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De part en part, une œuvre

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Juin 1999

 

 

 

Avec l’artiste, il s’agissait d’effectuer de petits cadres de bois permettant la réalisation de carreaux d’argile de deux centimètres d’épaisseur qui serviraient ensuite de support au travail plastique. Par un travail de rajout de terre, de creusage, d’évidage, de lissage, de mise en relief, d’empreintes, chacun animait la surface suivant sa propre sensibilité, en utilisant tout ce qu’il avait intégré du travail préalable et de ses propres savoir-faire. Les enfants travaillaient seuls, ou à deux ou trois, suivant leur désir. L’adulte intervenait en principe peu ou pas. Et seulement pour aider l’enfant ou le groupe à résoudre techniquement un problème, ou à dépasser un blocage, ou à se tirer d’une impasse. L’artiste a souvent du mal à se garder d’amener vers telle ou telles piste, et les enfants vivent plus ou moins bien l’intervention de l’adulte si elle est à caractère obligatoire. En tout état de cause, c’est l’enfant, et lui seul, qui veut décider de l’orientation qu’il veut donner à son travail.


 

 

 

« J’aime bien quand on fait des empreintes, on peut dessiner ce qu’on veut sur la terre. Si ça ne nous plait pas, on peut aplatir la terre et recommencer, mais pas tant qu’on veut, car après l’argile sèche, la terre durcit. Donc il faut faire vite, c’est ça qui me plait. Le moment que j’ai préféré, c’est quand on a enroulé la terre autour du cylindre, car j’aime bien la drôle de sensations que ça fait. » Julien

Les enfants qui faisaient partie de mon groupe commençaient par la réalisation d’un cylindre de terre en se servant d’un support cartonné de 20 cm de diamètre et de 15 cm de hauteur. Tout comme les carreaux, les cylindres d’argile ont servi de support et leurs surfaces ont été animées suivant les mêmes procédés que les carreaux. La difficulté pour les enfants résidait dans le fait que les cylindres devaient garder le même diamètre pour pouvoir être ensuite superposés et faire un tout. (D’où le nom donné au projet : « tout en parts ».)

Comment travailler ces surfaces sans les déformer ? Les enfants ont ici mesuré la malléabilité de la terre et toutes caractéristiques de l’argile. Devant les difficultés, ils ont eu besoin de s’entraider pour soutenir, décoller, assembler, colle, etc.

 

Toutes ces créations individuelles ont ensuite été organisées ensemble par les enfants (les carreaux pour en faire des tableaux, les cylindres des sortes de totems), selon les ressemblances, les affinités, les différences, les couleurs, les évocations symboliques.

Cette mise en commun a donné un tout autre sens au travail.

Chacun a pu apporter son élément orignal à l’élaboration d’une œuvre de grande dimensions où toutes les parties viennent s’emboîter les unes dans les autres pour créer un tout unique.

Nous avons pu nous rendre compte à quel point les enfants tiennent à leur idée. Ils ont parfois du mal à la mener au bout, mais la plupart du temps ils n’acceptent pas qu’on la modifie, qu’on a déforme ou qu’on la transforme un tant soit peu. Il est intéressant de voir aussi comment ils s’imitent, discutent autour de telle ou telle possibilité, se donnent des idées. Un véritable échange s’opère.

C’est à partir de toutes ces choses, apparemment semblables, qu’émergent peu à peu les différences, les originalités, les sensibilités de chacun.

Cette expérience collective a permis de nourrir l’imaginaire de l’enfant, de le conduire vers de nouvelles réalisations plastiques, personnelles et originales, dont il a été l’inventeur, le réalisateur.

 


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