Toutes isolément
S’il y a bien une idée que j’ai envie de dire, à propos des sculptures de Catherine Barles, c’est qu’une cause matérielle est immanente à l‘esthétique de ces œuvres. « La matière, dit le philosophe Gaston Bachelard, reste elle-même en dépit de toute déformation, de tout morcellement », et c’est ce qui m’apparaît lorsque je regard ces installations et statuettes en terre ou en bois de palmier. Les Demoiselles coiffées de Catherine Barles sont une méditation sur l’épaisseur et l’élan de la matière.
Avec la sculpture de Catherine Barles, la pensée savante et verbeuse est ébranlée. Cette sculpture nous jette soudainement mais sans violence contre les récifs de la réalité matérielle. Elle désintéresse les formes, les édifices idéels, les discours tout faits. Elle montre l’insondable de la profondeur matérielle, comme si l’élan qui lui fut impulsé n’était que paradoxal faire-valoir de l’infertilité de la terre. Mille et une coiffes confèrent sourire, rire, joie à ces inoffensives jeunes femmes, qui pourtant mordent dans le vif notre quête apeurée de représentations et d’institutions, piquent au vif notre goût étriqué pour la forme stable et crédible, touchent au vif notre empathie pour la faiblesse, sont une prise sur le vif des dix mille visages de l’être un art résolument du peuple.
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