Aluminium. L’objet est long, rond, rouge et blanc. Lettres dorées formant le mot : « Kronenbourg ». Le nom Kronenbourg était peut-être celui d’une ville ou d’un personnage célèbre. Ce récipient devait contenir de l’eau gazeuse ou toute autre boisson gazeuse. Il a pu être utilisé lors de fêtes religieuses en l’honneur de Kronos, dieu grec du temps. Jonathan.
Bidon
Rectangulaire, couleur blanche. Matière plastique. Quelques traces d’écriture. Un seul mot reste lisible : « désherbant ».
On ne sait pas ce qu’est cet étrange objet. Peut-être un bidon qui servait de réserve d’eau pour les hommes de l’an 2000 ?
Désherbant a pour radical « herbe ». Mais que veut dire ce mot ? Dans les dictionnaires, on trouve : « désherbant : produit chimique qui servait à détruire les mauvaises herbes ». Détruire quoi ? Là est la question.
On sait que nos ancêtres de l’an 2000 vivaient à la surface ; nous devons vivre sous terre. Ce bidon nous le garderons, en souvenir de nos ancêtres : les générations futures connaîtront ainsi son histoire. Elise, Aurélie
Conclusion
Les hommes d’aujourd’hui vivent dans une société de consommation et de gaspillage. Heureusement, depuis quelques années, on constate une prise de conscience collective : il faut sauvegarder la planète en danger, il y a nécessité à recycler les déchets. En effet, quel serait l’environnement de l’an 3000, si les hommes de l’an 2000 ne recyclaient pas leurs déchets ? la nature ne serait plus qu’un vaste dépôt d’ordures, les rivières seraient polluées… Il est grand temps de préserver la planète ! Caroline
NB : Ce projet était fortement inspiré d’un travail de chercheurs de Lausanne, présenté dans divers sites archéologiques en France : « Futur antérieur » en 2004-2006
Pour voir le travail mené par les deux classes, on peut aussi consulter le site du collège : http://college-chatillon69.laclasse.com
Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
Pour nous contacter : bticem-freinet.org
Pour en savoir plus sur notre groupe : cliquez ici!