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Recherche documentaire en cours de philosophie

Dans :  Techniques pédagogiques › 

 

Les professeurs de philosophie sont réputés ne guère fréquenter de CDI ? C’est assez vrai, beaucoup moins par « mépris » que parce que le fonds documentaire est inadapté : trop ancien ou l’enseignant n’y a pas contribué (la contribution au choix des ouvrages achetés étant un enjeu de pouvoir entre enseignants anciens et moins anciens).
 
Des recherches en vue d’exposés peuvent être menées autour de certains mots, par exemple des thèmes scientifiques en TS : les élèves ont tendance à penser que les sciences, c’est « sérieux » et la philosophie « du flan ». Il s’agit donc de les faire travailler sur des découvertes (ex. l’héliocentrisme) pour arriver à une prise de conscience que chacune est le fruit de tâtonnements et de la « procédure de vérifiction » : la vérité est issue de fictions construites.
 
Une série de noms d’auteurs scientifiques (Einstein, Newton, Darwin, Galilée, Copernic, ...) est proposée aux élèves, à se répartir entre les groupes. Des étapes pour construire un exposé leur sont aussi données, ainsi que des mots-clefs (communauté scientifique, outils techniques, controverse, argent, publication, illustration – par ex. des cartes pour Darwin-....) pour que l’exposé montre la trace de l’investigation scientifique.
Le but est que les élèves découvrent comment la science se construit.
 
Le travail dure un mois, avec 4 séances d’une heure en demi-groupe (l’horaire de la série est de 3 heures dont une en demi-groupe) dans la petite salle du CDI (fermée, avec des ordinateurs qui permettent la recherche sur internet).
 
Ce travail laisse une impression mitigée et globalement peu satisfaisante :
- Au niveau de la recherche au CDI, il a été très difficile de faire utiliser la BCDI aux élèves, ils ont éprouvé de grosses difficultés à repérer les références et le format documentaire, et pour l’essentiel les données viennent de Wikipedia.
- la part du maître, qui consiste à les guider pour que chaque groupe traite les items demandés, est d’autant plus lourde qu’il faut répondre à partir de sujets différents.
- le ressenti est que la plupart des élèves ont vécu ces heures comme des « vacances », à peine un quart a réellement travaillé.
- la restitution orale s’est souvent limitée à des exposés lus, même si certains ont utilisé le rétro-projecteur, et il y a eu peu de réactions dans la classe.
- il a fallu des prolongements factuels pour que les élèves comprennent que, dans toute découverte, il y a une part de « bricolage », de hasard.
 
La discussion qui a suivi a abordé  plusieurs thèmes :
- le compte-rendu de recherche est une activité en soi qui demande une préparation spécifique, et la grille d’évaluation peut être élaborée par la classe.
- le peu d’implication de certains dans les recherches comme le manque de réactions lors des exposés posent la question du désir. Il est indispensable d’avoir investi son travail pour avoir envie de le transmettre.
- Le temps que les activités de recherche documentaire implique (préparation pour l’enseignant, heures de classe) est-il en rapport avec les acquisitions réalisées ? L’efficacité dépend sans doute du fait qu’elles s’inscrivent dans la continuité du cours en s’y intégrant. De plus ce qui s’acquiert à ces occasions n’est pas forcément visible par les adultes.
 récit de Patrick Samzun