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Nature habitée

Dans :  Principes pédagogiques › 

 

L’APRES-MIDI – Inversion des groupes


Gréca reprend le même déroulement que le matin en changeant seulement de lieu. L’espace choisi est ouvert, ensoleillé, vaste et sans limite. Elle reprend l’idée de la carte d’identité pour présenter l’être fantastique né de l'imaginaire des enfants.

L’atelier " gribouillages sur la nature " se met en place rapidement. Les élèves du cours élémentaire sont très à l’aise dans cette activité qui pourtant, dans ce nouvel espace, leur demande une grande énergie au niveau des déplacements et une certaine maîtrise pour tendre la laine sans la casser." Il faut faire des nœuds en haut, en bas, bien serrer et tirer la laine, mélanger les couleurs, ne pas se disputer".
Le lieu est sec, recouvert de feuilles et de branches mortes donc peu de matériaux divers pour réaliser des êtres fantastiques. Les élèves sont motivés, trouvent des solutions et préparent sérieusement la présentation de leur "être". Maryvonne les aide à verbaliser, à parler fort et chacun à leur tour tandis qu’Eliane filme.
   

                 

A la fin de l’après midi, le grand espace est occupé par des "êtres" très différents : ils ont pris place sur le sol, dans le creux des racines, sur le tronc d’un arbre, sur un arbuste ou incrusté dans l’écorce d’un vieux chêne.
Les élèves écoutent attentivement la présentation de ces "êtres "qui viennent de la planète Mars ou Saturne, qui sortent du ventre de la terre, qui ont pour noms Scorpius ou Darcserpent , qui ont des pouvoirs, qui ont des yeux soleil ou fleur, d’êtres dont on ne saura rien malgré la curiosité des spectateurs.
Malgré la préparation avec un adulte, l’enfant reste dans son imaginaire. Il ne faut pas s’attacher à l’appauvrissement du vocabulaire mais retenir le fait que l’enfant s’exprime avec son ressenti et ses références face à cette nature qui n’est pas son univers habituel.

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Témoignage de GRECA, la plasticienne

"L’aller-retour" est là pour rendre l'œuvre visible, pour aller vers un "graphisme spatial" dont l'élément laine devient un trait ce qui explique le titre "gribouillages".
Il fallait qu'il y ait une continuité dans l'installation de l'œuvre d'arbre en arbre. C'est cette même continuité qui va enfermer l'espace et le rendre ludique. L'installation évoque un labyrinthe et les élèves peuvent se saisir de l'espace créé, par des déplacements à l'intérieur. C'est devenu un espace de jeu. La « pièce » réalisée est un " échange " visuel de lignes, lumière, texture, couleur, espace et forme. C’est l’œuvre d’un groupe d’individus et non d’une seule personne. Elle a donc un impact dans la relation entre eux.
Le côté esthétique de la réalisation n'est visible que de loin. C'est une sorte de dessin dans l'espace en 3D. Les enfants deviennent petits dans cet espace qui n'est pas une feuille format A4. Par leurs interventions corporelles, ils se trouvent faire partie de l'œuvre. On peut penser à une peinture de caractère classique.
La démarche ne se perçoit pas toujours au départ du projet, ce n’est qu’à la fin que nous pouvons mettre des mots sur le résultat. La création n'est pas mécanique. Ce n'est pas comme un gâteau. A l'extérieur, tout élément, y compris atmosphérique, peut transformer et/ou enrichir le projet.
J'ai découvert en même temps que les élèves que d'autres contraintes, telles la carte d'identité des êtres fantastiques que vous avez proposée*, apportent une orientation nouvelle au travail.

*Cette intervention n'a pu se faire que grâce à la confiance qui s'est installée entre la plasticienne et les accompagnatrices.


Témoignage de Céline, l'enseignante


J'ai surtout vu l'atelier "laine ", et uniquement la présentation des êtres fantastiques.
Sur le tissage : dans ce travail à la fois individuel et collectif, il fallait prendre en compte le trajet de l'autre mais aussi choisir le sien, associer l'espace et la couleur. La texture des laines a parfois joué sur le choix des enfants et sur le rendu. Magique le lendemain avec les gouttes de pluie. !
Sur la présentation des êtres fantastiques, j’ai observé un investissement de la part des plus réfractaires à "l'art ", le mélange de leur monde d'enfant et de "monstres "avec celui de l'école. C’est à travers la carte d’identité que leurs références apparaissent : les dessins animés, les personnages "avatars", les jeux virtuels d’aujourd’hui.
Ils étaient un peu déçus de devoir enlever les laines, mais finalement, ceux qui ont participé à l’enlèvement y ont aussi pris du plaisir : comme si c'était un rêve, ils se sont laissés envelopper par la laine comme la proie de l'araignée. Il reste une trace : des photos, c’est le principe même du Land Art.

 

Présentation de deux  livres pour une suite éventuelle en classe:

- Album : Takiji l'audacieux - petit conte zen auteur Antoine Guilloppé aux éditions Picquier Jeunesse.

- Recueil : Animalinusités auteur Denise Miège aux éditions Tarabuste.
Extrait lu aux élève:

"Le Mégathérium
Le mégathérium est un grand ours qui n'existe plus
Appelé aussi la grande bête grecque
Il vivait au quaternaire et ne prenait jamais l'ascenseur.
Décoré de l'ordre des Edentés, agrégé de Grec et de philologie romane.
Il habitait volontiers en Amérique du Sud, mais sa famille qui comptait déjà le fourmilier, le paresseux, le tatou, le pangolin et l'ectcetera, ne l'a jamais reconnu.
Très vieux il disait n'importe quoi, mesurait quatre mètres cinquante et disparut très vite de nos mémoires."

Vous découvrirez le poster de cet article dans la revue: "Nouvel Educateur" n° 211 de février 2013.

Article rédigé par Eliane Trocolo, personne "ressource " Créations, en collaboration avec tous les participants  de cette journée.
  

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"Intervenir dans le paysage"
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