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Pour l'organisation de notre congrès de Brest : un colloque

Février 1965

Il est toujours difficile d'organiser les séances plénières de nos Congrès : nous ne voudrions pas adopter le style conférence, qui s'accorde mal avec l'esprit de dynamique libre expression de notre mouvement, Nous voudrions bien qu'interviennent dans ces séances le maximum de camarades, mais la tribune d'un Congrès de 1 ooo personnes impressionne trop les camarades non habitués qui, s'ils osent affronter le public, y sont souvent hésitants et maladroits. On voudrait, surtout pour le thème de cette année, un maximum d'expériences vécues, mais nous ne disposons guère que de trois fois deux heures. Et il faut de plus que nous puissions tirer de ces trois soirées des conclusions susceptibles de servir de synthèses à diffuser et à répercuter dans nos revues et nos groupes.

Ne nous étonnons pas si nous n’y réussissons parfois que très imparfaitement.

Il serait souhaitable aussi, pour le succès de nos assises que puissent y participer diverses personnalités qui nous permettraient d'élever le débat et de déborder le cadre habituel de notre premier degré. La présence l'an dernier du Professeur Dottrens et du Professeur Meylan avait été dans ce sens fort appréciée.

Pour faciliter cette confrontation d'idées, nous organisons, pour la première séance plénière, un colloque que nous axons sur le programme ci-dessous. Les orateurs pourront s'en inspirer pour leur intervention sans être astreint pour cela à un cadre rigide qu’ils peuvent toujours déborder pourvu que leurs propos répondent à nos préoccupations essentielles.

Nous pourrons, si la première séance ne suffit pas, prolonger sur la deuxième soirée.

Programme possible du colloque

1°. Nous aimerions qu'il soit fait un rappel qui pourrait être émouvant, de ce que fut l'Ecole du début du siècle, au temps des grands laïques dont la foi s'était répercutée jusque dans les plus petits villages.

Nous rendrions hommage à la cohorte admirable de nos maîtres qui surent alors, non seulement par la parole, mais par l'action, défendre l'Ecole contre l’emprise cléricale, pour qu'elle puisse former les enfants de la libre-pensée et de la république (faire revivre les luttes ignorées des jeunes, du temps des inventaires).

2°. Sous l’action d'événements dont on pourra rappeler l'implacable évolution, l’Ecole cesse d'être de plus en plus le foyer culturel, laïc ou républicain pour devenir simplement un centre neutre de passive instruction.

De ce fait, elle ne prépare plus les enfants à leur rôle social, culturel, politique ou syndical.

3°, Certaines pratiques scolaires, valables ou du moins acceptables dans le contexte de la société 1900, sont un flagrant anachronisme dans la société de fin du siècle.

De ce fait, l’Ecole cesse d'être un élément de progrès, comme elle l'était au début du siècle, pour devenir un élément réactionnaire, contrariant ce progrès.

Je crois que ce décalage et cet anachronisme devraient faire le centre de notre démonstration. Nombreux sont encore les parents et les maîtres qui gardent bonne conscience parce qu’ils font en 1965 ce que faisaient leurs grands-parents avec, en moins, cette foi dans l’idéal laïque.

4°. L’unanimité patriotique de 1914 fut le résultat de cette action de l’Ecole. A distance, elle nous paraît certes, condamnable. Mais elle n’en fut pas moins, à l’époque, un moment de cet idéal de liberté dont l’Ecole avait su vulgariser l'éminence.

5°. Ce que sont ces pratiques? Nous pourrions en apporter des spécimens convaincants. Nous le ferons prudemment pour que les maîtres qui sont encore asservis à cette pédagogie retardataire, ne considèrent pas nos mises au point comme des attaques contre leurs pratiques ou même contre leur personnalité.

5 (bis) Quelles sont, dans cette évolution qui se fait malgré nous, l'importance de la biologie, de la physiologie et des changements brusques ou progressifs du milieu?

5 (ter) Répercussion de ces erreurs scolaires sur l’adolescence et conséquences pédagogiques à envisager à partir du CEG.

6°. Notre souci sera moins d'apporter des conclusions que d'ouvrir le débat, de sensibiliser le public aux discussions qui suivront sur le thème : De la Coopérative scolaire à l'autogestion et sur la pratique de l’Ecole Moderne dans la réforme actuelle, qui conclura les débats.

Nous serions heureux que les personnalités qui voudront bien participer à ce colloque puissent nous faire connaître les points sur lesquels ils désiraient prendre librement la parole.

Nos invités pourront développer comme ils l'entendront, le thème qu’ils auront choisi dans le cadre de l'idée générale du colloque. Nous poursuivrons s’il le faut le colloque, le lendemain. 

De toute façon la 3e séance plénière sera consacrée à la position de notre pédagogie dans le cadre de la réforme scolaire.

Nous aurons là à nous situer :

— vis-à-vis du gouvernement et des Instructions ministérielles ;

— vis-à-vis des organisations syndicales, et notamment du SNI qui, par sa pédagogie réactionnaire, encourage toutes les résistances au progrès ;

— vis-à-vis des éducateurs de tous degrés qui devront obligatoirement, un jour prochain, s'engager dans les voies nouvelles ;

— vis-à-vis des jeunes surtout, pour lesquels le Congrès doit préparer les voies qui leur permettront de venir à nous avec un maximum de succès. Nous demandons à nos camarades, à nos groupes, d’y réfléchir et de nous faire parvenir leurs suggestions.

C. F.