Raccourci vers le contenu principal de la page

Naître par l'écriture

Dans :  Français › Principes pédagogiques › communication › Techniques pédagogiques › 
Janvier 1979

 

Échec...        (re)NAÎTRE PAR L'ÉCRITURE
 
Comment une classe se met en mouvement en abordant ses conflits, comment elle produit son histoire collective, comment elle introduit chacun dans sa propre histoire... Ça pourrait faire des titres prétentieux mal ajustés à un groupe d'adolescents comme if en existe partout, dans nos écoles.

 
Avant d'aboutir dans cette quatrième "aménagée" ils ont fait "leurs classes" en sixième et en cinquième. Et puis ils ont été séparés du reste du troupeau. Leur histoire scolaire s'est rompue, leurs parents vivent encore plus mal qu'eux la cassure. Sentiment d'échec, accentuation de blocages souvent latents :"Pourquoi moi ? . X n'était pas meilleur en cinquième... C'est à cause du prof. Y : il ne pouvait pas me sentir. De toute façon j'suis bête.... Je n'ai pas envie de faire des études... J'aime pas l'école...." etc...
 
A chaque rentrée c'est le même tableau désolant: 17 à 20 adolescents nous présentent des masques confiants, pleins d'espoir. Quelques semaines plus tard on entend les réflexions ci-dessus, la "leçon" a porté :"Faites gaffe les mecs ! ". Chacun traîne son sac de déceptions et d'angoisse bien pudiquement, derrière son dos.
Pendant le premier trimestre - et pour deux ou trois élèves, nous n'y parviendrons pas - ma tâche, et celle de quelques collègues qui auront compris la situation va consister à créer des conditions de vie favorables à l'examen de ce sac noué de culpabilité. Ouvrir le sac et jeter le cor don qui l'étrangle.
Pourquoi suis-je ici ? A cause de qui ou de quoi ? Sommes-nous en plein drame ? Des garçons s'accusent souvent : "J'ai fait le con...". Ensemble nous grattons un peu plus loin. Réfléchir sur "l'échec" nous mènera au fil des jours à réfléchir aussi sur ce C.E.S., sur l'École, la sélection et à dégonfler la baudruche du "mauvais élève".
 
Le thème de l'Éducation sera notre serpent marin toute l'année. Les deux tiers des enfants se prendront en charge : affronter les difficultés des divers apprentissages, maîtriser le plus possible son histoire de garçon ou de fille en se situant mieux à l'école, à la maison: ne plus être un radeau à la dérive, se faire une rame.
Tous hélas, ne seront pas convaincus en Juin de leur valeur particulière, unique. Le cordon était trop serré, depuis trop longtemps.
 
Comment raconter neuf mois de vie avec ces dix-sept jeunes ? Comment ne pas me soupçonner moi-même d'optimisme exagéré ? Et pourtant il me semble découvrir tout au long du chemin besogneux, des traces utiles, des routes certaines.
Nous avons marché, fait des détours, un peu comme des promeneurs pris dans le chaos des rochers et qui cherchent la piste balisée, un ordre vital, un aboutissement malgré le désordre, dans le désordre.
Je choisis de donner la parole à ces compagnons, à travers leurs textes choisis comme les plus significatifs. Je tenterai, à la suite de ces textes, de préciser quelles techniques les ont fait aboutir, quels moments ils concrétisaient dans la vie de leurs auteurs, du groupe-classe et souvent de leur rapport avec l'Extérieur .
 
Voici un texte de Brigitte (14 ans) - Novembre ­-

UN DEBAT D'ACTUALITE : l'H.P.D. *(1)
 

Nous avons fait un débat sur l'Hôpital Psychiatrique de St-Egrève. Une infirmière et deux infirmiers (2) sont venus nous en parler. Tout d'abord nous leur avons présenté une pièce sur ce thème.

 
 

Qu'est-ce-qu'un débile ? C'est une personne dont l'intelligence semble au-dessous de son âge. Comment sont-ils devenus débiles ? De naissance ? A cause de l'hérédité, d'un accident ? Dans certains cas les psychiatres ne le savent pas. Les tics des débiles sont leur langage. Certains débiles ne parlent pas, ne se séparent pas d'un objet, ont des obsessions: par exemple ils se lavent les mains, se touchent les cheveux ou le corps. Les infirmiers nous ont conté la vie sexuelle de deux débiles: une femme et un homme ont fait un enfant. Dès la naissance du bébé, le psychiatre, fui a fait des examens. L'enfant était normal, alors ils l'ont confié à l’Assistance Publique. L'alcoolisme, un fléau.... Certaines personnes deviennent folles. La cause ? L'alcool. Les psychiatres n'ont pas encore résolu ce problème qui est social. Que faire des alcooliques ? Les enfermer ? Je pense que ce n'est pas une solution, mais qu'il faudrait les suivre les aider car ils manquent peut-être de quelque chose. Les parents des débiles, la plupart viennent voir leurs enfants; je pense qu'ils ont raison car leurs enfants sont peut-être débiles mais ce sont leurs enfants et ils ont besoin d'affection. Mais par contre les parents qui ne s'occupent pas de leurs enfants sont des égoïstes... Ce ne sont pas de vrais parents. Dans notre société les débiles sont complètement à part et je le regrette.

 
* (I) Hôpital Psychiatrique Départemental.            
 (2) En fait il s'agissait d'éducateurs en milieu psychiatrique.
 
Pourquoi Roger nous livra-t-il au début de l'année un texte très long sur les "Surdoués" recopié dans le "Reader's Digest" mais présenté comme un texte personnel :
-"Tu as écrit ce long texte ? "
- Oui
- Où l'as-tu trouvé ?
- Dans le Reader's Digest..."
Pourquoi les jeux d'expression corporelle, d'improvisations ont-ils abouti en ce début d'année à un sketch sur la consultation d'enfants débiles à l'H.P. ? Quels monstres a-t-on voulu exorciser ?
St-Egrève est le "CHARENTON" de l'Isère. "Tu habites St-Egrève ? ". Sourires.
 
Il m'a semblé que nous ne devions pas en rester à nos fantasmes concernant l'H.P. et qu'il fallait nous confronter
à une réalité par le truchement de personnes capables de nous comprendre et de nous apprécier. Gilbert a invité
pour nous son frère et deux copains formateurs d'éducateurs en milieu psychiatrique.
 
Après le sketch, le débat s'est instauré :
- Comment avez-vous inventé ces types de débiles ... On s'y croirait ?
Les gosses étaient ravis... "On est bon en débiles ! ". Étonnement, admiration des trois jeunes éducateurs : tact, sincérité. Avec quel sérieux ils ont reçu les graves interpellations de ces enfants. Un respect si rare... en milieu scolaire.
Roger a écrit un texte, cette fois bien de lui, à la suite de cette rencontre :
 

 

CEUX QUI NOUS FONT PEUR

 

Ceux qui vivent dans un monde étranger, mystérieux, irréel.

 

Ceux qui ont une partie d'eux-mêmes cachée dans le brouillard.

 

Ces êtres étranges dont la sensibilité est très développée.

 

Un groupe d'individus qui, pour combler le manque de liberté, de contact familial, se plongent dans les stupéfiants, ces drogues qui engourdissent leur corps et leur esprit. Mais ces hommes sont aidés par les infirmiers qui essaient de les soutenir dans leur tâche de guérison.

 
 

Ces débiles qui souvent ne s'expriment pas de notre manière et utilisent un langage poétique, mystérieux, mystique aussi.

 

Ces humains classés, répertoriés selon leur coefficient intellectuel, leur âge, leur comportement...

 

L'homme en a peur et les enferme comme s'ils appartenaient à une autre espèce que la nôtre.

 

Qui un jour pourra percer leur mystère ? A ce moment-là, peut-être qu'ils seront compris, ceux que l'on nomme débiles, fous, névrosés.

 

Ceux que l'on enferme, ceux qui nous font peur.

 
Le vocabulaire s'est élargi et affiné. Nos visiteurs, tout au long du débat, ont dû clarifier leurs paroles quand elles étaient obscures pour les enfants.
 
 

A propos de la correspondance

Voici un texte de Ginette... en décembre :
 

 

"Le jeudi 15 décembre, nos correspondants sont venus. J'ai trouvé qu'ils étaient sympathiques.

 

Mais une fille m'a déplu. Elle était toujours derrière sa prof :"trop faillote à mon goût". Les garçons ne semblaient pas méchants, mais ils étaient souvent seuls dans leur coin pour occuper le temps ( comme moi "souvent").

 

Je me suis beaucoup ennuyée et j'espère que nous nous amuserons mieux quand nous irons chez eux. (C'est peut-être parce que nous ne les connaissons pas encore bien). La prochaine fois ce sera sûrement mieux. Ce n'est peut-être pas l'avis de tout le monde et sûrement pas celui de Nadine et de Laurence qui, elles, se sont bien amusées, mais pas moi.

 
On ne le dirait peut-être pas, mais, devant des personnes que je ne connais pas, je suis très timide. "
 
Voici celui d'Etienne :

 

Deux heures et quart et ils ne sont pas là. Gilbert comme un con me pique mon solex; il est parti pendant dix minutes au moins.

- Mais qu'est-ce qu'il fout ?
 

On commençait à s'inquiéter quand on le vit sortir du virage en criant

 

- Ya plein de filles, y sont là, y z 'arrivent.

 

Il était content car il allait enfin pouvoir manger son gâteau.

Corinne prit une sage décision :
 

- Moi, j'vais les voir.

 

Gilbert l'a suivie pendant un moment puis s'arrêta. Il ne savait que faire.

 

D'un côté je l'appelais, de l'autre il y avait les nanas.

 

Après ces quelques incidents, les correspondants entrèrent en classe. Quand tout le monde fut dans la classe, mes yeux firent le tour de la classe regardant chaque personne. Après avoir fait les présentations nous leur avons présente un sketch. Après ils nous ont fait écouter des enregistrements (la chanson m'a plu)... Nous sommes allés goûter... Ils avaient l'air d'être gênes, mais ils ont quand même mangé!

 Ensuite nous sommes allés danser. La soirée (? ) s'est bien vite passée (pour une fois ! )".
 
Dans la classe, il y avait deux groupes antagonistes: les partisans d'une éducation très libérale, ceux d'une éducation autoritaire. Françoise, affrontée à des problèmes réels avec les adolescents qu'elle épaule, a aidé la classe à sortir de son manichéisme stérile en nous livrant son vécu. "Vous fauchez aux N.G., gare si on vous pince..." et d'énoncer froidement les conséquences légales, pénales... Pas de morale, l'inévitable réalité.
 
 
 

Le fantastique nous tient à la peau

 
Voici un texte de José (dont je reparlerai car il a été un "analysant" important du groupe) Le texte très long a subi des coupures
 

 

LE MONSTRE

 
 

.... Derrière moi une photographie, pas plus grande que 20 cm, représentait un homme, poilu des pieds à la tête, dont les mains et les pieds avaient des ongles gigantesques qui lui venaient jusqu'au menton... (Cette photographie est au mur de la classe. José, puni, reste seul dans la classe).

.... Pris de colère, je balançais mon encrier à encre rouge sur cette photo... La photo du monstre était entièrement enduite de rouge. La photo se mit à bouger et on entendit :
 

- "Sortez-moi de là I

- Qui es-tu ?
 

- Je suis le monstre qui est dans cette photo".

 

Je pris la photo et je ta posai sur la table.

Je vis sortir - de la photo - des doigts, puis ta main droite, la main gauche, les épaules, les pieds, les jambes, les cuisses, le buste, le bassin et enfin ta tête. Puis le monstre s'écria :
 
 

- "Oh I que ça fait du bien I

- Eh, oui I Mais comment se fait-il que tu sois sorti d'une photo ?
 

- Eh bien, comme je disais, pendant les temps préhistoriques je vivais dans des conditions défavorables.

 

Il y a eu le froid, la sécheresse. Et un jour, j'ai trouvé de l'eau, et quand je suis arrivé à proximité je me suis englouti dans les sables mouvants.

 

- Mais, dis-moi, comment as-tu appris à parler ?

- Comme vous. Je vous ai écouté au fond de ta classe, dans ma photo, pendant cinq ans, et, comme vous dites, il y a eu le C.E.1; le C.E.2, deux ans de C.M.1 et un an de C.M.2... Eh ! Voilà quelqu'un ! Cache-moi ! ".
 
 

Trop tard, les enfants étaient déjà entrés...

 
-"Qu'est-ce que c'est ? D'où vient-il ? "
 

Et ce fut ta panique, les élèves allaient dans tous les sens (le directeur intervient etc...)

Alors, voyant ce remue-ménage, je le pris et je partis chez moi: je le nourris, je le loge et je m'en occupe. Au bout d'une quinzaine de jours, il fut aussi grand que moi. Les ongles coupés, ses dents limées, ses poils et ses cheveux rasés, il était beau .. .
 

Un jour... il me dit :"Tu sais, José, je n'arrêterai pas de grandir".

 

Sur ces paroles, je pris le téléphone et je téléphonai aux autorités. Le temps passa et au bout d'un mois il était aussi grand que la Tour Eiffel. Les autorités décidèrent de l'éliminer...

 

Alors, sans lui dire un mot, les gendarmes l'entraînèrent hors de la ville et on le tua.

 

Pendant un certain temps, on ne parla plus jamais de lui, mais certains, comme moi, ne peuvent l'oublier".

 
Ce grand José, 14 ans, le premier de la classe à quitter la préhistoire (C.E.1....C.M.2) pour entrer dans son histoire et qui accepte peu à peu d'être un garçon, de grandir avec des poils.... de sortir des cadres où on l'avait capturé : "Vous verrez, ce petit n'est pas très malin, il ne faut pas trop lui en demander" m'avait généreusement avertie ma collègue. Le monstre est accepté, aimé, nourri... Cependant la peur de grandir, de l'avenir, demeure bien légitimement.
 
L'incitation à l'écriture fantastique - il s'agissait ici de raconter la métamorphose d'un objet ou d'une personne pendant la classe - permet aux enfants d'explorer, dans une quiétude relative, des zones d'angoisse assez proches, d'apprivoiser en eux-mêmes le monstre des pulsions sexuelles et agressives, de l'examiner, et, en quelque sorte, de l'aimer: il n'est pas dangereux, sauf pour les "autorités".
 

. . .

Voici un autre texte de José sur le registre poétique, écrit trois mois plus tard :

 

"Libre, comme vent

 

Libre, le cœur battant

 

 Sur son tapis volant.

 
 

Libre, le marcassin

 

Hurlant dans mes pensées

 

De sa voix étranglée

 

Un petit cri

 

Sans courage

 
 

Libre, le pic-vert

 

Dur comme le fer.

 

Libre, l'aigle blanc

 

Dans mes rêves en noir et blanc

 

Libre, cet oiseau bleu

 

Dans mon cœur tout bleu

 

Libre le gros serpent

 

Qui fit trahir la femme

 

Libre, le vieux hibou

 

Qui dort à ta lumière

 
 

Emprisonnée cette colombe

 

Aux plumes blanches qui me fait rêver

 

enfermée dans cette cage

 

enfermée au fond de ma mémoire

 

enfermée dans cette cage

 

En souvenir de ma souffrance"

 
Voici le texte, à la manière de Prévert, d'un adolescent qu i a été une des forces de cette classe. Son moteur principal. José le bouc émissaire.
 
Il y évoque le plaisir de se sentir plus libre.
Il n'est plus ce garçon pusillanime, ce jeune animal à la voix bloquée. Il a assumé un passé noir et blanc et son cœur s'est peint en bleu. Son sexe est vivant. Malgré ses grosses lunettes (de hibou) José capte la lumière. Cette mère qui l'a abandonné bébé, le laissant désemparé (il en parle longuement dans ses mémoires) est peut-être cette colombe qu'il tient dans la cage de sa mémoire "en souvenir de sa souffrance".
 
José, le rejeté, "Caliméro" comme l'appelaient ses camarades avec cruauté mais aussi perspicacité.
José, le "Caliméro" consentant, mal barbouillé, dégingandé, jouant l'idiot à la perfection. Il a d'abord fallu lutter contre sa résignation et la complicité du groupe, puis maîtriser la panique de la classe quand il est sorti de la photo où on l'avait figé :"Et ce fut la panique, les élèves allaient dans tous les sens". Toute une dynamique vieille de plusieurs années (cinq années) s'est grippée. Plus d'idiot du village ? Il faut un idiot du village. Si ce n'est plus lui, ça pourrait être moi ? Pourquoi faut-il qu'il y ait, dans beaucoup de classes, un élève - souvent complice - qui porte la terreur des autres, leur mal de vivre. Un échec vivant ? La preuve que rien ne peut changer ? Alors pourquoi se creuser le ciboulot ?
 
Ce n'est pas l'autorité du martre qui peut faire qu'une classe accède à une vision plus réelle de son vécu: ça n'aboutirait qu'à faire de Caliméro, un Caliméro faillot... Mais toutes les techniques que l'on utilise dans une classe Freinet, le long cheminement de chacun vers sa propre estime à travers le travail coopératif, l'échange, le souci d'honnêteté, peuvent aider à dépasser la sclérose.
 
Les plus cruels envers José furent aussi ceux qui avaient en sixième ou en cinquième, été investis du rôle de bouc émissaire. Il s'agissait, eux aussi, de les comprendre, de les aider à déjouer le piège.
En juin, Joël soigne son corps, invite les filles à danser; Monique ne se trouve plus un laideron :"Chacun a son charme" affirme-t-elle. Ginette, la très ronde, par l'expression corporelle, a découvert que son corps généreux était recherché comme protection par les autres.
Peut-être qu'il suffit de changer notre regard pour que l'autre en face se construise au lieu de se décomposer.
En attendant :"Vous n'enseignez pas la littérature", me dira en juin une stagiaire. Sans doute voulait-elle signifier que nous ne pratiquions pas le rite de la lecture expliquée. Aider les gosses à grandir, leur apprendre à devenir plus lucides, à se re-connaître par le dialogue, l'écriture, la lecture, la rencontre de l'inconnu (par les textes y compris !) ça me semble, ça nous semble, je crois, l'essentiel. Le reste c'est de la mauvaise littérature.
 
Je disais au début de cet article que des élèves de cette classe (une douzaine) s'étaient introduits dans leur propre histoire. J'avais suggéré pour ceux qui le désiraient d'écrire leurs mémoires. Il y avait plusieurs raisons à cette proposition :
 
- entraîner les enfants à une écriture de plus longue haleine,
- favoriser la reprise d'un dialogue avec les parents. Parler avec ces derniers du bébé et du petit enfant que l'on a été, c'est d'une certaine manière affirmer que l'on agrandi, que l'on se dégage du nid, mais c'est aussi reconnaître à ses parents la part énorme qu'ils ont eue dans notre vie. Une complicité nouvelle est née entre quelques mères (j'en ai eu des échos) et leurs rejetons ! Plusieurs albums de famille ont été pillés aussi et les photos ont trouvé leur place dans les cahiers de mémoires...
 
Les filles surtout ont scruté leur passé, longuement et certaines - des garçons aussi d'ailleurs - veulent continuer la rédaction de leurs mémoires en troisième. "Et puis on pourra les faire lire à nos enfants !".
Peut-être l'an prochain accepteront-ils de livrer, dans une "Gerbe", leurs mémoires; pour l'instant, ils ne me les confient que pour corriger l'orthographe.
La vie des enfants n'est pas si drôle: ces textes vrais, sans artifice, m'ont bouleversée.
 
Chacun a balisé sa trace dans la pierraille de l'école, mais pas seul. Tant mieux si quelques-uns ont atteint une crête après une si dure course. Tant mieux s'ils dansent, une touffe de fleurs inconnues à la main.
 

Août 1978
Marie- Thérèse MACHE